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Paillage végétaux

Une alternative au désherbage chimique en horticulture

En horticulture, les alternatives à la toile tissée et au désherbage chimique existent. Une expérimentation a été menée dans la Drôme avec une dizaine de paillages et des résultats à adapter à l'objectif de la production.
Une alternative au désherbage chimique en horticulture

Pendant quatre ans, le Pôle d'enseignement Terre d'horizon de Romans a mené une étude pour comparer différentes modalités de paillage. Efficacité, incidence sur le sol, sur le développement des plantes, ont été scrupuleusement observés. L'objectif : proposer une alternative au désherbage chimique ou au paillage plastique, mais aussi limiter les fréquences d'arrosage. Les paillages testés et comparés au désherbage chimique et à de la toile tissée (dont le recyclage est obligatoire) ont tous été trouvés à proximité de l'expérimentation. Il s'agit d'écorce de pin issue de scieries locales, de coques de fève ou de cacao récupérées auprès de Valrhona, de la fibre de frêne collectée chez un fabricant de manches d'outils, de la paille de blé produite localement, du bois raméal fragmenté (BRF) qui est un déchet de taille broyé et du broyat de miscanthus collecté auprès de producteurs locaux. Olivier Gros, conseiller attaché à la station Rhône-Alpes technique horticole (Ratho*) du Pôle d'expérimentation et de progrès (PEP) horticulture de Brindas, a suivi l'essai de près.
Chaque couvert revêt ses spécificités, l'écorce de pin acidifie les sols, est très facile à trouver et offre une belle épaisseur de paillage. Le miscanthus est un produit local et neutre. En revanche, sa durée de vie est limitée. Les fibres d'aubier de frêne sont des sous-produits de scierie. Elles se dégradent lentement, mais ont un coût élevé à l'achat. C'est le contraire pour la paille de blé, bon marché mais peu esthétique et porteuse de quelques graines résiduelles. « La fève de cacao présente beaucoup de freins tandis que le BRF multiplie les points positifs (amélioration du sol, disponibilité, perméabilité) », annonce le spécialiste.

Olivier Gros, conseiller attaché à la station Rhône-Alpes technique horticole (Ratho*)

Développement de la plante

En matière d'adventices, il n'y a pas photo : les fèves de cacao constituent le rempart le moins efficace, sans parler du chiendent et de l'ambroisie. Ceci, en raison de la phytotoxicité et du déséquilibre du sol qu'occasionne ce paillage par excès d'éléments minéraux. En revanche, ces mêmes fèves sont capables de retenir l'humidité aussi bien que le miscanthus ou la paille. L'écorce de pin présente quelques avantages en matière de limitation de l'enherbement.
En termes de croissance des végétaux (hauteur, ramifications, diamètre) le paillage le plus intéressant reste la toile tissée, de même qu'elle est très efficace face à l'enherbement. Le cacao et le BRF offrent aussi de belles performances. Les écorces de cacao favorisent la mise à fleur des végétaux, mais avec tous les inconvénients précités. Et le BRF, en raison de l'apport de matière organique et de ses capacités à retenir l'eau, contribue au bon développement de la plante.
L'écorce de pin sera mieux adaptée à des sols calcaires où elle jouera pleinement son rôle sur la durée. En revanche, elle est déconseillée sur les rosiers. Enfin, le miscanthus, grâce à ses apports en silice, aura un effet sur la rigidité de la plante, dont les épines de rosier. Sans résidu, producteur d'humus, c'est aussi un paillage souple, voire esthétique.  « Pour tous les paillages végétaux, les résultats montrent un taux de matière organique qui augmente, BRF en tête », indique l'enquête en excluant l'écorce de cacao.  « Il n'y a pas de paillage miracle », explique Oliver Gros, qui déconseille cependant l'utilisation de la paille dans les espaces verts.

 

*Ratho : Rhône-Alpes Technique HOrticole

Isabelle Doucet

Voir le tableau de protection contre l'enherbement

Voir : Le miscanthus, une filière encore balbutiante