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Loup

« Plus d'attaques, moins de victimes »

Bertrand Dubesset, directeur adjoint de la Direction départementale des territoires de l'Isère a répondu aux questions de Terre dauphinoise quant à la situation du loup en Isère.
« Plus d'attaques, moins de victimes »

Pour effectuer leur mission, les louvetiers seraient dans l'attente d'un matériel sophistiqué qui semble faire l'objet d'un blocage. Qu'en est-il ?

Il y a en effet une vraie question autour d'un matériel destiné à amplifier la capacité de vision des louvetiers*. Elle est remontée à Stéphane Bouillon, préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, coordonnateur du Plan loup.

Il y a le code de l'environnement d'un côté, qui permet d'utiliser certains systèmes, et de l'autre celui de la sécurité intérieure.

La question a été posée au ministère des Armées sur la possibilité ou non d'utiliser ces sytèmes amplifiés qui font changer ces armes de catégorie.

Il s'agit de trouver une réponse règlementaire pour rester dans un contexte légal lorsque les louvetiers utilisent ce type d'armes.

Dans quels délais pourrait intervenir la réponse ?

Cela dépend d'un autre ministère que celui de la DDT.

Combien d'armes sont concernées ?

C'est surtout une question de principe.

Quand le cadre règlementaire sera fixé, le préfet regardera quel sera le nombre d'armes suffisant.

Il y avait 18 louvetiers en exercice en Isère il y a quelques mois. Leur effectif a été renforcé par huit nouveaux louvetiers.

L'intérêt est de se doter de moyens utiles au long cours et d'intervenir dans le cadre d'opérations programmées pour un besoin spécifique.

Il n'y aura pas un équipement pour chacun des louvetiers.

Donc les louvetiers continuent à intervenir avec des armes traditionnelles ?

Ils sont plutôt bien équipés, avec des armes performantes, mais en Isère, les méthodes de chasse restent traditionnelles.

Le loup prélevé ce week-end dans le Vercors, l'a été par un chasseur dans le cadre d'un tir de défense simple : un homme posté a vu le loup, l'a tiré à une grande distance et l'a tué.

Nous avons pris plus d'une centaine d'arrêtés de tirs de défense et la Fédération de chasse de l'Isère a formé plus d'un millier de chasseurs capables d'intevernir dans ce cadre.

Les louvetiers semblent peu présents sur le terrain ?

Les louvetiers n'interviennent pas seulement pour des tirs de prélèvement. Ils sont appelés pour des tirs de défense, notamment dans des secteurs où il existe un historique d'attaques et où la situation risque de s'emballer.

Pourquoi n'y a-t-il pas eu de tirs de prélèvement en Isère ?

Un tir de défense simple peut être suffisant, comme ce week-end dans le Vercors.

Pour autoriser des tirs de prélèvement, il faut que des conditions soient remplies et produire une documentation qui prouve la gradation des tirs mis en œuvre, car ces arrêtés peuvent être attaqués par les associations de défense des animaux.

Mais il n'est pas exclu que des tirs de prélèvements soient autorisés dans le département.

Tous les arrêtés préfectoraux en vigueur ont une durée de validité de 5 ans.

 

Brebis victime d'un loup en Isère.

La situation semble tendue en Chartreuse où des attaques ont eu lieu dans les hauts plateaux. Quelle réponse pouvez-vous apporter ?

Il n'y a pas de possibilité de tir dans la réserve du parc.

C'est la raison pour laquelle, si les éleveurs n'arrivent plus cette année à garder les bêtes en alpages à cause du loup, nous leur avons proposé de les descendre et d'allouer des crédits spéciaux du ministère de l'Agriculture pour l'alimentation des animaux qui redescendent précocément.

Cela interroge bien sûr sur le pastoralisme, la vocation des alpages et les difficultés des bergers.

Une réunion de crise a eu lieu la semaine dernière où les chasseurs de Chartreuse déploraient de ne pas avoir de bracelets pour chasser le sanglier. Comment en est-on arrivé à cette situation ?

Le principe des chasseurs est qu'en organisant une battue au sanglier, cela dérangerait le loup.

Or le sanglier est chassable en réserve selon un plan de chasse, ce qui suppose la mise à disposition de bracelets et l'établissements de documents administratifs.

Pour faciliter les démarches, la FDCI a demandé cette année à ce que le sanglier soit classé comme nuisible. Ce qui nécessite une procédure qui passe par l'avis de la conservatrice de la réserve.

Les choses sont en cours, la situation devrait être réglée en commission départementale le 6 septembre.

Les attaques de loup qui ont eu lieu au mois d'août sont survenues dans un entre deux qui a créé une difficulté.

Dans l'ancien système, les bracelets auraient été utilisés et dans les prochaines années, la situation sera plus simple.

Jusqu'à ce week-end, des prélèvements avaient eu lieu dans tous les départements alentour, sauf en Isère. Ce département deviendrait-il une réserve pour le loup ?

Nous avons la responsabilité de l'équilibre entre les différentes réglementations.

L'administration fait de son mieux pour que les troupeaux soient protégés.

Si des attaques se produisent, les équipes se rendent sur le terrain pour expliquer les choses.

Les agents sont dévoués et ne sont pas inféodés à la cause du loup.

Sur le terrains, les agents chargés des constats sont des gens de plus en plus expérimentés et la majorité des victimes de loup sont reconnues. Il n'y a généralement pas de doute quant à l'auteur d'une attaque.

On parle aussi de braconnage...

Il y a des éléments de divergence entre les pro-loups qui avancent des chiffres de braconnage et les anti-loups : l'Isère n'est ni un havre de paix, ni un département où le loup est braconné.

Mais il faut rappeler que tout prélèvement interdit expose à de lourdes sanctions. Et l'Etat ne mollit pas.

Quel est le bilan chiffré à ce jour ?

Il y a eu plus d'attaques et moins de victimes cette année.

Au 24 août, il y a eu 139 attaques déclarées et 355 victimes.

Sur 122 attaques constatées, 336 victimes ont été indemnisées. 15 contats ont été écartés, soit 16 animaux qui ont été tués par un autre animal que le loup. Deux constats sont en cours d'instruction.

 

Le loup est l'auteur de 139 attaques en Isère cette année.

Quels secteurs sont le plus sous pression ?

Valjoufrey où il y a eu 15 attaques et 28 victimes, le Taillefer avec 12 attaques et 27 victimes, les Grandes Rousses avec trois attaques et 16 victimes...

Nous tenons un décompte précis. Les chiffres sont transmis de façon hebdomadaire et la Fédération des alpages de l'Isère communique l'information auprès de son réseau de proximité.

Combien y a-t-il de loups en Isère ?

Nous ne savons pas combien il y en a en Isère. Un décompte des meutes a eu lieu la semaine dernière.

Au niveau national, le chiffre est de 435 loups.

C'est une espèce dynamique et nous devons donner une réponse proportionnée à ce qu'est cette espèce.

La question du loup provoque un débat de société.

Propos recueillis par Isabelle Doucet

 

 

*lunettes de vision nocturne (ndlr)