Voyage en plein coeur de la récolte de noix de Grenoble

« Il peut arriver qu'il y ait un jour ou deux de télescopage. Mais à ce point là, c'est une première », lance Serge Tardy-Covet agriculteur, au sein du Gaec « Les fruits des dauphins » à La Buissière, dans le Grésivaudan, quand il parle de la saison des noix qui a démarré alors que celle des pommes n'était pas terminée.
« Pendant une semaine, nous avons dû mener les deux récoltes de front. Dans l'organisation, ce n'était pas évident. Nous avons dû scinder notre équipe de travail : trois personnes aux fruits et six aux noix. Heureusement qu'il a fait beau ; cela nous a facilité la tâche », ajoute-t-il.
Cette situation est due à la précocité des noix qui peuvent être ramassées cette année, sous appellation, depuis le 23 septembre.
Alors, pour que toutes les récoltes se passent bien, l'activité, dans la ferme familiale est à son comble.
Trois personnes travaillent à temps plein dans l'exploitation : les deux associés du Gaec, Serge et Yohann Tardy-Covet, son fils, ainsi que l'épouse de Serge, Nathalie, qui est salariée.
Pour les récoltes, ils sont aidés par du personnel saisonnier. Auparavant, ils avaient un permanent, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui.
« Nous aimerions retrouver quelqu'un, mais ce n'est pas évident », explique l'agriculteur.
Forte capacité de stockage
Pour qu'elles soient de bonne qualité, les noix ne doivent souffrir aucun délai de ramassage.
« Une fois que la récolte est lancée, c'est une vraie course contre la montre. Il faut aller vite, car à partir du moment où les noix sont tombées, nous avons entre trois et quatre jours pour les ramasser, les laver et les sécher, de façon à ce qu'ensuite, elles se conservent dans les meilleures conditions », précise le nuciculteur.
D'où la mise en place d'une installation performante au sein de l'exploitation, au cœur même du village de La Buissière, qui ne cesse d'évoluer.
Chaque année, de nouvelles améliorations sont apportées pour gagner en confort de travail et en vitesse de traitement.
Ici, une machine. Là un tapis. Ce n'est jamais fini. Il faut faire face aux imprévus et éviter que le matériel ne tombe en panne.
Une fois ramassées, les fruits à coque sont immédiatement ramenés à la ferme où ils suivent un itinéraire bien précis.
Les noix sont d'abord lavées, puis font l'objet d'un premier tri destiné à enlever les pierres, les bois et les brous qui subsistent.
A l'aide de tapis, elles sont emmenées dans des tours où elles sont séchées, au gaz.
Les noix sont ensuite à nouveau triées, puis passées dans un séparateur qui enlèvent les plus légères, et dans un calibreur, qui sépare les différents calibres.
Car seules les noix dont le diamètre est supérieur à 28 millimètres sont valorisées en AOC noix de Grenoble ; les plus petites sont donc utilisées pour la fabrication d'huile de noix.
Elles sont enfin placées dans des bennes pour être expédiées en fin de saison, par transporteur, à Coopenoix, à Vinay.
Cette organisation nécessite une forte capacité de stockage, « 40 tonnes » précise Serge Tardy-Covet.
Franquette
Chaque génération a marqué de son empreinte l'exploitation en faisant évoluer les productions.
« Mon grand-père était éleveur. Mon père a introduit la culture du tabac. Et nous, nous nous sommes orientés vers les fruits », explique Serge Tardy-Covet.
Mais les noix ont toujours été présentes.
« Nous sommes très attachés à cette culture, soutient le producteur, qui explique être resté fidèle à la noix de Grenoble d'origine et à ne cultiver que de la franquette. C'est notre choix. Nous pouvons nous le permettre car nous ne faisons pas que de la noix ». Sa diversité de productions*, Serge Tardy-Covet y tient car il est estime que « la noix est une culture à risque. Certes, elle est intéressante à produire, à travailler, mais en un coup de vent, on peut tout perdre ».
Celui qu'il a subi en 2003 est encore très présent dans sa mémoire.
* Aujourd'hui, les Tardy-Covet exploitent 130 hectares à La Buissière et dans les communes environnantes. Ils cultivent 15 hectares de noyers, 10 hectares de fruits (pommes, poires, kiwi), un hectare de maraichage et le reste en céréales (maïs, blé, soja et tournesol).
Isabelle Brenguier
Un chapardage de grande envergure
