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Avis de tempête à Beg Porz

Le patrimoine économique et culturel que constitue le centre de vacances de Beg Porz doit rester dans le giron des organisations professionnelles d’Isère et de Savoie selon Jérôme Crozat, administrateur à la MSA Alpes du Nord. 

Avis de tempête à Beg Porz
Avec sa façade maritime, ses plus de deux hectares et une région au climat doux, le domaine de Beg Porz peut aiguiser les appétits financiers.

La décision a toujours du mal à passer : celle de transférer la société civile immobilière (SCI) Domaine de Beg Porz à la SCI d’Astorg a le don d’agacer fortement Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère, administrateur de la caisse de la Mutualité sociale agricole (MSA) Alpes du Nord, et Jean-Paul Carron, président de l’association de gestion de ce centre de vacances breton, mais fondé par des Isérois en 1962. Leur volonté ? Que le conseil d’administration de la caisse de MSA Alpes du Nord se prononce sur le bien-fondé de cette décision. 

La SCI Astorg pourrait recevoir ledomaine de Beg Porz

« Beg Porz appartient via la SCI à la caisse Alpes du Nord. C’est un bien qui rapporte de l’argent. Il faut que l’ensemble des collèges composant le conseil d’administration de la MSA débatte cette opération », estime Jérôme Crozat.

D’autant plus que le responsable professionnel craint une perte de capital au détriment des organismes départementaux impliqués dans la SCI. « La SCI Astorg, c’est encore la MSA par le biais de la caisse centrale. Mais le jour où l’Etat va exiger de renflouer les caisses de l’institution, la première chose qui sera faite sera de vendre ce bien à un acteur privé du tourisme qui sera trop heureux d’y mettre la main dessus. » 

Appétit financier

Le centre de vacances peut aiguiser les appétits financiers de n’importe quel investisseur. Les responsables agricoles qui ont lancé l’opération en 1962 avaient eu le nez creux. 2,2 hectares situés au bord de l’eau mais légèrement à l’abri de l’océan, 600 mètres de façade maritime, le bien est idéalement situé. « D’autant plus que si la Bretagne pouvait attirer les railleries des sudistes il y a quelques années, on voit bien qu’avec le changement climatique, les données évoluent fortement. On peut considérer que ce sera la Côte d’azur des prochaines décennies », tempête Jérôme Crozat.

Au moins dix millions d'euros

« En 2015, le centre a été évalué à 8 millions d’euros au moment de l’apport dans la SCI interdépartementale, chiffre Jean-Paul Carron. Des travaux ont été effectués depuis : des mises aux normes, des embellissements, des rénovations diverses importantes. On peut considérer que ce patrimoine s’élève aujourd’hui entre 10 et 12 millions d’euros. » Et ne se dévaluera pas compte tenu de l’emplacement exceptionnel.

Rentable

Les chiffres parlent d’eux-mêmes selon le président de l’association de gestion. « Nous réalisons 1,864 million d’euros de chiffres d’affaires (2022), nous servons 49 000 repas, 22 équivalents temps plein sont employés localement (de 6 à 53 salariés selon la saison) et nous versons 220 000 euros de loyers à la SCI ». Jean-Paul Carron reste donc abasourdi devant la décision de se séparer de ce patrimoine collectif. Il pressent même un danger supplémentaire : « Notre association détient la délégation de gestion de ce centre jusqu’à la fin 2024. La SCI d’Astorg peut très bien ne pas nous la renouveler à cette échéance. »

Fusion absorption

La profession agricole d’Isère et des deux Savoie perdrait alors définitivement tout pouvoir sur ce havre de paix qu’elle a créé et géré depuis plus de 60 ans. « L’objectif est que tout le monde soit au courant, que les personnes qui sont en capacité de se prononcer aujourd’hui (les administrateurs de la MSA, ndlr) le fasse en connaissance de cause. Ce n’est rien d’autre qu’une fusion absorption que l’on veut nous imposer. Il est normal qu’une telle décision soit partagée », martèle Jean-Paul Carron. Le baromètre va-t-il chuter ? 

Jean-Marc Emprin  

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