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Ravageurs

Limiter la nuisibilité des insectes d’automne sur colza

En colza, les ravageurs d’automne - altises adultes, larves d’altise et larves de charançon du bourgeon terminal - requièrent une attention particulière. Pour limiter leur impact, il faut élaborer une stratégie dès à présent.
Limiter la nuisibilité des insectes d’automne sur colza

Dans un contexte de diminution du nombre de matières actives chimiques disponibles, et du développement de résistances des altises et charançon du bourgeon terminal aux pyréthrinoïdes, s’appuyer sur l’agronomie est indispensable.

Parmi les ravageurs d’automne du colza, les altises adultes, les larves d’altise et les larves de charançon du bourgeon terminal requièrent une attention particulière. Face à ces trois ravageurs, le colza dispose de sérieux atouts pour se protéger, à condition d’activer les bons leviers au bon moment.

En effet, le moyen le plus efficace pour faire face à ces insectes est de réussir l’implantation et de favoriser une croissance régulière du colza à l’automne et à la reprise, au printemps.

Quant au recours aux dernières solutions chimiques efficaces, il devra se limiter aux situations de nécessité absolue, afin de conserver leur efficacité le plus longtemps possible.


Objectif n°1 : une levée avant le 1er septembre pour esquiver les attaques des adultes de grosses altises
Les adultes d’altises d’hiver (grosse altise) sont nuisibles lorsqu’ils s’attaquent à des colzas peu développés, c’est-à-dire avant le stade 4 feuilles. Jusque-là, le colza construit son système racinaire au détriment de son appareil foliaire, et se développe peu.

À partir de 4 feuilles, la plante entre en phase de croissance active et peut ainsi supporter les prélèvements foliaires des altises. Le traitement visant les adultes devient alors inutile. Pour atteindre cet objectif, tous les leviers doivent être utilisés.


Semer à la bonne date : le levier le plus efficace contre ce ravageur consiste à semer suffisamment tôt, pour bénéficier d’une pluie suffisante et viser une levée au plus tard le 1er septembre. Ainsi les jeunes colzas atteindront le stade 3-4 feuilles avant le 20 septembre, au moment de l’arrivée des insectes.

Ce levier est bien sûr conditionné par une préparation adaptée au type de sol pour produire un lit de semence fin qui assure un bon contact sol-graine et facilite la levée, un sol bien fissuré qui facilite l’enracinement du pivot en profondeur.


Réaliser un roulage après le semis :
le roulage après semis provoque un effet de perturbation de l’habitat de la grosse altise et de ce fait en limite les attaques. Cette technique offre des résultats positifs excepté en sols trop motteux, après un labour par exemple. Le roulage après semis est également déconseillé dans les limons battants.

Apporter du phosphore dès le semis pour un colza vigoureux et bien enraciné : le colza est exigeant en phosphore dès le stade plantule, et les besoins sont encore élevés par la suite. Il est donc conseillé de l’apporter à la fin de l’été, avant ou au semis.

Dans le Sud, la teneur en phosphore des sols est souvent inférieure au seuil critique de 40 ppm (méthode Olsen), et les apports sont en recul depuis plusieurs années comme dans toutes les régions de France.

Dans les sols pauvres en phosphore, en moyenne, le rendement augmente de 30 % suite à un apport de 120 kg de P2O5/ha au semis par rapport au témoin carencé (source : essais Cétiom 2009 et 2010). La dose conseillée la plus fréquente est de 50 à 70 unités de P2O5. Dans des sols pauvres en phosphore (analyse de sol), renforcer la dose de phosphore à une centaine d’unités.


Objectif n°2 : une croissance dynamique à l’automne et au printemps pour mieux tolérer les dégâts de larves
Quand elles atteignent le coeur des colzas, les larves de charançons du bourgeon terminal et d’altises d’hiver perturbent le développement des plantes et leur potentiel de rendement. Pour éviter cette situation, le colza doit se développer régulièrement à l’automne.

La reprise au printemps doit, elle, être précoce et la plus rapide possible. Le développement du colza peut ainsi être assimilé à une course de vitesse entre la croissance de la plante et la migration des larves vers le coeur. La matière verte (biomasse) en entrée hiver est un indicateur pour évaluer si la croissance du colza est satisfaisante.

La nuisibilité décroît lorsque la biomasse fraîche augmente. Viser une biomasse de 1,5 kg m² en entrée hiver. Au-delà la nuisibilité des attaques est généralement réduite mais cet indicateur n’est pas suffisant : si le colza arrête de croître trop tôt à l’automne ou reprend sa croissance tardivement et lentement au printemps en raison de gels tardifs, les larves risquent d’atteindre le coeur des plantes.

 

Toutes les stratégies limitant les faims en azote sont intéressantes : apport d’azote au semis dans le respect de la réglementation, associations avec des légumineuses (couvert associé au colza à base de féverole), choix du précédent.

Au contraire, des accidents lors de l’implantation ou en cours de végétation, comme une phytotoxicité herbicide, un mauvais enracinement avec un pivot inférieur à 15 cm en entrée d’hiver ou une surdensité, peuvent être critiques pour la culture.


Fertiliser au semis pour éviter les faims d’azote : indispensable dans les situations à faible disponibilité en azote. Afin de permettre une croissance régulière de la plante jusqu’en entrée hiver, il est préférable d’apporter de l’azote en même temps que le phosphore, au semis. Il peut s’envisager sous forme organique avec du fumier, des fientes ou encore du compost, ou sous forme minérale, avec par exemple 100 à 200 kg de 18-46.

Attention toutefois à respecter la réglementation en vigueur sur votre secteur. Dans les sols où l’azote peut être limitant au cours de l’automne, il est conseillé d’implanter un couvert associé au colza à base de féverole et/ou de faire un apport d’azote au moment du semis (minéral ou organique) en bonne cohérence avec les contraintes réglementaires locales (directive nitrates en particulier).

À la sortie de l’hiver, la gestion de l’azote doit être raisonnée selon les règles classiques de fertilisation (utiliser la réglette azote de Terres Inovia).


L’association du colza avec des légumineuses : des bénéfices confirmés sur la nuisibilité des insectes d’automne

Les expérimentations de Terres Inovia menés dans le Sud-Ouest de la France en 2016 et 2017 montrent que l’association d’une légumineuse gélive au colza réduit de façon significative les dégâts de larves de grosse altise (GA) et de charançon du bourgeon terminal (Voir graphique).

 

Parce qu’elle constitue un levier alternatif efficace à la lutte chimique contre les insectes d’automne, et parce qu’elle apporte d’autres services écosystémiques, telle que l’amélioration de la fertilité dusol, la pratique du colza associé représente une perspective séduisante pour les producteurs de colza.

A.Micheneau et C.Robert
Terres Inovia

 

 

Colza associé : les précautions à prendre

L’adaptation aux conditions pédoclimatiques locales d’un colza associé à une plante compagne doit faire l’objet d’une grande attention sur plusieurs points :
- Priorité à l’implantation du colza : associer une légumineuse ne rattrape pas une implantation ratée,
- Adapter l’itinéraire technique : anticiper un désherbage « sur mesure », le coût de mise en oeuvre, et le mode de semis des plantes compagnes,
- Identifier les situations dans lesquelles l’association est risquée ou inutile, telles que les pressions élevées de dicotylédones ou les fortes disponibilités automnales en azote,
- Accepter une certaine variabilité des résultats.
Crédit : Terres Innovia
Pour en savoir plus, se référer au Point technique « Colza associé à un couvert de légumineuses gélives » Édition Terres Inovia 2016 (à télécharger ou commander sur www.terresinovia.fr – Publications).