Niché dans la commune d'Herbeys sur les hauteurs de Grenoble, se trouve le Gaec du Thicaud.

Il compte une SAU de 120 hectares et un troupeau de quarante-cinq vaches laitières de race montbéliarde ainsi que quarante cochons.

Le choix de l'élevage porcin ne s'est pas produit dès la création mais sonne aujourd'hui comme une évidence pour les associés car il permet d'utiliser le petit lait issu de la fromagerie.

Un Gaec ouvert sur l'extérieur

Lancée en 1979, l'exploitation à l'origine familiale s'est ouverte depuis à l'extérieur, et de trois associés au début des années 1990, elle en compte aujourd'hui huit.

La principale contrainte d'être si nombreux est le grand roulement qu'il peut y avoir d'une année sur l'autre.

Marion Demay explique en effet que le Gaec a enregistré l'an dernier quatre départs pour deux arrivées.Deux nouveaux associés devraient arriver courant 2018.

Les cogérants n'étant pas des salariés, ils se rémunèrent selon « un partage au pro rata des heures effectuées » indique Anne Sophie Bobin.

Une large gamme de produits bio

Le Gaec a la particularité d'être une exploitation agricole 100% biologique qui produit du lait (240 000 litres en moyenne chaque année), divers types de fromages mais aussi de la charcuterie.

Les exploitants transforment eux-mêmes le lait (depuis 1982) et la viande de porc, ce qui a dû demander un temps d'adaptation, aucun des associés n'étant charcutier de formation.

Le fourrage destiné à l'élevage est quant à lui produit au sein du Gaec, l'achat d'intrants se limitant au tourteau de colza, à la paille et au sel.

La mise au bio ne date pas d'hier, puisque l'exploitation a obtenu la labellisation dans les années 1990.

Cave à fromages du Gaec du Thicaud.

Ce virage vers le bio n'a pas été effectué pour des raisons économiques ou pour surfer sur une tendance sociétale mais bien par choix de vie confirme Gilles Navarre, associé de la ferme.

Les producteurs défendent également un savoir-faire, que ce soit dans les techniques d'affinage que dans les tâches qui se réalisent encore à la main telles que la mise en pot des yaourts, « on préfère clairement les commandes pour des yaourts en seau » plaisante Anne Sophie Bobin, lors de la visite de la fromagerie.

Vente directe

Il faut enfin noter que l'exploitation effectue 75% de son chiffre d'affaires en vente directe, étant présente sur quatre marchés par semaine, (ceux d'Europole et Hoche à Grenoble, Meylan et Tavernolles pour les deux autres).

Les produits du Gaec du Thicaud se retrouvent aussi au magasin de producteurs Herbe & Coquelicot, existant depuis 2013 et situé dans la commune.

La vente indirecte se réalise quant à elle lorsque les producteurs ont une grande quantité de lait à écouler, comme le précise Gilles Navarre.

Jordan Dutrueux

Restauration collective

Rencontrer directement les producteurs

Pour la première fois depuis sa création, Mangez Bio Isère tenait ses quartiers au Gaec du Thicaud.
Au menu de ce mardi 4 juillet, dégustation de fromages de producteurs bio locaux, buffet, visite de l'exploitation et nombreux échanges entre producteurs et clients.
Lancée en 2005, Mangez Bio Isère met en relation des producteurs bio locaux avec des acheteurs de cantines publiques ou privées.
Cette société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) est partenaire du Gaec du Thicaud depuis les tout débuts et lui commande principalement du fromage blanc battu en seau de 5kg et de la tomme de montagne destiné à la restauration collective.

Resserrer les liens

L'invitation a attiré une quarantaine de personnes « Il n'est pas facile de mobiliser sur un jour ouvré où les gens travaillent, où il y a encore des choses à faire en cuisine », admet Romain Pierre, commercial pour la SCIC.
Seule petite ombre au tableau, le manque de responsables de cantines privées malgrè l'invitation.
Quant à l'impact et aux avancées obtenues à l'issue de cette journée, il est encore trop tôt pour s'exprimer considère Romain Pierre, mais il est convaincu qu'un tel type d'évènement permet de « resserrer les liens, aux clients d'échanger sur leurs pratiques, de rencontrer directement les producteurs. ».
Quoi qu'il en soit Mangez Bio Isère compte bien renouveler ce type de journées, ainsi que multiplier les interventions en self d'écoles primaires, de collèges mais aussi d'entreprises.