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AVICULTURE

Les volailles françaises retrouvent des couleurs

L’interprofession des volailles de chair (Anvol) a présenté, le 18 février, le bilan du secteur pour l’année 2024. D’une manière globale, la production et la consommation repartent à la hausse mais l’offre française de poulets ne parvient pas à couvrir la demande. Ce qui va nécessiter de bâtir de nouveaux élevages.

Les volailles françaises retrouvent des couleurs
Pour enrayer les importations et répondre à une partie de la demande française, l’Anvol propose de construire 400 élevages d’ici cinq ans, soit un bâtiment par an dans 80 départements.

Les responsables de l’Anvol ont retrouvé un meilleur moral que les dernières années qui avaient été plombées par la grippe aviaire. La vaccination a permis de rassurer les éleveurs et d’approvisionner l’aval de la filière. Tant et si bien que la volaille est devenue, en 2024, la « première viande consommée par habitant, avec 31,6 kg en moyenne sur l’année, devant la viande porcine et la viande bovine », a indiqué Jean-Michel Schaeffer, président de l’interprofession. La consommation française reste cependant loin de celle des Portugais (38 kg/habitant/an) et des Américains (40 kg/hab./an). En France, c’est le poulet qui tire les ventes et la consommation : 24,5 kg/hab./an. Il reste la première volaille du marché (78,7 % en 2024) devant la dinde (11,6 % des volailles consommées) et le canard (8,2 %). Les volailles sont également consommées davantage à domicile (63 %) qu’en restauration hors foyer (37 %). Mais la part de cette dernière tend à augmenter (+ 2 pts par rapport à 2023). D’une manière générale, la demande nationale a enregistré une croissance de 9,8 % sur un an (+15 % ans cinq ans) après une hausse de 3,6 % en 2023 en comparaison de 2022. La production a pu répondre en grande partie à la demande. « Elle retrouve son niveau d’avant crise », a confirmé Bernard Tauzia, secrétaire général d’Anvol. Le volume de dindes produites en 2024 par rapport à 2023 a gagné 6,7 %, celui des pintades 8,1 %, et celui des poulets 10,3 %. La production de canards a explosé de 36,8 %. Au global, la production de volailles a cru l’année dernière de 12,3 vs 2023 et de 1,1 % par rapport à 2019. Reste que le poulet a moins souffert des effets Covid 19 et grippe aviaire que les autres espèces. Par rapport à l’année 2019, il est le seul à voir ses volumes augmenter (+ 10,6 %) quand toutes les autres espèces affichent de nets reculs : - 24,3 % pour la pintade, - 19,4 % pour la dinde ; - 13,9 % pour le canard.

Soutien des pouvoirs publics

Si la filière entend préserver le modèle unique de diversité des élevages présents en France, ses responsables appellent aussi bien le gouvernement que les consommateurs-citoyens « à plus de responsabilité ». En cinq ans, « les volumes de poulet importé ont augmenté de 220 000 tonnes », a soutenu Gilles Huttepain, vice-président de l’Anvol, en particulier sur les filets. Il a également repéré l’apparition d’un phénomène nouveau : l’importation de volailles préparées, « en forte augmentation : + 16,3 % en 2024 par rapport à 2023 et + 54,5 % par rapport à 2021 », a-t-il détaillé. Au total, la France continue d’importer : + 3,3 % pour l’ensemble des espèces et + 4,4 % pour les poulets en 2024. À la faveur d’une reprise des exportations (+,8,5 % en 2024), la balance commerciale se stabilise en volume (- 445 500 tonnes en 2024 / - 452 000 t en 2023), mais elle se dégrade en valeur, passant de 1,249 milliard d’euros (Md€) en 2023 à 1,251 en 2024. Pour enrayer des importations toujours plus nombreuses et pour répondre à une partie de la demande française, les responsables de l’Anvol ne voient pas d’autre solution plus efficace que celle de construire 400 élevages d’ici cinq ans, « soit un bâtiment par an dans 80 départements », a dit Jean-Michel Schaeffer. L’objectif de ces nouveaux ateliers vise aussi à mettre un « terme à la concurrence déloyale que les importateurs exercent en raison de leurs moindres contraintes réglementaires, a-t-il ajouté. Mais pour ce faire, il nous faut le soutien des pouvoirs publics et des consommateurs ». Les premiers pour lever les multiples contraintes réglementaires et administratives. Les seconds pour soutenir la consommation de volailles. Il faudra cependant faire sauter quelques verrous juridiques et psychologiques. En effet, si 79 % des Français se prononcent pour la construction de poulaillers, 53 % les refusent près de chez eux.

Christophe Soulard