Une campagne express

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. La récolte nucicole 2013 avait été forte en volume, faible en qualité, celle 2014 n'a jamais été aussi limitée en quantité mais honorable en calibre. « La campagne s'est déroulée dans de bonnes conditions, comparée à 2013 », constate Yves Borel, président du Comité interprofessionnel de la noix (CING). C'est d'ailleurs une campagne express débutée le 24 septembre et qui a pris fin trois semaines après, coteaux compris. Pluie incessante l'an passé, grand beau temps cette année : « Nous avons eu des conditions climatiques exceptionnelles », poursuit le nuciculteur. Pas de problème de boue, ni de noix qui restent à terre ou de séchage à l'infini, une noix parvenue à maturité sur les dernières semaines de beau temps ; tous ces éléments positifs ne sauraient cependant masquer l'essentiel : le manque de volume. Moins 40 à 50% constaté, bien au-delà des moins 33% annoncés, la récolte 2013 de la noix de Grenoble ne dépassera pas les 8 000 tonnes. La belle qualité du cru 2014 ne pourra sans doute pas compenser le manque à gagner pour les nuciculteurs habitués à des années fastes. « Les calibres sont plus qu'acceptables », indique Yves Borel. Le poids spécifique, la couleur des cerneaux, les qualités gustatives sont donc au rendez-vous. De plus, grâce à sa précocité, la noix de Grenoble a pu jouer sur une mise en marché rapide. Un atout supplémentaire dans une guerre concurrentielle qui se joue à l'échelle des continents. « C'est un marché porteur. Tous les opérateurs commerciaux recherchent du volume, poursuit le nuciculteur, de sorte que nous pouvons compter cette année sur un maintien, voire une augmentation du prix payé au producteur. » Le delta sera donc à rechercher sur le calibre, indice sur lequel est évalué le prix de la noix.
« On est au top »
« C'est une qualité presque parfaite, observe Sylvain Bergerand, polyculteur noix et céréales à Notre-Dame-de-l'Osier. La récolte n'est pas très abondante, mais nous avons pu ramasser et sécher dans de bonnes conditions, en deux semaines à peine et en prenant notre temps. » Sur une SAU de 75 hectares, l'exploitant compte 30 hectares de noyers en production et 10 hectares de jeunes vergers, dont une bonne partie plantés sur les coteaux. « Nous avons procédé à deux secouages légers pour faire tomber les premières noix à maturité, mais elles n'ont pas traîné au sol ». Cependant, le nuciculteur oppose deux bémols : les calibres sont « moyens, voire presque proches de l'an dernier » et la récolte de 60% inférieure à 2013. Comparé à une année normale, cela représente moins 30%. Cet adhérent de Coopenoix aura donc récolté 35 tonnes de très belles noix qui compensent par leur qualité. « Les cerneaux sont extras, très garnis et présentant un bon poids spécifique. Les coquilles sont très claires. On est au top. » Il mise donc cette année sur la qualité « pour établir les prix », avec quelques interrogations sur la capacité du verger isérois à fournir les marchés. « La culture de la noix est très aléatoire et nous ne sommes pas près de la maîtriser », ajoute-t-il. Mais son inquiétude, pour les années à venir, vient surtout des maladies que sont la nécrose et l'anthracnose. « Ce phénomène se généralise », note-t-il. Les noix perdues sont autant de pertes sèches qui viennent s'ajouter au phénomène de la baisse des volumes cette année.
Isabelle Doucet
Voir aussi : Coopenoix investit pour l'avenir
et La noix de Grenoble ne veut pas se laisser écraser