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Viticulture

Le combat du chevalier Bayard pour les vins Alpins

Multi-médaillé, le vin du Chevalier Bayard partage avec les vignerons de l'Isère un même souci de reconnaissance au-delà des frontières du Dauphiné et défend les cépages locaux.
Le combat du chevalier Bayard pour les vins Alpins

Quatre médailles au concours général agricole en sept ans, dont trois pour la malvoisie : le vignoble du château Bayard à Pontcharra a beau être modeste par sa taille et jeune par ses plantations, le challenge ne l'intimide pas.

Le vignoble a entièrement été replanté de 2006 à 2013. « Les premières vinifications ont eu lieu en 2009, raconte Yves Jean, qui a racheté la célèbre propriété dauphinoise en 1996. J'ai été invité par la laiterie Bayard à participer au Concours des vins de l'Isère. J'ai d'abord refusé car il s'agissait d'une première cuvée, de plus sur un persan, un vin difficile à vinifier. »

Dépassant ses hésitations et ses inquiétudes, le rouge est quand-même présenté et remporte une médaille d'or iséroise.

« J'ai été agréablement surpris », ajoute le viticulteur.

Il faut dire qu'il s'est associé avec le vigneron Jean-Michel Reymond pour exploiter le vignoble constitué de cépages persan (rouge) et de malvoisie aussi appelée pinot gris (en blanc) sur les deux hectares situés en Isère, mais aussi de mondeuse (rouge) aux Marches en Savoie (1 ha).

 

Dès sa première vinification le vin du Chevalier Bayard a été médaillé.


Dans la lancée de cette première expérience positive, le vigneron inscrit la cuvée blanc 2009 au Concours général agricole de 2011 et remporte une médaille d'argent parisienne.

« C'était exceptionnel », rapporte le propriétaire.

Le vin demi-sec s'était distingué par ses arômes de miel, son gras, sa longueur et son évolution en bouche. Par la suite, ce même vin, sous l'appellation IGP Isère, coteaux du Grésivaudan, remporte le bronze en 2014 et l'or en 2018.

Le château a aussi remporté une médaille d'or en 2016 avec sa roussette de Savoie.

Au nom de la malvoisie

Ces résultats sont le fruit d'une « grande complémentarité » entre les deux hommes, comme le souligne Yves Jean, ou la rencontre du perfectionnisme et de l'ambition.

Le viticulteur veut « donner une belle image de la viticulture en se présentant à Paris ».

Non seulement il a redonné sa destination viticole au château, mais en plus il l'a doté d'une marque, celle du Chevalier Bayard et nourrit quelques projets pour développer le domaine.

« Les dernières plantations sont de la malvoisie. Viendront le persan, qui va si bien au terroir, ainsi qu'un autre cépage. Nous allons étendre la gamme à des vins effervescents, voire des rosés ».
Dès l'origine du vignoble, Yves Jean s'est positionné en tant que chantre de la malvoisie, ce cépage régional que le catalogue des variétés de vigne n'admet que sous une autre appellation.

« Michel Grisard, du Centre d'ampélographie alpine (Montmélian) m'a beaucoup aidé dans le choix des cépages. J'ai toujours entendu parler de malvoisie, que l'on appelle aussi malvoisie pinot gris ou velteliner. Cette appellation ne figure pas dans la liste des cépages reconnus, pour autant, en Suisse, dans le Valais, ce même cépage est appelé malvoisie, déclare-t-il.  Il y a aussi des rues baptisées ainsi dans le Grésivaudan. Alors pourquoi se priver ce de nom ? On peut compléter l'appellation en indiquant pinot gris afin de ne pas tromper le consommateur, mais c'est un nom local, Alpin. Lorsqu'on va chez le pépiniériste, on demande de la malvoisie. »

Ce plaidoyer pour la malvoisie intervient dans l'attente d'une évolution du cahier des charges de Franceagrimer, avec la possibilité d'apposer la mention complémentaire « malvoisie de l'Isère-pinot gris ».

Le point bloquant est que la malvoisie est déjà utilisée dans l'appellation complémentaire de l'AOC coteaux-d'Ancenis.

Pour les viticulteurs, ce cépage, qui donne un vin noble et velouté, capable de remporter des médailles dès ses premières vinifications pour qui sait travailler avec patience et maîtrise, mérite aussi largement sa mention alpine.

En quelques années, château Bayard a su retrouver sa destination viticole. Son propriétaire cultive un vin de qualité dont les médailles tirent tout un terroir vers le haut.

Le 4 juin, le Chevalier Bayard a de nouveau participé avec succès à la 7e édition du concours départemental des vins de l'Isère, la malvoisie 2017 décrochant une nouvelle médaille d'or.
« C'est important que tout le monde se motive », lance Yves Jean, qui est impliqué dans le syndicat des vins de l'Isère.

« Chacun apporte sa pierre au développement de l'image des vins de l'Isère. Et le syndicat a pour ambition de promouvoir cette jeune IGP, avec des jeunes qui repartent de zéro et les vignerons installés depuis longtemps, dans la complémentarité. »

Isabelle Doucet
Syndicat

De la technique à la la notoriété

Lors de son assemblée générale, qui s'est déroulée début mars, le Syndicat des vins de l'Isère a mesuré les moyens d'atteindre ses ambitions.
Sur le plan technique, le levier d'action passera par un financement sur des mesures « plan bio ».
Les besoins exprimés portent sur le greffage, la taille, la connaissance des sols, l'organisation de tours de plaine et les difficultés rencontrées en cave.
Les viticulteurs isérois réunis en assemblée générale.
Par ailleurs, les vignerons ont décidé de s'organiser pour créer une base informatique de données pour la collecte des informations sur les degrés de maturité avant récolte.
Les viticulteurs isérois ont également souhaité partager l'expérience du réseau Divagri, la Fédération pour le développement et la promotion de la diversité agricole en Aura.
Elle regroupe à ce jour une vingtaine d'associations et peut apporter son aide sur des dossier d'investissement.
Éric Barraud, responsable du pôle végétal, a présenté la mesure PRV qui permet de capter des aides européennes en faveur du maintien de la ressource génétique végétale. Cela fonctionne pour les bovins, pour les oléagineux, alors pourquoi pas pour les cépages dont la conservation est en danger.
Enfin, les vignerons de l'Isère se sont penchés sur leurs besoins de communiquer et d'attirer d'autres viticulteurs. Un groupe communication, piloté par Mélanie Hovan, de la chambre d'agriculture, a été créé pour tirer les vins de l'Isère de leur confidentialité.

 

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