Lorsque Isabelle Massard a repris Moyne-Picard il y a un an, « c'était une entreprise en très bon état avec une équipe stable et investie. Ce qui fait la différence », estime la nouvelle Pdg. Créée en 1978 par Bernard Moyne-Picard, l'entreprise de Sainte-Blandine est rapidement passée de la production de treuils à la revente de matériel forestier. Le premier contrat exclusif avec le Slovène Tajfun date d'ailleurs des années 80. Aujourd'hui, Moyne-Picard compte une douzaine de fournisseurs dont trois nouveaux en 2014, presque tous en contrat d'exclusivité, et propose 8 000 références. L'entreprise est spécialisée dans le matériel forestier et pour le travail du bois. Elle compte quatre grandes gammes de produits : pour le transport, le sciage, le débardage et les fendeuses, auxquelles s'ajoutent de nombreux accessoires.

Du stock

« Le stockage et la SAV, c'est la valeur ajoutée de Moyne-Picard », insiste la nouvelle dirigeante. Revendeurs indépendants ou groupements sont livrés sitôt leur commande passée. « Tout le matériel arrive ici, où il est stocké, vérifié, voire monté », poursuit-elle. L'ensemble du personnel est orienté à la vente et au service client. « Nous avons deux techniciens au SAV qui résolvent 90% des problèmes au téléphone, dont 80% sont dus à un défaut d'utilisation de la machine ».

L'entreprise de 14 salariés a vu son chiffre d'affaires croître de 10% en 2014 pour s'établir à 6 millions d'euros, cela en dépit d'un creux d'activité au troisième trimestre. « Début 2015, nous observons une nette reprise », indique Isabelle Massard. L'œil rivé sur le tableau de bord hebdomadaire, région par région, la dirigeante scrute les évolutions du marché.

Les siceries mobiles SMG Champion sont très demandées par les forestiers.

Doubler le chiffre d'affaires

Il faut dire que l'entreprise a pris depuis plus d'un an un virage significatif, abandonnant la vente directe pour se centrer sur le développement d'un réseau de revendeurs. La force commerciale est passée de deux à quatre personnes qui maillent l'Hexagone. « Moyne Picard est une petite entreprise qui bénéficie d'une renommée dans le domaine du bois. Elle possède un terreau pour pouvoir doubler son chiffre d'affaires d'ici 5 ans », estime Isabelle Massard. En fort développement, le réseau de Moyne-Picard se compose d'une part de revendeurs indépendants possédant un ou plusieurs magasins ou de concessions agricoles avec un pôle forestiers et d'autre part, de groupements. C'est ainsi que sont appelés les tractoristes de type Claas, qui possèdent un département forestier. Pour Moyne-Picard, qui bénéficie d'un seul coup d'une ouverture sur 250 concessions, la force commerciale est ainsi décuplée. L'entreprise travaille de la même façon avec SDF et Scar. « Mais nous ne laissons pas les revendeurs de côté », poursuit la dirigeante. Elle reste prudente, consciente que le changement ne peut que s'opérer dans le temps. Elle évoque volontiers l'anecdote du « Cric crac boum Moyne-Picard » de la foire de Beaucroissant. La Pdg avait proposé un nouveau message publicitaire. Dès sa première diffusion, ce fut un tôlé et un plébiscite général pour le retour du « Cric crac boum », qui n'est pas près de disparaître. Plus sérieusement, l'entreprise s'ouvre à l'export, « très doucement », vers des pays francophones, là où les grands groupes avec lesquels Moyne-Picard travaille ne sont pas implantés, c'est-à-dire la Suisse, le Benelux ou certains pays africains.

Aux manœuvres seule depuis un an, Isabelle Massard tire un bilan enthousiaste de cet exercice. « J'ai fait ce que j'avais envie de faire en donnant un petit coup de neuf à Moyne-Picard. Il faut s'adapter à l'évolution forestière et agricole. C'est un milieu qui bouge ».

Position stratégique

A la veille du Sima, dont Moyne-Picard ne loupe pas une seule édition bisanuelle, la dirigeante rappelle combien la présence sur les foires et salons est importante dans le milieu. « C'est un investissement certes, mais nous rencontrons nos clients, que ce soient des groupements ou des utilisateurs finaux. Nous collectons des informations sur les matériels, nous retrouvons nos concurrents, nous tâtons le marché... » Euroforest, le Space et le Sommet de l'élevage sont des incontournables, avec la Beaucroissant bien entendu. A Paris, Moyne-Picard, qui expose toutes ses marques, dispose d'un stand face à Tajfun, son principal partenaire. Une position stratégique.

Isabelle Doucet

Les combinés Tajfun font partie de la gamme historique Moyne-Picard.

Du treuil au téléphérique

Les produits phares de Moyne-Picard sont les treuils forestiers Tajfun. Mécaniques ou hydrauliques, ils développent une capacité de 4 à 12 tonnes. De la même marque, les combinés bois de chauffage pour scier, fendre et transporter le bois, sont aussi un produit historique distribué par Moyne-Picard. Balfor, propose également des combinés de grande capacité. La société italienne est surtout spécialisée dans les scies circulaires, électriques ou à entrainement prise de force « cardan ». Le canadien SMG est également un partenaire historique, qui développe des systèmes de scierie mobile pour débiter des planches en direct et sur site. Le matériel est prisé en France par les exploitants forestiers. Autre fournisseur exclusif slovène, Lancman fournit fendeuses et scies permettant de débiter des buchettes. Pratique. En exclusivité encore, la fendeuse de l'Allemand Peitmer, avec sa vis conique, est capable de fendre comme de soulever une grume. Moyne-Picard étend sa gamme en recherchant systématiquement le produit absent du marché, à l'image de la scie à double lame Scheppach, qui peut scier trois bûches en même temps. En mars, l'Italien GLD, spécialiste des broyeurs de branche, présentera une machine pour faire des pellets, un produit encore rare dans les catalogues. Au Sima seront aussi présentés les nouveaux grappins coupeurs de l'Italien Agriforest ou le nouveau porte-outils (ou valet de ferme) d'European tree trimming, monté sur chenille ou sur roue. Les grues et remorques du Suédois FTG Forest sont également des éléments phares de la gamme Moyne-Picard, dont les derniers modèles seront exposés à Paris. Enfin, le distributeur a répondu à une demande émanant des Cuma, en proposant une remorque porte-combiné bois de chauffage, homologuée route. Et c'est un constructeur français, Métal-Agri, qui a lancé le produit. Mais le clou du spectacle sera sans doute le nouveau téléphérique Tajfun. Dédié au débardage en zones difficiles, cet équipement fixe peut remplacer les routes forestières.
ID

Voir aussi l'article de Terre dauphinoise sur le Salon de l'agriculture :

- Des ambassadeurs aux goûts très variés