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Technologie

Pioupiou se joue des vents

Tout droit sorti de l'imagination d'un passionné de voile et de vent isérois, Pioupiou démocratise le marché de l'anémomètre.
Pioupiou se joue des vents

« Il fallait un appareil que l'on puisse laisser, en complète autonomie, au bord d'un lac ou d'un départ de parapente, dans un endroit où il n'y a ni électricité, ni internet », avance Nicolas Balbeck, parapentiste, moniteur de voile, informaticien de génie et créateur de Pioupiou, l'anémomètre pour tous. Le poussin a du flair. Grandi dans la couveuse de Cowork'in Grenoble, qui accueille de futurs créateurs d'entreprises, il a imaginé et réalisé son produit en l'espace de six mois. Les prototypes à peine assemblés, il a lancé une souscription pour les premières séries sur la plateforme de financement participatif Kisskissbankbank et ça marche du tonnerre. Pourquoi ? Parce que Pioupiou est un anémomètre grand public bénéficiant d'une connectivité universelle. « Ce projet a été rendu possible grâce à la technologie Sigfox, un réseau à bas débit qui couvre l'ensemble du territoire », explique Nicolas Balbeck. Spécialiste de la connectivité des objets, Sigfox offre des solutions à bas coût et à faible consommation d'énergie en direction des nouveaux usages de technologie embarquée. A l'image des capteurs météo Pioupiou. Leur fonction principale est donc de mesurer la vitesse du vent et la pression atmosphérique. Les données sont consultables en temps réel depuis n'importe quel terminal. Le must, c'est le petit panneau solaire intégré qui rend Pioupiou autonome partout. « Il n'a besoin ni de wifi, ni de smartphone, ni de carte Sim », insiste son inventeur. Compact, l'anémomètre mesure 20 cm sur 30 cm et ne pèse pas plus de 300 grammes.

Nicolas Balbeck, un inventeur inspiré par le vent.

Nouveaux usages

« En matière de météo, c'est celle d'à-côté qui est intéressante, rappelle Nicolas Balbeck. Ainsi, en abaissant les coûts, ont peut mettre des capteurs partout. » Pour l'inventeur, l'enjeu qui sous-tend est celui de l'open data, c'est-à-dire la mise en commun des données et leur utilisation par tous les propriétaires de Pioupiou. « Ce réseau ouvert serait un wikipedia de la météo », insiste le jeune homme. Dès la mise en place des prototypes (une vingtaine aujourd'hui), de nouveaux usages sont apparus pour Pioupiou, qui vont bien au-delà des spots de voile. Ainsi, les stations de sport d'hiver se sont intéressées à ce petit anémomètre, de même que le milieu agricole. « Il est possible d'utiliser la balise en tant que telle, signale l'inventeur, mais nous sommes à l'écoute pour le développement d'une technologie transposable à tout une panoplie de capteurs ». Il souligne l'intérêt de se regrouper entre agriculteurs ou autres utilisateurs et de ne plus rester seul dans son coin avec son appareil. Quand et où épandre ? Où se situe l'orage ? Le champ des possibles est d'autant plus grand que le parcellaire des exploitations peut être dispersé. Nicolas Balbeck justifie cette circulation des données sans entrave par un clin d'œil aux agriculteurs. En effet, les majors de l'agroalimentaire et des biotechnologies agricoles n'ont pas attendu pour racheter un entreprise spécialisée dans la météo à destination des usages agricoles. « Se mettre dans un réseau ouvert, c'est se protéger de la mainmise de ces géants », indique-t-il.
Pioupiou sera disponible sur le marché au mois de mars 2015 via la plateforme de financement participatif. Ces premiers fonds récoltés permettront au créateur de passer à la phase industrielle en confiant la réalisation de Pioupiou à une entreprise de sous-traitance régionale.

Isabelle Doucet