TRANSFORMATION
Une légumerie régionale en réflexion

La chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme a entamé une réflexion autour de la faisabilité d'un projet de légumerie, selon le principe de la gouvernance partagée. Une première dans la région !

Une légumerie régionale en réflexion
Actuellement en phase de réflexion, une légumerie en gouvernance partagée vise, à terme, la transformation de 1 500 tonnes de fruits et légumes par an. ©LD

La chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme a organisé avec l'association de la Ceinture Verte trois réunions publiques à Moulins (Allier), Aubière (Puy-de-Dôme) et Brioude (Haute-Loire), pour entamer la réflexion autour de la faisabilité d'un projet de légumerie en Auvergne, selon le principe de la gouvernance partagée. Ouvertes aux producteurs de fruits et légumes locaux en bio et conventionnel, ces réunions ont été l'occasion de présenter les raisons d'être et l'état d'avancement du projet, mais aussi d'échanger à bâtons rompus sur les points de vigilance à prendre : production, politique tarifaire, risques de concurrence, stockage… À l'issue de ces rencontres, une quinzaine de maraîchers se sont volontairement inscrits au sein d'un groupe de travail "approvisionnement", dont la première réunion se tiendra courant septembre et abordera la sécurisation des débouchés.

Un outil pour structurer la filière locale

Porté par le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, les chambres d'agriculture du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire, ainsi que par les associations Bio 63, les Pistes Vertes et la Ceinture Verte, le projet a été retenu à la suite d'un appel à manifestation d'intérêt, « afin de structurer et sécuriser collectivement la filière légumes auvergnate », explique Jérémy Alves, directeur de la Ceinture Verte. L'objectif est de proposer un nouvel outil industriel de transformation des fruits et légumes produits en Auvergne (découpe et surgélation), afin de les revendre dans la restauration collective et la distribution, et développer le marché de la filière. Le tout sous la forme d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) qui permettra l'emploi de 22 personnes en contrat d'insertion aux postes de tri, calibrage, découpe… « Nous souhaitons repenser la chaîne de valeur classique en supprimant les frontières entre les acteurs et en donnant davantage de pouvoir décisionnaire aux producteurs. Pour cela, nous cherchons à inclure un maximum de personnes dans l'étude de faisabilité de cet outil, indispensable au territoire », détaille Orane Debrune, cheffe de projet structuration de la filière légumes à la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. Sept groupes de travail vont ainsi voir le jour, avec une vingtaine de parties prenantes, parmi lesquels Sodexo, Bio 63 ou encore Crédit Agricole Centre France. L'étude de faisabilité devra être rendue en mars 2025. Cela laisse « peu de temps » mais « un travail d'identification des leviers a déjà été entamé avec Sodexo, qui possède plusieurs légumeries en France », ajoute Jérémy Alves.

1 500 tonnes par an

« Nous visons, à terme, la transformation de 1 500 tonnes de produits bruts par an sur toute l'Auvergne », rapporte Orane Debrune. Pour ce faire, le projet vise en priorité les départements où se sont tenues les réunions, mais n'exclut pas de se rapprocher des départements limitrophes (Cantal, Drôme, Ardèche…) en fonction des besoins d'approvisionnement. Si son emplacement exact « reste à définir », la légumerie sera probablement localisée à Clermont-Ferrand. Sa mise en route est prévue dès 2028 et permettra la transformation de 500 puis 1 000 tonnes de produits maraîchers, « pour commencer ». Concernant les fruits, « nous serons contraints de nous fournir à l'extérieur dans un premier temps, en attendant que les projets de vergers se développent sur le territoire et que les arbres deviennent productifs », nuance Orane Debrune.

Léa Durif