Accès au contenu
Politique européenne

« Nous avons besoin d'une Europe Unie »

Il est facile de critiquer les institutions européennes, mais elles ont permis d'assurer un niveau de vie à plus 500 millions d'habitants, même si des progrès restent à faire.
 « Nous avons besoin d'une Europe Unie »

L'Europe sera ce que nous en ferons. C'est l'idée que l'on peut retirer du passage de Michel Dantin, député européen sortant et qui ne brigue pas un nouveau mandat, lors de son passage à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, le 9 mai dernier.

Posture

Bien sûr, l'homme est un convaincu. « Il est de bon ton de tirer sur l'Europe », lance-t-il à l'auditoire, mais cela traduit dans son esprit un profond manque d'analyse.
Premier grief : l'avalanche de normes. En dix ans de députation, il dit ne pas avoir connu de normes d'initiative européenne. En revanche, « elles sortent toutes des secteurs professionnels nationaux qui les font valider par la Commission », explique-t-il. En électricité, de nouvelles normes régissent les caractéristiques des interrupteurs. Le fabricant français Legrand n'était pas présent dans leur élaboration, ce sont les critères Philips qui s'imposent désormais. Juste une question de lutte d'influence, pas d'instances européennes. Et le député en tire une leçon : « Dans ce contexte, il vaut mieux convaincre que contraindre. »
Malgré tout, même si les normes paraissent contraignantes, elles ont permis une chose : de placer l'Europe en tête des économies mondiales. « Un des acquis de cette construction est économique : la première puissance économique au monde est l'Europe à 28, c'est aussi la première exportatrice, assène le député, et cela grâce aux normes car elles conditionnent une qualité reconnue. »

Pays solvables

Mais rien n'est jamais acquis avance-t-il, et le meilleur moyen de s'en rendre compte « est d'examiner l'image que nous renvoyons ». De ses rencontres avec des responsables politiques internationaux, le représentant européen a constaté que « le Brésil par exemple ne discute pas avec des pays de taille inférieure à l'Europe (...) que ces pays considère notre continent comme peuplé de gens âgés avec leur avenir derrière eux (...) que nous sommes les seuls solvables », et qu'une fois qu'ils respectent nos fameuses normes, « ils sont capables de vendre dans le monde entier ». En découle un corollaire : depuis trente ans, un pays européen par décennies sort des 10 premières économies mondiales, « pas parce qu'ils sont devenus mauvais mais parce que les pays émergents ont évolué et que leur richesse vient du nombre de leurs habitants ».
Deuxième acquis européen selon Michel Dantin, la paix. « Elle paraît installée et évidente, mais en la matière rien n'est jamais joué », prévient-il.

Liberté alimentaire

Troisième acquis, la liberté. « La notion semble lointaine, mais il suffit d'en être privé pour l'apprécier malheureusement ». La liberté recouvre l'alimentation. « 513 millions d'habitants bénéficient d'une alimentation équilibrée, en quantité et en qualité, rappelle-t-il. Nous sommes la seule partie du monde qui permet de retrouver l'origine exacte d'un problème sanitaire dans des délais très courts. » Cependant l'élu européen a un regret : « Celui de ne pas avoir assurer un revenu aux agriculteurs, un revenu moyen qui corresponde à celui de leurs concitoyens ».
Ce sujet de l'alimentation est omniprésent dans les instances européennes, ne serait-ce que parce qu'il y a une certaine unité culturelle entre les pays, autour de l'origine chrétienne du repas. « La table a toujours été un lieu saint, d'où tout est parti. Le terroir est venu de là », affirme-t-il. Mais il y a une dissension entre les pays du Nord et ceux du Sud selon lui. Quand on parle de qualité, les pays n'ont pas les mêmes approches. Au sud, nous associons couleurs, saveurs et territoires. Au nord, l'acte alimentaire est une obligation physique, il doit se faire sans risque. C'est donc un produit de marché qui doit être régi par le marché. » Dans ces conditions et parce que le parlement européen est une instance internationale, « il vaut mieux assurément convaincre que contraindre », se parler et comprendre l'autre. C'est tout l'enjeu du prochain scrutin.

Jean-Marc Emprin