Sensibilisation directe des députés et sénateurs

Mardi 14 mai, à l'initiative d'Emilie Bonnivard, députée de Savoie et conseillère régionale Auvergne Rhône-Alpes, et avec le soutien de l'ANEM, une rencontre, pour sensibiliser les députés et les sénateurs sur l'impossible cohabitation du loup et du pastoralisme, a été organisée à l'Assemblée nationale. La MSA Alpes du Nord, le Syndicat des éleveurs Ovins de Savoie et la DDT de Savoie se sont mobilisés pour mener un débat ouvert après la présentation du film « la montagne en sursis ».
Prendre conscience des conséquences
La question du loup met les éleveurs et les bergers dans des situations de plus en plus difficiles. Afin de pouvoir en tenir compte le plus en amont possible, il est primordial que les acteurs essentiels du processus législatif prennent conscience de la profondeur des conséquences de la prédation des loups, dont le nombre ne cesse d'augmenter. Ces conséquences vont au-delà de la perte du cheptel, elles impactent la santé, l'environnement familial et social, les conditions d'exercice de l'activité, entraînant un changement du métier : le berger n'est plus celui qui guide le troupeau vers les bons espaces pastoraux mais devient peu à peu celui qui est uniquement chargé de le défendre. Autant de messages portés mardi 14 mai, par la projection du film « la montagne en sursis », le rappel de l'évolution des effets de la prédation en France (par Laurent Garde, directeur adjoint du CERPAM), le témoignage d'éleveurs ainsi qu'un débat avec les parlementaires ayant répondu présents.
60 participants
Une vingtaine de députés et sénateurs étaient présents, ainsi que la vice-présidente Montagne et ruralité de la Région Occitanie Midi-Pyrénées, quatre maires ou élus locaux et des représentants associatifs et syndicaux de la FNSEA, de la Confédération paysanne, de la Fédération nationale ovine, de la Fédération des alpages de l'Isère, du Cerpam (1), de l'Usapr (2), ainsi que le président de la chambre d'agriculture Savoie Mont-Blanc. Sans oublier les représentants du Syndicat des éleveurs ovins de Savoie, dont son président Bernard Dinez, de la DDT de Savoie et de la MSA, dont sa présidente Françoise Thévenas et son directeur général, Fabien Champarnaud. La projection, ayant été organisée avec le soutien de l'Anem (3), des membres du comité directeur et du bureau étaient présents. Au total, près de 60 personnes ont participé à cette projection débat qui s'est déroulée dans la salle audiovisuelle de l'Assemblée nationale.
Les parlementaires veulent se saisir du sujet
Nombre d'entre elles ont salué l'initiative partenariale menée en Savoie et ont affirmé leur intérêt pour le sujet ainsi que l'importance de s'en saisir collectivement, quel que soit le prédateur : le loup, le lynx, l'ours ou le vautour. Annie Genevard, présidente de l'Anem, députée du Doubs et vice-présidente de l'Assemblée nationale, souligne que « la sacralisation du loup ne peut pas se faire au prix de la protection du pastoralisme et de la place de l'homme par rapport à celle de l'animal ». Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques rappelle que « nous ne pouvons pas perdre le pastoralisme, qui est une des plus anciennes traditions humaines en France ». Un avis partagé par Alain Duran, sénateur de l'Ariège, qui ajoute « je ne voudrais pas que, demain, mon combat soit de réintroduire les bergers dans les montagnes ». Pour Janine Dubié, députée des Hautes-Pyrénées, il est important de montrer que « les actes du prédateur ont une conséquence grave, à la fois sur la santé mais aussi sur l'activité économique et, demain, sur l'entretien des paysages et des activités touristiques ». Émilie Bonnivard interpelle également sur l'impact économique et organisationnel de la prédation du loup : « les attaques ayant lieu de jour comme de nuit, pour surveiller en continu les troupeaux, il faudrait trois à quatre bergers par exploitation ».
La MSA aux côtés des éleveurs
En tant qu'organisme de Sécurité sociale du monde agricole, la MSA (Mutualité sociale agricole) est notamment en charge de la santé de ses adhérents. Les attaques de loup impactent la santé des éleveurs et des bergers. C'est pourquoi la MSA s'engage à leurs côtés pour les aider à surmonter les difficultés face à la prédation du loup, que ce soit en tentant de prévenir le risque ou après une attaque. Pour cela, les médecins du travail, conseillers en prévention des risques professionnels et assistants sociaux sont mobilisés sur le terrain pour soutenir le monde de l'élevage sur un plan individuel et collectif, en s'adaptant à la spécificité de chaque situation. Grâce à son guichet unique, la spécificité de la MSA est d'être en capacité, au sein d'un seul et même organisme, d'avoir une approche globale et pluridisciplinaire du sujet : la santé (stress post-traumatique lié à une attaque), la prévention des risques professionnels (conséquences de la prédation sur l'évolution des métiers du pastoralisme) et la dimension sociale (groupe de parole, guide à destination des éleveurs victimes d'attaques de loup, formation de veilleurs à l'écoute active, accompagnement individuel).
Un film poignant réalisé avec les éleveurs
Le documentaire « La montagne en sursis », réalisé par David Le Glanic et produit par la MSA, en partenariat avec le Syndicat des éleveurs ovins de Savoie et la DDT de Savoie, a vocation à apporter un éclairage sur les conséquences de la prédation du loup en matière de pastoralisme, la vie des hommes et l'avenir de la montagne. À travers des témoignages poignants de plusieurs parties prenantes de la vie locale, il présente l'ensemble des aspects liés à la présence du loup (économie, tourisme, attractivité, sécurité). L'enjeu est de donner l'alerte pour permettre à chacun de prendre conscience de la réalité du monde de l'élevage face à la prédation du loup. Ce documentaire est accessible en ligne sur le site msatv.fr (inclus dans le replay de l'émission tournée lors du salon de l'agriculture 2019 « loup et éleveurs : la montagne en sursis »). Destiné à être largement diffusé par tous les acteurs souhaitant se saisir du sujet, il peut également être demandé à la MSA de son territoire, afin d'organiser des projections – débats.
http://www.msatv.fr/video/msa-le-magazine-le-loup-et-eleveurs-la-montagne-en-sursis/
(1) Cerpam : centre d'études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée.
(2) Usapr: union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales.
(3) Anem: association nationale des élus de montagne.