Paturin recycle un petit pneu

C'est un comble pour des exploitants agricoles : se réunir à Villefontaine, la seule ville d'Isère où il n'y a plus d'agriculteur. Mais c'est aussi une façon de montrer que l'agriculture est toujours présente en Nord Isère et du côté de la porte des Alpes, ou encore de découvrir les Grands ateliers, car de la terre au pisé, le pas est vite franchi. Roland Seigle, le président de ce comité qui réunit certes agriculteurs, mais aussi des élus et des partenaires socioprofessionnels, a souligné « une année riche en projets ». Il faut dire que le comité s'est structuré en groupes de travail, le premier étant celui des producteurs fermiers de Paturin. L'expérience des marchés fermiers est balbutiante et mérite d'être renforcée pour que sa pérennité soit assurée. Le groupe qui planche sur le travail simplifié des sols et les économies d'intrants a, quant à lui, eu une année chargée avec la poursuite de l'expérience Azodure sur l'inoculation d'une bactérie sur maïs. L'environnement étant une préoccupation majeure pour les agriculteurs de Paturin, ceux-ci travaillent depuis l'an dernier sur un projet de collecte de pneus usagers dans les exploitations agricoles avec les comités Terravald et Boucle-du-Rhône Dauphiné. La réglementation impose l'élimination de ces pneus stockés dans les exploitations agricoles, le plus souvent utilisés pour le lestage des bâches. « De nombreux agriculteurs souhaitent aujourd'hui s'en défaire, pour diverses raisons : cessation laitière, départ en retraite, remplacement des pneus usagés, problèmes sanitaires », indique le rapport de préfiguration du projet. Le projet poursuit plusieurs objectifs : dimensionner le gisement potentiel, établir des partenariats locaux, organiser le collecte et former les agriculteurs aux autres techniques de lestage.
700 tonnes de pneus
Ce stock de vieux pneus est estimé à 700 tonnes réparties dans 130 communes. Le montant de l'opération nécessaire à leur élimination s'élèverait à 140 000 euros, dont une participation des agriculteurs (et de la chambre d'agriculture) à hauteur de 28 000 euros. « Nous espérons que ce projet verra le jour avant la fin de l'année », insiste Roland Seigle qui souhaite que le plan de financement soit ficelé au mois de septembre. Il est ainsi fait appel aux collectivités locales, au département et à la région. Cette action ponctuelle, qui ne veut en aucun cas être associée à une opération économique, permettrait d'abaisser le coût du recyclage des pneus usagés, qui reste un facteur limitant pour leur élimination. La collecte s'adresse aux agriculteurs et plus particulièrement aux éleveurs du Nord Isère. Des bennes de récupération seront disposées dans plusieurs sites : la coopérative Dauphinoise, le GAIC Cholat et l'entreprise Bernard. Un prestataire susceptible de récupérer les pneus et de les réutiliser a été identifié dans le secteur. Il a formulé une proposition à 200 euros la tonne, portant uniquement sur des pneus de véhicules légers (VL), mais les porteurs du projet n'excluent pas la possibilité de lancer un appel d'offre.
Problématique foncière
Le comité Paturin travaille aussi en étroite collaboration avec le Comité local d'installation (Cli) Porte des Alpes, organisateur de la quinzaine de l'installation. « Il y a toujours des jeunes qui cherchent à s'installer », note Julie Ferrazzi, de la chambre d'agriculture. Des projets diversifiés, des productions variées, les candidats ne manquent pas, mais ils se trouvent confrontés à deux écueils : la recherche de foncier, même si certains types d'exploitations ne requièrent par de grandes surfaces, et la mobilisation, de moyens financiers. Le Cli poursuit la tenue de rencontres entre porteurs de projets, élus locaux et personnes de la société civile afin d'aider les uns à formuler leurs attentes et initier les autres à la réalité agricole. Un livret du créateur, avec les expériences des jeunes installés du territoire, sera d'ailleurs adressé aux collectivités.
Pour 2014, Roland Seigle entend « faire la même chose qu'en 2013, mais en mieux ». Il insiste sur l'importance de la présence des agriculteurs dans les différentes instances intercommunales, dont la Capi et l'Epora*, d'autant que la problématique foncière est criante en Nord-Isère. Le comité prend aussi soin de la façon dont le monde agricole communique. C'est la raison pour laquelle il s'appuie sur la charte « Bien-vivre ensemble », qui lie les différents utilisateurs du territoire et permet aux agriculteurs de mieux se faire connaître. Cela passe aussi par l'ouverture des exploitations agricoles en direction des agriculteurs lorsqu'il s'agit de journées techniques, ou du grand public pour le sensibiliser.
Isabelle Doucet
Capi* : Commuanuté d'agglomération Porte de l'Isère
Epora* : Établissement public foncier de l'Ouest Rhône-Alpes
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