Semences sauvages locales : une nouvelle source de revenu ?

Pour restaurer des espaces détériorés, rien de tel que les espèces locales. L'Irstea (anciennement Cemagref) s'intéresse depuis longtemps aux enjeux de la revégétalisation des terrains malmenés par les travaux de terrassement et d'aménagement d'altitude (stations de ski, urbanisation, remontées mécaniques, pistes pastorales ...). Dès le milieu des années 80, les chercheurs ont orienté leurs travaux sur le « rétablissement des dynamiques naturelles au sein des écosystèmes issus de la revégétalisation ». On est ainsi progressivement passé d'une logique de « reverdissement » à une démarche de réhabilitation, faisant intervenir aussi bien l'action de l'homme (amélioration des techniques, mélanges de semences adaptées à l'altitude...) que celle des troupeaux dans le processus de recolonisation des espaces par les espèces locales. Adaptées aux sols superficiels pauvres d'altitude, ces espèces natives intéressent beaucoup les scientifiques. A tel point qu'en 2012 est né le projet Alp'Grain, un programme franco-italien, qui vise à évaluer la pertinence et la faisabilité de la création d'une filière de récolte de semences locales dans les Alpes françaises et italiennes.
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L'objectif de ce projet est double. Il s'agit à la fois de revégétaliser les prairies de façon durable, mais aussi de fournir une nouvelle source de revenu aux exploitations agricoles, en associant les agriculteurs de montagne rhônalpins et valdotins. De semblables initiatives ont été lancées en Savoie et Haute-Savoie, ainsi que dans les Pyrénées, conduisant à la production de semences sauvages. L'Isère ne pourrait-elle pas se lancer dans l'aventure ? Un marché potentiel existe (des administrations locales, des stations de ski et des aménageurs ont marqué leur intérêt), des test de faisabilité ont été réalisés, ainsi qu'un travail sur le cadre juridique d'une telle opération.
Voilà pourquoi l'Irstea s'attache à porter la bonne parole dans les massifs alpins, comme il l'a récemment fait lors de la Journée de l'herbe en Chartreuse, début avril. Il s'agit à chaque fois d'expliquer la démarche, mais aussi de rassurer les agriculteurs quant à la faisabilité du projet. Zones sources, choix du site de collecte, production, bonne pratique agronomique, technqiues de récolte, matériel (aspirateurs ou brosseuses portatifs, équipement automoteur ou tracté), conditionnement, commercialisation, réglementation : tout est passé en revue. Ne reste plus qu'à convaincre les futurs producteurs.
MB