Une vigne sur les contreforts du Vercors

Il est vigneron au pays de la noix. Antoine Depierre a sans doute un petit côté « hurluberlu » comme il le dit lui-même.
Planter de la vigne à Auberives-en-Royans, sur un terroir qui n'avait pas vu un cep depuis belle lurette, n'est pas banal.
« C'est un projet de reconversion professionnelle. J'hésitais entre racheter un restaurant ou un vignoble, mais cela supposait de récupérer le travail d'un autre. Or, je souhaitais créer quelque chose dans un endroit où l'on ne m'attendait pas. »
Le choix d'Auberives est celui d'un château dont la famille est propriétaire depuis le XIXe siècle. « C'était notre maison de vacances, ma famille habitait Montbonnot », explique Antoine Depierre, dont la carrière professionnelle de sommelier s'est déroulée dans l'hôtellerie de luxe. « Je me suis installé là où j'avais envie de vivre ».
Travailler le sol sans le casser
C'est dans cette propriété familiale qu'il crée de toute pièce « un vignoble en famille ». Pas moins de 14 parents ont mis en effet la main à la pâte.
Depuis 2013, Antoine Depierre a planté un hectare par an, roussanne et sauvignon principalement, mais aussi de la syrah et du viognier.
Le vignoble est conduit en gobelet sur échalas.
Les premières cuvées arrivent sans encombres dès 2016. Mais la satisfaction est de courte durée.
« Au mois d'avril, le vignoble a gelé à 90%, déplore le viticulteur. De plus, en faisant le choix de l'absence d'engrais, le peu qui n'a pas gelé a eu du mal à faire du raisin. Je suis allé un peu trop loin dans ma démarche. » Antoine Depierre ne pense pas obtenir de production en 2018 non plus.
Dommage parce que ses vins s'étaient déjà placés sur quelques belles tables de l'Isère : un blanc baptisé Le Culotté de Mayoussier et un rouge, Domaine Mayoussier. Le vigneron achète aussi du grenache pour faire du vin rosé.
Les parcelles sont entretenues à la main, de la taille aux vendanges, et le vigneron a également recours à la traction animale.
« Mon arrière-grand-père était administrateur de Saint Gobain, confie le viticulteur. Il a introduit les produits phytosanitaires en agriculture. Aujourd'hui, je suis dans une démarche complètement opposée. Je n'utilise pas ou peu de phytos, mais je ne veux pas d'étiquette pour autant. »
L'idée du cheval est arrivée très tôt, afin de dépasser la problématique des parcelles pentues. « Comment désherber ? » s'est demandé Antoine Depierre.
« Je voulais éviter l'accident de tracteur et l'utilisation du treuil coûte cher. C'est en voyant une vidéo de cheval dans les vignes que j'ai réalisé qu'il y avait un vrai problème. On ne voit pas ce qui se passe dans la vie du sol. Or, le cheval permet de travailler le sol sans le casser. »
Pour cette prestation, le domaine Mayoussier fait appel à l'entreprise de traction animale Traits à propos basée à Saint-Quentin-sur-Isère et membre du réseau Auvergne-Rhône-Alpes traction animale.
« Nous sommes éloignés et nous sommes originaux, alors autant aller jusqu'au bout de notre démarche et revenir à un travail du sol comme dans les années 50 ».
Isabelle Doucet
Manifestation / La deuxième édition du Salon du vin à cheval se tiendra à Pont-en-Royans les 4 et 5 novembre.Une fête qui a du crin
Avec le travail du sol en traction animale, Antoine Depierre a fait de sa pratique un axe de communication. Si bien qu'il est l'une des chevilles ouvrières du Salon du vin à cheval, qui se tiendra à Pont-en-Royans les samedi 4 et dimanche 5 novembre.La manifestation réunira pendant deux jours 27 vignerons d'Isère, de France et de l'étranger ainsi que des exposants, sur la place du Breuil et le parvis du musée de l'eau : producteurs locaux, artisans et de nombreux prestataires de traction animale.

Le domaine Mayoussier ouvrira ses portes pour des démonstrations de traction animale dans ses vignes et la fabrication de matériel agricole.
Le salon propose un programme étoffé autour de la projection du documentaire « Trait de vie », mais aussi d'une conférence-débat sur le cheval comme outil de développement, des concerts (rock et classique), des rencontres, un marché, de la restauration, sur place ou avec les restaurants associés.
L'an passé, le premier Salon du vin à cheval avait attiré 800 visiteurs payants.