Un ministre apiculteur

Le ministre de l'Agriculture est venu en Isère pour parler apiculture, mais c'est finalement l'ensemble des dossiers qui intéressent l'agriculture qui ont été abordés lundi denier à La Côte-Saint-André.
Il a commencé par annoncer qu'un nouveau plan de soutien à l'agriculture serait détaillé le 4 octobre prochain. Taxe sur le foncier non bâti, cotisations sociales, garanties bancaires : le ministre ne s'est pas avancé au-delà quant au contenu de ce nouveau plan.
Interpelé sur les interdictions d'utilisation des produits phytosanitaires, il regrette d'en arriver à des situations « où une fois interdit, on s'aperçoit qu'il n'y a pas vraiment de substitution ou que la solution trouvée peut être pire ».
Il estime que « la clé réside dans l'évolution des modèles de production ».
Le ministre défendra, dans le cadre de la prochaine Pac, un projet de « zone homogène » répondant à trois grands critères permettant de fixer des objectifs : la matière organique résidant dans les sols, leur biodiversité et leur couverture. Il parle de « structuration environnementale positive » basée sur des objectifs et non plus des normes.
Interprofession apicole
Le lycée agricole de La Côte-Saint-André étant un des neuf établissements français à dispenser une formation diplômante pour adultes en BPREA option apiculture, la question de la crise apicole a été évoquée.
« Nous sommes à la veille d'une mutation agricole. Ou on la développe, ou on la subit, a déclaré Stéphane Le Foll. La France possède des atouts colossaux avec l'agro-écologie. »
Il a ainsi démontré que pour nourrir les abeilles, il fallait par exemple avoir des légumineuses dans les blés, qui en même temps fixent l'azote, stockent le carbone, servent d'aliment au bétail et offrent une couverture de sol. CQFD.
Dans le cadre de la table ronde qui réunissait l'ensemble des acteurs de l'apiculture isérois, le ministre a aussi insisté sur l'urgence de créer une interprofession apicole, car la profession avait besoin d'être représentée.
Développer la production, éviter les importations, garantir la qualité sont autant d'objectifs pourvoyeurs de revenus que pourrait s'assigner une filière organisée.
Dans un communiqué de presse, il a aussi annoncé l'ouverture de deux nouvelles formations en direction des apiculteurs professionnels. Il s'agira d'un certificat de spécialisation apiculture orienté technique de l'élevage et d'un module de formation en ligne (Mooc) sur l'apiculture, téléchargeable à partir de 2018.
Coûts de production
A la demande de la FDSEA, le ministre a aussi rencontré les syndicats agricoles isérois qui l'ont interrogé sur la loi Sapin.
Le syndicat majoritaire demandait la prise en compte des coûts de production dans les contrats de la chaîne alimentaire et l'inversement de la logique de construction des prix, avec un démarrage des négociations commerciales à partir de l'amont.
Le ministre s'est montré très réservé. Il a souligné qu'il existait bel et bien un consensus politique autour des amendements proposés par la profession, mais contrecarrés par d'autres intérêts économiques.
Stéphane le Foll a aussi formulé une mise en garde concernant les coûts de production, indiquant que s'ils étaient indexés sur celui de l'énergie - qui n'a eu de cesse de baisser - leur estimation pourrait être encore plus dépréciée.
Le ministre s'est tout de même prononcé pour un renforcement du pouvoir des producteurs dans les négociations avec les industriels.