Une maison en bois pour tous

Quand avez-vous commencé à construire des maisons en bois ?

Depuis 14 ans, je ne fais de la construction neuve qu'en préfabriqué bois. Et depuis une dizaine d'années, ce sont des maisons écologiques ou à basse consommation d'énergie. En réhabilitation, je travaille beaucoup sur les structures, les planchers, les chaînages bois. Je me suis intéressé au bois parce que j'ai un brevet technique en agencement et que j'ai suivi une formation à l'école Boulle. Avant de m'installer, j'ai été salarié chez un constructeur de maisons qui réalisait des chalets. J'ai une bonne expérience professionnelle du bois. Le bois est un choix. J'ai construit ma première maison à ossature bois en 1985, au Murier.

Pourquoi utiliser plutôt le bois ?

Je suis convaincu que c'est le meilleur système de construction dans un rapport qualité/prix. Il faut aussi noter la rapidité et la propreté des chantiers en comparaison à la maçonnerie. Lorsqu'en 2005 j'ai construit ma maison de 172m2, il ne m'a fallu que 4 mois et demi. Ces constructions offrent aussi un confort thermique supérieur. Et surtout, à l'époque je trouvais les artisans charpentiers très professionnels. Depuis, j'ai aussi rencontré de bons maçons. Je suis allé dans le bois pour travailler dans de bonnes conditions.

Le manque de structuration de la filière bois n'est-il pas un handicap ?

Dans les années 80, la culture politique allait clairement à l'encontre du bois. J'ai eu énormément de mal, dans le Trièves, à faire des maisons en bois en raison de freins administratifs. Ce fut un gros combat. Il a fallu faire des conférences pour expliquer et faire accepter ce type de construction. Peu à peu, les mentalités ont évolué. Quant aux artisans, il y a beaucoup de charpentiers et ce n'est pas un problème pour travailler avec eux. En revanche, pour les matériaux, c'est plus compliqué. Il y avait un centre de séchage dans le Trièves, qui ne fonctionne plus. Je travaille beaucoup avec du douglas, un bois de classe 3 qui peut être mis en extérieur. Je m'approvisionne dans les Monts du Lyonnais, ce n'est tout de même pas très loin. Je ne travaille pas avec du bois du Nord, mais quelque fois avec les Allemands, pour les dalles préfabriquées, car leur filière est plus développée que la nôtre. Pour la menuiserie bois, en revanche, ce ne sont que des produits allemands. Le problème de la filière locale, est de travailler avec de petites entreprises qui n'ont pas la structure et l'organisation pour soutenir les délais de livraison, ce qui n'est pas le cas avec les entreprises allemandes.

Quels sont les avantages du préfabriqué ?

Le charpentier travaille le préfabriqué en atelier. C'est un vrai savoir-faire, car il y a beaucoup de détails à ne pas négliger. Les éléments sont étanches à l'air et prévus pour une basse consommation d'énergie. Leur assemblage est très simple. Hormis les délais plus courts de réalisation de chantier, la maison ossature bois offre confort, esthétique et potentiel architectural. On peut réaliser en bois des choses qui seraient plus difficiles à faire en maçonnerie, comme de grandes ouvertures. Il y a plus de créativité en ossature bois, mais cela vient peut-être aussi des clients, d'une certaine ouverture d'esprit. Enfin, en équivalence de performance thermique la maison bois est moins chère. Aujourd'hui, les matériaux ont évolué et l'on pose un seul panneau qui remplit plusieurs fonctions (isolation, pare-pluie etc.)

Que retrouve-t-on dans votre ouvrage* ?

Un collègue, Philippe Lequenne, m'a sollicité pour écrire ce livre à deux mains sur la construction préfabriquée en bois. Ce fut un défi. On y montre l'intérêt de la construction bois, tout son potentiel et les différentes techniques possibles. Il s'agit d'enlever les idées reçues sur ce type de construction et de redonner une dimension populaire à la maison en bois. C'est une habitation pour tout le monde.

Propos recueillis par Isabelle Doucet

*La construction préfabriquée en bois
Jean-Luc Moulin - Philippe Lequenne, éditions Terre vivante, mai 2014, 160 pages, 23 euros