Un millésime exceptionnel en Isère

Le vignoble isérois a beau être éclaté en six zones géographiques, c'est le même sentiment de satisfaction qui anime les vignerons au lendemain des vendanges.
« C'est un millésime exceptionnel », affirme Wilfrid Debroize, viticulteur à Saint-Vincent-de-Mercuze et président du Syndicat des vins de l'Isère.
Dans le Grésivaudan, les vendanges ont commencé début septembre avec le gamay pour s'achever fin septembre sur des cépages blancs qu'il était temps de récolter.
« Nous avons été un peu surpris par la maturité, reprend le viticulteur. Les degrés d'alcool atteints sont autour de 14° et nous avons de belles acidités. Cette année, les vieux cépages oubliés nous le rendent bien ! Nous arrivons à de beaux équilibres entre alcool, acidité et pH, ce qui donne des vins très fruités. »
Vendange tardive forcée
L'étraire de la Dhuy, le persan, la verdesse, la jacquère et la galopine de La Tronche ne se sont jamais aussi bien portés en Grésivaudan que cette année.
Les rendements oscillent entre les 40 à 45 hl/ha.
« Fin septembre, nous avons fait une cuvée de vendange tardive un peu forcée car nous avons préféré rentrer le viognier et la verdesse, en privilégiant l'acidité et pour ne pas atteindre de trop gros degrés en alcool, quitte à perdre un peu dans les arômes. Aujourd'hui, c'est au vigneron de s'adapter, d'avoir un œil neuf et d'ajuster son comportement à sa vigne », constate Wilfrid Debroize.
D'autant que le printemps pluvieux avait favorisé le développement du mildiou sur nombre de parcelles, obligeant les vignerons à effectuer de fréquents passages de cuivre.
Mais, en l'absence d'incident climatique, les grappes saines ont observé un beau développement.
Alcool et acidité
« Il a fait très chaud cet été et le raisin a séché sur place, mais il y avait quand-même du jus », confirme Luc Métral qui cultive 1,5 ha de cépages blancs dans les Collines Rhodaniennes.
Le chardonnay a été vendangé dès le 1er septembre et les fermentations sont déjà terminées.
« Pour le viognier, j'ai procédé en trois étapes, entre début et fin septembre ». Ici aussi, le dernier raisin récolté donnera une cuvée semi-tardive tant il était temps de limiter les concentrations.
« Il y a eu globalement du volume, avec des grappes sèches, mais lourdes », déclare le vigneron dont les vignes ont été épargnées par la maladie.
Il affiche lui aussi un rendement d'environ 40 hl/ha et des alcools autour de 14°.
« C'est une belle récolte, autant en quantité qu'en jus », s'enthousiasme également Martine Meunier, du domaine Meunier dans les Balmes dauphinoises.
Ni maladies, ni intempéries : « le vignoble a bénéficié d'un état sanitaire exceptionnel », précise la viticultrice.
Le domaine de 7 ha vendangé à la main a donné des rendements d'environ 50 hl/ha avec une acidité et des degrés d'alcool maîtrisés, même si un peu disparates entre les rouges et les blancs : de 12,5° à 14° entre le gamay, le chardonnay et le pinot gris.
Belle récolte dans les Trièves
Les viticulteurs du Trièves, après avoir connu des années catastrophiques, font aussi bonne figure au terme de ces vendanges.
« Les taux d'alcool sont assez élevés avec le sec », constate aussi Maxime Poulat, viticulteur à Prébois et vice-président de l'association Vignes et vignerons du Trièves en charge de la cave associative de Prébois qui réunit une quinzaine de propriétaires de vignes familiales.
Les cépages altesse, douce noire et persan ont offert des rendements d'environ 30 hl/ha, ce qui est significatif pour un vignoble d'altitude renaissant.
Quelques parcelles, comme celles de pinot noir - un cépage précoce pour la région - ont été plus sensibles au milidou, « mais on s'en sort bien, même en bio », se félicite le vigneron.
En cave, la récolte 2018, quels que soient les secteurs, a poursuivi sur sa lancée avec des vinifications qui s'opèrent dans les meilleures conditions.
Isabelle Doucet
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