Accès au contenu
Environnement

Une amende et un permis de construire pour l'Etoile du Vercors

Le maire de Saint-Just-de-Claix a accepté de signer le permis de construire pour que la fromagerie l'Etoile du Vercors ait sa propre station d'épuration. par ailleurs, l'entreprise a été condamnée à payer une amende 50 000 euros pour ses rejets d'effluents dans l'Isère.
Une amende et un permis de construire pour l'Etoile du Vercors

C'est le dénouement d'une affaire qui dure depuis huit ans. Le maire de Saint-Just-de-Claix, Joël O'Baton, a accepté de signer le permis de construire de la station d'épuration de la fromagerie l'Etoile du Vercors.

Le différend entre l'entreprise, rachetée en 2011 par le groupe Lactalis, et la collectivité tenait à la volonté de la mairie de voir l'Etoile du Vercors raccordée au réseau public alors que l'agro-industriel souhaitait construire sa propre station d'épuration.

Depuis des décennies, l'industriel rejetait des eaux chargées dans l'Isère, si bien qu'en 2018, des associations de défense de l'environnement avaient porté l'affaire en justice. L'Etoile du Vercors encourait une amende de 500 000 euros.

Elle a été condamnée le 8 avril par le tribunal correctionnel de Grenoble à verser une amende de 50 000 euros. Ses dirigeants ont été relaxés.

A contrecœur

La commune de Saint-Just-de-Claix est raccordée depuis 2014 à la station d'épuration intercommunale du Smabla « destinée à accueillir les effluents des entreprises situées aux Loyes », zone d'activité où est implantée L'Etoile du Vercors depuis 1942.

L'investissement avait coûté 22 millions d'euros à l'intercommunalité.

Le maire de Saint-Just-de-Claix devait même lancer une consultation publique pour recueillir l'avis des électeurs avant une ultime décision.

Il aura tranché juste avant, dans un communiqué envoyé à nos confrères du Dauphiné Libéré, où il déclare signer le permis de construire à contrecœur.

Soulagement

Pour l'Etoile du Vercors, la décision de la mairie « est un soulagement qui mettra fin au fait que nos eaux usées n'étaient toujours pas traitées, confie Pascal Vaucher, le nouveau directeur. Le maire avait toutes les pièces nécessaires pour nous accorder le permis de construire. »

Le document devait être signé ce mercredi 3 avril. Une fois le délai de recours épuisé, l'industriel espère aller au plus vite.

Dans l'idéal, la station d'épuration serait attendue pour cet hiver, le pic de production arrivant avant Noël. C'est à ce moment-là que la fromagerie transforme 100 000 litres de lait par jour (en moyenne 50 000 litres dans l'année) et où les rejets sont les plus importants.

L'équipement, dont l'investissement était estimé à 2,3 millions d'euros, sera capable de traiter des quantités d'effluents supérieures aux besoins actuels car le directeur « espère développer du volume dans les années à venir ». 

L'entreprise produit 2 500 tonnes de fromage par an, dont 600 tonnes de saint-marcellin IGP et 1 200 tonnes de saint-félicien, un produit qui a le vent en poupe, de même que les fromages bio.

L'Etoile du Vercors recherche d'ailleurs encore plusieurs millions de litres de lait bio pour répondre à la demande de consommation qui bondit depuis deux ans.

Elle travaille avec 80 producteurs de lait de vache et huit producteurs de lait de chèvre, emploie 143 salariés et réalise un chiffre d'affaires de 27 millions d'euros en croissance.

Des effluents chargés

L'affaire de la station d'épuration était devenue un enjeu économique pour le territoire, autant du point de vue des producteurs que des salariés, ou des emplois indirects.

C'est peut-être à cela que fait allusion le maire de Saint-Just-de-Claix lorsqu'il fait évoque des « pressions ».

Toutes les hypothèses, y compris celle de la délocalisation avaient été envisagées.

Pascal Vaucher rappelle que Lactalis ne souhaitait pas se raccorder à la Step intercommunale pour des raisons techniques liées à des méthodes d'épuration incompatibles entre effluents urbains et effluents agroalimentaires.

« Nos effluents sont chargés et risquaient de poser des problèmes à la station d'épuration », explique le directeur. Il avance aussi des problèmes de capacité.

Pour autant, il est encore prématuré de savoir si les boues de la station de l'Etoile du Vercors pourront être réutilisées en épandage agricole.

Du côté du monde agricole, l'étape franchie cette semaine « est une bonne chose pour les producteurs » car elle « garantit la pérennité de l'entreprise », confie un responsable. 

Isabelle Doucet