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Producteurs ovins

Moutons en danger

Les éleveurs ovins de l'Isère cherchent un peu de soutien pour relancer la consommation de viande ovine et pour faire cesser le carnage en alpages.
Moutons en danger

Sous leur nouveau chapiteau, les éleveurs ovins de l'Isère apprécient l'espace, l'air et la lumière.

Un luxe pour une 800e foire de Beaucroissant placée sous le signe du soleil et de la fréquentation. Ce nouvel environnement a permis à la vingtaine de professionnels de donner une autre dimension à leurs activités.

 

Toucher, goûter, rencontrer : l'élevage ovin n'a plu eu de secrets pour les visiteurs de la foire.


Deux messages force ont été véhiculés par les éleveurs, d'abord en direction des politiques, ensuite, du grand public : « Mangez de l'agneau français » et « Laissez-nous de vivre de notre métier », sans les contraintes, ni le stress liés à la présence du loup.
Par lassitude et pas seulement pour des raisons de départ à la retraite, de gros troupeaux ovins cessent leur activité.

Le loup en haut et en bas

Le stress des troupeaux et de l'éleveur, Florent Roux-Buisson peut en parler. Cet éleveur ovin de Saint-Sébastien possède un troupeau de 250 brebis dont 150 sont en alpage.

« La présence du loup, elle est en bas sur mon exploitation et en haut, déclare-t-il. Je le vois régulièrement. »

Il liste toutes les difficultés liées à la présence du loup. Ce sont d'abord les pertes de production dues à la mortalité embryonnaire, mais aussi les charges de travail supplémentaires en lien avec l'inflation des moyens de protection.

 

Les éleveurs ovins de de l'Isère se sont installés dans un nouveau chapiteau, plus vaste et plus clair, pour la 800e édition de la Foire de Beaucroissant.

 

« Les bergers ne veulent plus rester en alpage car il y a trop de travail », assure l'éleveur. Il y a beaucoup de zones abandonnées. »

La réorganisation de l'alpage engendre aussi beaucoup de frais : davantage de chiens, c'est plus d'eau et de nourriture qu'il faut héliporter.

Les regroupements nocturnes ne favorisent pas non plus l'engraissement des bêtes déjà exposées à des pâtures de piètre qualité en raison de la sècheresse.

« Si d'ici 10 ou 15 ans, il n'y a plus de pâturages, alors dans certains secteurs le risque d'avalanche sera beaucoup plus grand, annonce l'éleveur. Le pastoralisme a un rôle déterminant dans le paysage. Un éleveur qui arrête, c'est une pâture qui s'embroussaille. »

Patous sous pression

Il confie aussi ses craintes. « Tous les matins, le berger se lève en se demandant si le loup n'a pas tapé ». Et tous les matins l'éleveur se demande s'il n'aura pas ce coup de fil redouté.

« La présence des patous n'empêche pas les attaques, notamment face à une meute. Et puis, un patou tous les jours sous pression devient imprécis. Enfin, les attaques se multiplient aux abords des villages car le loup va au plus facile. »

Les alpages ont perdu beaucoup de leur caractère bucolique.

Isabelle Doucet
Circuit court/ Pas à pas, l'association Viandes agropastorales est partie à la conquête du marché local.

La force du local

« C'est une association entièrement gérée par les éleveurs », insiste Roland Bouvier, président de l'association Viandes agropastorales.
Elle compte une dizaine d'éleveurs ovins qui proposent deux types de produits : l'Agneau de nos fermes et l'Agneau d'alpage.
Le premier est allaité au lait maternel et nourri principalement d'herbe et de produits de la ferme. Il est élevé dans des conditions de respect de l'environnement.
L'agneau d'alpage a passé quant à lui au minimum 50 jours en alpage.
Tous sont abattus à l'abattoir de Grenoble. Les premiers ont été dégustés sur la foire de Beaucroissant.
« Notre objectif est que l'agriculteur puisse vivre avec des prix rémunérateurs et que ses produits soient payés à leur juste valeur », insiste Florent Roux-Buisson, qui s'occupe plus particulièrement de la partie commerciale.
Les éleveurs de l'association ciblent la boucherie. Ils rencontrent eux-mêmes les bouchers pour leur expliquer leur démarche.
« La force de notre association est d'être locale. Nous allons encore trouver des débouchés. Nous avons pour cela réalisé un fascicule de présentation. Nous avons aussi quelques projets avec des comités d'entreprise et des discussions avec les GMS », poursuit l'éleveur ovin.
Soudés, partageant les mêmes valeurs et les mêmes pratiques extensives, tous bénévoles, les membres de l'association travaillent sur le long terme et profitent de chaque opportunité.
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