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Fertilisation

Premier apport d’azote : ne pas se précipiter

Les conditions exceptionnelles de levée et de croissance durant l’automne et ce début d’hiver ont permis un tallage très abondant. Un premier apport d’engrais azotés, en ce début du mois de février, n’est pas recommandé. Les recommandations d’Arvalis-Institut du végétal.
Premier apport d’azote : ne pas se précipiter

Les céréales sont actuellement en plein tallage et le stade épi ne devrait pas intervenir avant début mars pour les situations les plus précoces, ou vers le 10 au 15 mars pour la majorité des parcelles. Dans les conditions de cette année, un surplus de fourniture minérale par un apport d'engrais, dès le début février, favoriserait la mise en place de talles secondaires, non productives. Ces excès de croissance auraient pour conséquences :
- de réduire fortement l'efficience des engrais apportés au tallage en favorisant l'absorption d'azote par des organes non productifs (talles secondaires ou tertiaires),
- d'augmenter très fortement les risques de verse en augmentant inutilement le nombre de tiges et en favorisant l'allongement des entre-nœuds,
- de favoriser les maladies aussi bien foliaires (rouilles, oïdium) que du pied (piétin échaudage, piétin verse),
- de sensibiliser les cultures aux accidents climatiques : sécheresse en augmentant la consommation en eau de la culture ou froid (comme en 2012). Nous ne connaissons pas aujourd'hui la météo de la fin de l'hiver. Un épisode de gel marqué est tout à fait envisageable. Des doses trop importantes pourraient favoriser une reprise précoce et amplifier la sensibilité au gel sur la fin février début mars.

La part d'azote apportée au tallage est celle qui contribuera le moins à la teneur en protéines finale. À dose équivalente, mieux vaut garder de quoi renforcer les apports suivants en particulier l'apport de fin montaison.
À l'inverse, une carence azotée survenant durant la fin du tallage sur des cultures très développées (3-4 tiges bien développées/plante) aura pour effet de ralentir l'émission de talles secondaires et tertiaires et si elle se prolonge, de provoquer la disparition des talles les plus faibles. Les talles bien développées ne seront éliminées que si la carence est très sévère et se prolonge. On aura donc le temps de réagir avant une telle situation. Compte tenu de ces éléments un jaunissement dû à un défaut d'alimentation azotée survenant sur des parcelles bien développées n'aura aucune conséquence sur le rendement.
Par ailleurs, avec les températures douces annoncées dans les prochains jours, la minéralisation risque d'être suffisante pour assurer l'alimentation des cultures.

 

Que faire ?


Le décalage d'un apport de 40 u/ha maximum peut être réalisé sans risque jusqu'à une dizaine de jours avant le stade épi 1 cm dans les situations suivantes :
• précédent riche en azote ou fertilisation importante du précédent,
• apport de matière organique,
• sols profonds à bonne minéralisation,
• date de semis précoces avec très bon tallage.
Dans les autres situations : sols très superficiels ; précédents peu riches en azote (tournesol, maïs à bons rendements) ; semis tardifs, un apport peut se justifier mais devra être limité à 40u/ha, il sera largement suffisant. Ce type de situation peut être détecté par un jaunissement des vieilles feuilles, jaunissement à ne pas confondre avec d'autres causes : virus, tassement ou maladie (oïdium, piétin échaudage...).
S'il y a des mauvaises herbes, désherber en priorité et attendre 8 jours après l'intervention avant tout apport d'engrais azoté minéral.
Si une bande double densité est présente dans la parcelle, c'est un bon indicateur pour décider ou non d'effectuer un apport d'azote au tallage.
Dans le cas de parcelles ayant souffert d'excès d'eau, rare cette année, un apport d'azote peut être nécessaire sous réserve que le sol soit ressuyé. Ne pas apporter d'azote sur des sols saturés d'eau, les plantes n'auront aucune capacité à valoriser l'engrais.
Ne déclencher l'apport d'azote que si les conditions climatiques sont réunies : sol ressuyé et non gelé ; pluie d'au moins 5 à 10 mm après l'apport et températures poussantes.
La forme d'engrais (ammonitrate, urée, solution) n'entraîne pas de retard dans la valorisation de l'engrais et ne nécessite pas d'anticipation de la date d'apport.

 

Cas particulier des parcelles ayant atteint le stade épi 1 cm


Cette situation se rencontre sur blés durs dans les zones chaudes du sud de la Drôme. Les besoins de ces parcelles vont augmenter mais pas aussi rapidement que lorsque les stades interviennent sur des périodes de jours longs et plus poussants. La meilleure solution est d'attendre jusqu'au 5 au 10 février pour apporter une petite quantité d'azote (40 u/ha maximum). Ceci permettra aux cultures d'attendre un apport plus significatif qui peut être déclenché fin février si les conditions favorables sont réunies.

Attention : ne pas confondre redressement et épi 1 cmLe fort développement des cultures provoque un redressement des tiges qui vont « chercher la lumière ». Elles resteront longtemps à ce stade-là, avant que l'épi ne se différencie. Seule l'observation attentive des tiges en les coupant permet d'être sûr du stade.
Jean Pauget Arvalis – Institut du végétal Rhône-Alpes