Une étude de l’Agence de la transition écologique (Ademe) publiée fin décembre indique que les trois quarts des sols agricoles français sont contaminés par les microplastiques.
Ce ne sont pas moins de 33 échantillons répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain et représentant une variété d’usages qui ont été analysés par l’Institut de recherche Dupuy de Lôme, basé à Lorient (Morbihan). Les prélèvements de produits résiduaires organiques (PRO)* ont été réalisés sur 70 sites des 13 régions métropolitaines entre le 5 mars 2021 et le 13 juillet 2022. Ces échantillons ont été prélevés par l’Ademe sur des sites aussi divers que des prairies, des forêts, des vergers, des vignes et des zones de grandes cultures. Leur analyse a permis de déceler la présence de microplastiques, c’est-à-dire des fragments de plastique inférieurs à 5 millimètres (mm) de diamètre, dans 25 d’entre eux, soit 76 %. Ces microplastiques sont présents dans la très grande majorité des sols de prairies (4 échantillons sur 4), de vignes et vergers (3 sur 4) et de grandes cultures (17 sur 21) et, dans une moindre mesure, dans les sols forestiers (1 sur 4). Les analyses réalisées indiquent par ailleurs que les sols analysés contiennent, en moyenne, 15 microparticules de plastique par kilogramme de sol sec et que 70 % de ces microplastiques mesurent moins de 2 mm. Les échantillons contiennent principalement du polyéthylène et du polypropylène, des polymères majoritairement présents dans les emballages en plastique. Les scientifiques se sont penchés sur l’origine de ces microplastiques. Certains sont issus de décharges ou de poubelles de routes à proximité de champs agricoles, de recours aux eaux usées traitées (Reut) pour l’irrigation agricole, de dépôt atmosphérique…
Épandage
Selon l’Ademe, les sources de pollution sont multiples et « une part non négligeable est directement liée aux activités agricoles elles-mêmes », dit en substance le rapport qui pointe du doigt la pratique du paillage plastique, notamment utilisée dans le maraîchage. Le rapport indique que les microplastiques issus des processus de production des PRO sont minoritaires par rapport à ceux issus des intrants et que le PVC (polychlorure de vinyle), matériau principal des éléments de tuyauterie, ne représente ainsi que 3 % des microplastiques identifiés. De plus, près des trois quarts des micropolastiques sont de taille inférieure à 1 mm : ces particules échappent donc à la réglementation européenne sur les matières fertilisantes ou à la réglementation française à venir. En effet, le ministère de la Transition écologique doit prochainement prendre un arrêté fixant les valeurs et modalités d’appréciation des critères d’innocuité et de sortie de statut de déchet des matières fertilisantes et supports de culture. Ces résidus devront être inférieurs à 2 mm. L’Ademe estime que, chaque année, les épandages (boues de stations d’épuration, déchets verts, digestats et effluents agricoles ou d’élevages, composts…) déversent entre un million et un milliard de particules de plastique par hectare de sol agricole. Ce sont les composts issus du tri automatisé des ordures ménagères résiduelles qui sont les plus impactant puisqu’ils contiendraient environ 60 000 particules par kg de matière sèche. Cependant, cette pratique reste peu utilisée.
(*) Digestats de boues urbaines, effluents de bovins, de porcins, boues de stations de traitement des eaux…