« Une approche responsable de ce que peut faire la PAC »
Vous organisez plusieurs éditions du Global Food Forum dans différents pays ?
En effet, Farm Europe est un think tank créé en 2014 qui organise des événements en Europe. Notre volonté est que l'Europe ne se résume pas à Bruxelles. Avec la crise agricole, l'Europe a été plongée au cœur des débats suscitant de nombreuses interrogations. La volonté, à travers le Global Food Forum est de faire vivre l'ambition d'une Europe à travers et dans les territoires où chacun s'investit.
Les idées que vous portez sont-elles de nature à alimenter la réflexion sur la prochaine PAC ?
La PAC est un des grands piliers de l'Europe, un élément central et fondateur qui unit les Etats membres. Les agriculteurs ont une relation particulière avec cette Europe, car ils vivent avec. L'exercice de réflexion et de réappropriation des politiques agricoles est donc important. Et il faut donner du sens à ces politiques en participant à la réflexion. Ces idées nourrissent un rapport annuel que nous remettons aux responsables européens de la Commission et du Parlement européen. Après, il revient à la Commission de faire des propositions. Aujourd'hui, nous nous situons dans un contexte particulier puisque les réflexions en amont de la prochaine PAC ont recommencé.
Pourquoi le choix de Lans-en-Vercors ?
Un élément central de la construction européenne et notamment dans le secteur agricole est la diversité, qui doit être prise en compte dans la conception de la politique, à travers ses différentes filières et ses différents territoires. L'ambition qui prévaut dans la réflexion du Global Food Forum est de tenir compte de toutes les problématiques et plus particulièrement celles des zones fragiles. Le Vercors en est un exemple, qui présente un potentiel. La société regarde ces zones avec l'envie qu'y soit préservée l'agriculture et il faut trouver des solutions politiques pour préserver cette ambition.
Comment va se dérouler le forum ?
Il s'agit d'être méthodique. Des notes de réflexion accompagnent chaque atelier : durabilité économique des zones intermédiaires, organisation de filières et durabilité environnementale. Les solutions procèderont de la confrontation des points de vue et des idées. Nous accueillerons deux types de participants : ceux qui concourent à l'élaboration de la politique, c'est-à-dire le Commissaire européen, les responsables de la commission ou des responsables d'organisations européennes et ceux qui vivent au quotidien ces politiques, c'est-à-dire des responsables des territoires, des agriculteurs et des personnes engagées. L'enjeu est de créer le dialogue entre ces deux types d'acteurs. De ces discussions sortiront des idées meilleures et plus efficaces.
Le pouvoir d'action sur la PAC est-il réel ?
La politique de la PAC existe et je ne crois pas au grand soir. Nous ne partons pas d'une feuille blanche, mais devons plutôt réfléchir à une évolution nécessaire et rapide.
Comment traiter à la question du revenu agricole qui fait partie des attentes fortes ?
La notion de prix payé et le sujet fondamental de la valeur renvoient à la question de la valorisation du travail et des produits. Une des portes d'entrée est la construction de la valeur par les territoires et c'est un des grands enjeux de la PAC 2020. La protection face aux aléas (climatiques, environnementaux, sanitaires, de marché) est aussi un élément de crise face auquel l'Europe est démunie. Un des enjeux sera donc de trouver des solutions efficaces pour générer de la valeur.
Comment la PAC peut-elle venir en soutien aux zones les plus fragiles ?
La PAC ne peut promettre que ce qu'elle peut délivrer. L'objectif est de tirer d'un stress fort la profession agricole car elle vit dans l'incertitude. Il faut donc avoir une approche responsable de ce que peut faire ou non la PAC. Il faut être honnête : les contraintes budgétaires sont très présentes et plus particulièrement avec le Brexit ou la question de l'augmentation du budget de la défense européenne. Mais il y a un caractère d'urgence à trouver des solutions.
