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Concours général agricole

Une sélection des vins dans la rigueur

La sélection des vins de Savoie-Bugey-Dauphiné s’est déroulée le 5 février à Apremont en Savoie. 180 échantillons étaient en lice.


 

Par Isabelle Doucet
Une sélection des vins dans la rigueur
Une quarantaine de jurés ont dégusté 180 échantillons de vins de Savoie-Bugey-Dauphiné.
Photo : ID TD

180 échantillons en lieu des 200 habituellement présentés, « ce n’est pas une année facile », déclare Julien Barlet, président de la fédération des vins de Savoie Bugey Dauphiné, organisatrice de la sélection des vins qui concourront à Paris le 22 février.

Car dans cette catégorie, tous les produits présentés ne participent pas au Concours général agricole. Un tiers est déjà écarté en présélection régionale. Une matinée de test était ainsi organisée le 5 février à la Maison de la vigne et du vin d’Apremont.

« Les vins du Bugey ou du Dauphiné n’ont pas la capacité d’organisation en vue du concours, aussi dans notre association, nous mutualisons les moyens humains et financiers », explique le président.

Les crus 2023 et 2024 ont été dégustés par une quarantaine de personnes, professionnels et amateurs avertis, ces derniers représentant les goûts des consommateurs.

La Maison de la vigne et du vin d’Apremont offre, dans son niveau inférieur, un espace dédié à la dégustation. Les groupes de quatre personnes se répartissent autour d’une dizaine de tables aménagées où les attendent entre 15 et 22 échantillons anonymes.

Les vins à déguster sont prélevés à la cuve dans chaque exploitation par des salariés de l’organisation. Aucune différenciation possible : toutes les bouteilles sont identiques.

« La rigueur du concours en termes de sélection confère sa notoriété au Concours général agricole et en fait une référence, indique Julien Barlet. Et les vignerons tirent satisfaction à être primés. Contrairement aux autres concours où tous les vins arrivent sur la table, au CGA un tiers sont déjà éliminés. »

Les meilleurs iront à Paris

Missions était donc donnée aux dégustateurs de n’envoyer à Paris que les meilleurs flacons parmi ceux que les vignerons avaient choisi de présenter.

Tous les crus étaient au rendez-vous : chignin, chignin bergeron, jongieux, apremont, roussette, mondeuse, rosés etc., mais aussi vins du Bugey et Coteaux alpins.

Une à deux appellations par table, le tout sous couvert d’anonymat. Il faut deux heures en moyenne aux dégustateurs pour faire leur choix et donner leur appréciation.

Un président de jury par table annonce les numéros d’échantillon et sert chaque membre. Sont appréciés l’œil, le nez et la bouche de chaque vin ainsi que son harmonie générale.

La dégustation se fait plutôt en silence afin que les membres du jury ne s’influencent pas mutuellement. À peine quelques remarques sur un échantillon atypique, un vin qui sort du lot ou un autre représentatif du caractère de l’appellation. Les vins sont notés sur 100.

Des appréciations importantes

Autour de la table des chignin-bergeron, un premier échantillon est goûté au hasard, une sorte d’étalonnage pour préparer le nez et le palais aux autres propositions.

La méthode est efficace et permet aux goûteurs de s’engager avec moins d’hésitation. Le rythme est soutenu dans une ambiance de grande concentration.

Au bout des 15 échantillons dûment recrachés, chaque juré est invité à donner son avis, pourquoi un vin lui a plu ou déplu, selon quels critères. L’enjeu est rude : cinq vins n’auront pas leur ticket pour Paris.


Sélection des vins de Savoie en vue du CGA2025. Photo : ID TD

Certains sont écartés de façon consensuelle. Une acidité trop marquée, en dépit du fait qu’elle est typique du chignin-bergeron, une légère réduction qui mérite que le vin soit aéré, un vin un peu perlant sont autant de points discutés.

Il faut goûter et regoûter pour apprécier le plus finement possible le résultat du travail des vignerons.

Chaque échantillon bénéficie d’un commentaire. Les résultats ne seront connus qu’après le concours général. Y compris ceux concernant les vins qui n’ont pas été sélectionnés. Les vignerons ignorent donc si leur vin est arrivé à Paris ou non.

Ces appréciations sont presque plus importantes pour les non-médaillés que pour ceux qui seront distingués. Les candidats témoignent souvent de leur utilité pour alimenter leur réflexion sur leur pratique.

« Les vins de Savoie ont fait beaucoup de progrès en qualité depuis 25 ans. Les blancs sont désormais reconnus. Notre chance est la typicité de nos cépages », confie Julien Barlet.

Pour autant, 2024 a été « la deuxième plus petite récolte de ces 20 dernières années et les stocks sont au plus bas. C’est pour cela qu’il y a moins d’échantillons présentés », ajoute le président.
Isabelle Doucet