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Semences

Les producteurs de semences fourragères, victimes collatérales du plan de restructuration de Top semence

Le plan de restructuration annoncé par Top semence concerne directement les producteurs de semences fourragères isérois. Inquiets, ils attendent d’en savoir plus le 19 février prochain.

Par Isabelle Brenguier
Les producteurs de semences fourragères rassemblés au sein du Syndicat des agriculteurs multiplicateurs de semences de l'Isère sont très inquiets des suites qui seront données à leurs productions depuis l'annonce du plan de restructuration de Top semence.
Crédit photo : PR
Dactyles en pleine épiaison.

Depuis ce début d’année, la filière des semences iséroises est dans la tourmente. L’alerte a été donnée à la mi-janvier à l’occasion de la traditionnelle rencontre qui rassemble les producteurs et Top semence dans l’objectif de discuter le prix final de leur production.

« Cette année, il n’y a pas eu de discussion. Nous avons très vite compris que l’entreprise ne monterait pas plus haut que ce qui avait été signé en début d'année 2024 sur les contrats de production. Dans la foulée, ses représentants nous ont annoncé qu’ils voulaient arrêter les semences fourragères en 2026, et peut-être même en 2025... Alors qu’elles ont déjà été semées, désherbées, que les process culturaux ont déjà été réalisés. Cela a été la douche froide pour nous. Jamais, il n’avait été question que Top semence cesse cette activité », relate Philippe Rivat, producteur à Colombe. 

Les choses sont ensuite allées de mal en pis. A l’assemblée générale du Sams (Syndicat des agriculteurs multiplicateurs de semences) de l'Isère tenue le 28 janvier à Colombe, Top semences n’était pas présent pour donner les chiffres de la campagne précédente, comme cela se fait chaque année. Le technicien qui suit les producteurs isérois a démissionné, et l’Union de coopératives Top semence a annoncé par communiqué le 3 février, le plan de restructuration qu’elle mettait en place.

Les producteurs de semences sont très inquiets

La campagne 2024 s’était pourtant bien passée. « Les conditions de récolte ont été satisfaisantes. Les rendements étaient corrects. Les prix stables », détaille Philippe Rivat, suite à l’assemblée générale du Sams qu’il présidait jusqu’à cette date, moment où il a passé la main à Jérôme Perrin, producteur installé à Saint-Nicolas-de-Macherin, engagé dans le syndicat depuis de nombreuses années.

Mais ce bilan s’est trouvé vite éclipsé par l’actualité et le plan d’adaptation de Top semence. Car les producteurs de semences iséroises vont en subir de plein fouet les conséquences. « Nous sommes les victimes collatérales de cette restructuration. Par rapport à l’ensemble de leur activité, nos surfaces sont dérisoires. Mais aujourd’hui, nous n’avons aucune idée de la suite qui va nous être annoncée. Une réunion avec Top Semence est prévue le 19 février. Nous en attendons beaucoup », explique Jérôme Perrin. Pour l’instant, nos contrats n’ont pas été dénoncés. Mais nous sommes très inquiets. S’ils arrêtent, il sera bien difficile de trouver de nouveaux contrats. Quant à la future récolte de 2025, nous avons déjà engagé des frais depuis que nous avons implanté les semences en avril 2024 ». 

23 producteurs et 203 hectares

Actuellement, les 23 producteurs de semences fourragères rassemblés au sein du Sams cultivent 203 hectares. Une douzaine de producteurs travaillant 145 hectares, sont en contrat avec Top Semence. D’autres sont engagés auprès de la société Barenbrug.

Présente à l’assemblée générale du Sams, elle a annoncé un plan de production d’une centaine d’hectares pour les agriculteurs isérois. Cela leur permet d’être plus sereins. Mais tous les producteurs ne peuvent pas leur livrer leurs semences. Si chez Top semence, les agriculteurs pouvaient directement livrer leur production à l’usine de Beaurepaire, ceux qui sont chez Barenbrug doivent sécher leurs grains chez eux avant.  

Isabelle Brenguier

Un nouveau président au Sams

La dernière assemblée générale du Syndicat des agriculteurs multiplicateurs de semences (Sams) de l'Isère organisé le 28 janvier à Colombe, fut l’occasion pour le président Philippe Rivat de passer la main à Jérôme Perrin. Prévu de longue date, ce passage de témoin s’est déroulé naturellement.

Installé à Saint-Nicolas-de-Macherin au sein du Gaec La ferme des prairies, Jérôme Perrin élève avec ses deux autres associés, un troupeau de vaches charolaises et exploite 280 hectares (100 de prairies, 155 de céréales et 25 de semences fourragères). Le quadragénaire connaît bien le monde des semences, puisque petit déjà, il conduisait la moissonneuse-batteuse avec son grand-père. Membre du syndicat depuis de longues années, il en est le vice-président depuis cinq ans.

Si Philippe Rivat apprécie de lui laisser la place, il assure vouloir rester engagé et compte bien l’accompagner dans la transition.

IB