Concomitamment à la publication des chiffres prévisionnels de l’Agriculture 2024 par l’Insee, la FNSEA a fait réaliser par l’institut de sondage Ifop une enquête sur la situation économique des agriculteurs. Cette dernière vient corroborer, presque en tous points, les résultats des chiffres de l’Insee.
La FNSEA a publié mi-décembre les résultats d’un sondage d’opinion sur la situation économique des agriculteurs, sur celle du pays ainsi que sur le jugement qu’ils portent sur l’action gouvernementale. Comme il fallait s’y attendre, ce n’est pas l’optimisme béat qui s’est invité dans les cours de ferme. Réalisée entre le 23 octobre et le 8 novembre, auprès d’un échantillon de 1 509 exploitants agricoles, représentatif des exploitations agricoles professionnelles françaises, cette enquête note « qu’après une stabilisation en juin 2024, la situation économique des exploitations agricoles semble se détériorer à nouveau fortement : 40 % des agriculteurs indiquent que la situation économique de leur exploitation est mauvaise (+7 pts) ». Ils ne sont que 2 % des sondés à juger leur situation financière « très bonne », 16 % « bonne » et 41 % « acceptable ». Selon l’Ifop, la situation est plus favorable pour les secteurs horticoles, maraîchers, arboricoles et les exploitants de moins de 40 ans. En revanche, le sentiment de dégradation économique touché plus les éleveurs de porcins, de volailles ainsi que les grandes cultures. Surtout, « la moitié des exploitants agricoles font état de difficultés importantes au cours des trois derniers mois, une proportion qui n’avait pas été observée depuis huit ans », souligne l’Ifop. Les épisodes sanitaires, les intempéries, l’augmentation des charges, mais aussi les règlementations environnementales et sanitaires ainsi que le contexte politique et international jouent sur les résultats économiques et le moral des agriculteurs.
Défiance
Si une immense majorité des personnes interrogées (79 %) n’envisage pas de cesser l’activité agricole dans les douze prochains mois, ils sont tout de même 19 % à émettre cette possibilité. En tête des préoccupations exprimées : les difficultés financières trop lourdes à supporter pour l’exploitation (+ 7 points en un trimestre). D’une manière générale, les agriculteurs interrogés sont guère optimistes sur l’avenir. Ils sont ainsi près de six sur dix à être pessimistes sur la pérennité de leur activité et « 37 % pressentent une détérioration de la situation économique de leur exploitation au cours des deux à trois prochaines années », remarque l’étude. Ils estiment en outre que les politiques ont une part de responsabilité dans leur situation actuelle. Ils ne sont que 9 % à trouver « que les actions du gouvernement sur l’économie leur inspirent confiance » ; 57 % ne font « pas du tout confiance » et 30 % « plutôt pas confiance ». Preuve supplémentaire de ce désamour politique : « 89 % des agriculteurs estiment que leurs préoccupations d’exploitants agricoles ne sont pas prises en compte ». Dans un contexte politique flou, plus de la moitié des agriculteurs estiment qu’aucune personnalité politique n’est à même de défendre leurs intérêts. Parmi les personnalités politiques, celle qui leur inspirait le plus confiance était Michel Barnier qui a été censuré le 4 décembre dernier et remplacé depuis par François Bayrou, qui n’apparaît pas dans ce sondage. Le président de la République, Emmanuel Macron, devant Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen sont les trois personnes en qui ils nourrissent le plus de défiance.
Christophe Soulard