« Nous voulons des garanties pour notre avenir »
À l’annonce du plan de restructuration de Top semence, les producteurs de semences de la région se constituent en collectif pour obtenir des garanties.

Photo : ID TD
À l’annonce du plan de restructuration qui touche Top Semence, les producteurs de semences de la région réagissent et se réunissent en collectif.
Après avoir adressé un message d’alerte aux politiques, une rencontre était organisée en Isère, à Saint-Etienne-de-Saint-Geoire, le jeudi 13 février, avec les élus du secteur de la Bièvre, du Département de l’Isère, de la Région et une parlementaire.
Le plan de Top Semence prévoit la suppression de 72 emplois sur 132 et le démantèlement ainsi que la mise en vente du site des Ollagnières, à La Côte-Saint-André. Ce site, construit en 2013 par l’ex Coopérative Dauphinoise (Oxyane), a été revendu à Top Semence en 2021.
Les activités industrielles devraient être toutes rapatriées à la Bâtie Rolland, dans la Drôme, le deuxième site industriel du semencier.
Éviter la vente du site
« Cette rencontre a permis à tout le monde de prendre la mesure de la situation », indiquent Jean-François Charpentier, et Rémi Allemand, tous deux producteurs et porte-parole des producteurs de semences de la région, inquiets pour leur activité. Ils ont constitué le collectif Semences À venir.
Au cœur de la discussion, les producteurs s’interrogent sur la nécessité d’une vente rapide du site des Ollagnières qui est déjà bien amorti, déclarent-ils. L’outil représente un atout pour tous les producteurs de semences du Sud-Est.
Les porte-parole insistent : « Nous avons demandé aux représentants du Département et de la Région d’agir vite pour trouver une solution pour éviter la vente du site. Ils doivent aussi rencontrer les élus de la Drôme. »
De son côté, Lionel Eydant, président de Top Semence et producteur à Beaurepaire, souligne cette volonté de « travailler ensemble » mais rappelle que la situation reste inchangée depuis la publication du communiqué de presse annonçant la restructuration.
« Le site de La Côte-Saint-André est condamné. Nous avons peu de vision sur l’avenir. Il y a eu une érosion des surfaces de l’ordre de 35 % pour de multiples raisons », appuie le président qui défend « une nouvelle organisation de Top semence ».
Il rappelle que les sites en sont aujourd’hui à seulement 40 % de saturation « alors que les charges sont incompressibles ».
Il précise : « avec un seul site, nous produirons toujours de la semence ». La coopérative se veut rassurante pour les producteurs, mais pragmatique quant aux outils de production.
« Nous avons rencontré des producteurs compréhensifs et nous voulons les accompagner au mieux », ajoute Lionel Eydant, qui doit aussi rencontrer les élus en fin de semaine.
Un atout pour les producteurs de semences
Les producteurs ont demandé à Top semence d’envisager toutes les pistes de réflexion pour éviter un maximum de flux sur les routes comme le transportant du grain plutôt que des productions brutes.
Cependant, la crainte demeure quant à la suppression de certaines espèces, notamment les fourragères dans le Nord, les semences de maïs doux dans le Sud, la production d’ail, mais aussi la diminution de la production de semences en agriculture biologique.
« Nous voulons avoir des garanties pour notre avenir et avoir une réflexion sur ce dont on se coupe. C’est une valeur ajoutée énorme qui risque de quitter la région si notre outil disparaît. Nous voulons des réponses à nos questions. Si nous continuons à produire, comment cela va-t-il se passer ? Mais aussi comment contenter les semenciers qui pour certains, et dès cette année, souhaitent revenir avec des surfaces supplémentaires ? Dans quelles conditions de production ? », interrogent encore Jean-François Charpentier et Rémi Allemand.
Ils pointent le risque de voir les semenciers retirer leurs contrats et mettre un terme à l’activité de presque 1 000 producteurs de semences de la région. D’autant que cette activité est créatrice de plusieurs milliers d’emplois saisonniers en période estivale.
Pour l’heure, les rencontres se poursuivent entre élus, structures économiques, pool bancaire et producteur. « Il faut trouver des solutions d’avenir très rapidement pour rassurer les producteurs, leur environnement et recréer une dynamique », déclarent les représentants du collectif.
Isabelle Doucet