Une Coccinelle fière de ses tomates

Du goût et de la qualité. Telles sont que les mantras que les Figuet rappellent à chaque fois qu'ils ouvrent les portes de leurs serres à un visiteur. Le prochain rendez-vous est fixé le 25 mai, à Ville-sous-Anjou, à l'occasion des journées Serres ouvertes initiées par l'Association d'organisations de producteurs nationale Tomates et concombres de France.
A voir les vergers et les serres qui zèbrent l'exploitation sur une centaine d'hectares, on penserait d'abord que la SCEA Coccinelle a plutôt un tropisme pour le tonnage. « Le volume, ça vient après, clarifie Serge Figuet, responsable du "secteur tomate". Ce qui prime, c'est la qualité, le gustatif et le service. » Il suffit de tendre la main vers une tomate cerise pour s'en convaincre. Un concentré de soleil.
Transparent
Pourtant, la petite tomate, comme toutes les variétés cultivées ici, a poussé sous serre chauffée, dans de la fibre de coco, « sans rien y mettre, sauf des éléments nutritifs ». C'est d'ailleurs ce que Serge et Franck Figuet vont expliquer aux visiteurs, samedi prochain. Leur objectif : être le plus transparents possible. « Aujourd'hui les gens cherchent à savoir comment nous travaillons, fait remarquer Serge. Nous, les producteurs, nous n'avions pas forcément une image très positive. La qualité, nous l'avons pourtant toujours faite. Ça a toujours été notre marque de fabrique. Mais aujourd'hui, nous sommes peut-être plus ouverts. »
Et les visiteurs apprécient. Ils se comptaient sur les doigts d'une main pour la première édition des Serres ouvertes il y a trois ans ; ils étaient une centaine l'an dernier. Un succès que les Figuet vivent comme une forme de reconnaissance. Bien sûr, l'opération nécessite pas mal de préparation et d'énergie. Le jour J, il faut faire visiter les serres, expliquer comment sont conduites les cultures, répondre aux questions, faire goûter les produits... A chaque fois, l'accent est mis sur le côté raisonné de la culture. Les maraîchers précisent que les apports sont fonction des besoins naturels de la plante. Idem pour la lumière, l'arrosage et la chaleur. Côté technique, un ordinateur climatique gère l'ensemble du processus, depuis l'irrigation, le climat et le chauffage (système de cogénération) jusqu'à l'aération. « Tout ce que la plante ne consomme pas est collecté et recyclé », indique Serge Figuet. Comme tout le reste, les feuilles, les substrats, les ficelles.
Priorité aux auxiliaires
Pour ce qui est de la pollinisation et de la lutte contre les prédateurs, priorité est donnée aux auxiliaires. Des abeilles dans des ruches de carton pour transporter le pollen, des punaises prédatrices (Macrolophus pygmaeus) pour se débarrasser des pucerons et des phéromones pour piéger la mineuse de la tomate (Tuta absoluta). La Coccinelle porte bien son nom : elle n'utilise aucun pesticide, sauf en cas d'attaque sévère. « S'il faut que je traite, je traiterai, assume Serge. Mais nous avons une démarche la plus respectueuse possible de l'environnement. Nous mettons beaucoup de moyens sur la lutte : il faut être irréprochable. »
C'est ce que demande le client, en l'occurrence la grande distribution. Car, mises à part les ventes réalisées au magasin et par le distributeur automatique récemmement installé à côté du bâtiment où sont conditionnés les fruits et légumes, toute la production part chez Grand Frais, Métro, Carrefour, Intermarché et autres Lidl. A quel prix ? C'est un peu la guerre, mais La Coccinelle s'en sort en diversifiant sa production : fraises (14 hectares), pommes bio (8 hectares) et tomates (7 hectares allant de la grappe de base aux tomates cerises, en passant par des variétés haut de gamme, comme la valentino). « Aujourd'hui, le marché de la tomate est dans un marasme qu'on n'a jamais connu, confie Serge Figuet. L'an dernier, on a travaillé pour zéro. On s'en tire avec la segmentation, en valorisant certaines productions mieux que d'autres. » Et aussi grâce aux « très bons retours » des clients : ça aussi, c'est « bon pour le moral ».
Marianne Boilève