En visite à Mayotte le 30 décembre, le Premier ministre, François Bayrou, a annoncé une série de mesures pour reconstruire les secteurs de l’éducation, de la santé et toute l’économie de l’île détruite par le cyclone Chido le 14 décembre dernier.
Les images parlent d’elles-mêmes : l’île de Mayotte est totalement dévastée après le violent cyclone qui s’est abattu mi-décembre sur les populations. De l’aveu même des Mahorais, « il n’y a plus rien, le paysage et les cultures, ici, c’est comme la Seconde Guerre mondiale ». Toutes les plantations de vanille, de bananes, de manioc, de piments, de cocotiers, de manguiers, de caféiers … ont été dévastées. Seuls 10 % des arbres seraient encore debout. Les rares élevages de l’île balayée par des vents de plus de 220 km/h ont été anéantis. Dans le 101e département français où 80 % des exploitants sont de petits agriculteurs, le secteur agricole reste important pour l’autosuffisance de l’île et pour l’économie locale. Il représente environ 13 % du PIB. S’il est encore trop tôt pour chiffrer l’ensemble des dégâts, y compris en agriculture, il est fort à parier que le niveau de pertes dépasse largement les 90-95 %. Pour certains agriculteurs, la perte est totale. Devant la détresse des habitants et des exploitants, Jeunes agriculteurs (JA) et la FNSEA ont mis en place une chaîne de solidarité pour apporter, en première urgence, les moyens dont les agriculteurs mahorais ont eu besoin pour commencer à remettre leurs exploitations en état de fonctionner. En lien avec le fabricant de matériel Stihl et en étroite collaboration avec la Cellule interministérielle de crise de Mayotte et le ministère de l’Intérieur, les deux syndicats ont pu acheminer, dès le 26 décembre, un stock de 100 tronçonneuses pour déblayer les champs encombrés.
Plan Mayotte debout
De son côté, le Premier ministre, François Bayrou, a annoncé un train de mesures dans le cadre de son plan « Mayotte debout ». Sur le volet économique, il a indiqué la « suspension des cotisations sociales pour toutes les entreprises jusqu’au 31 mars 2025 », le déblocage d’aides financières d’urgence pour toutes les entreprises par la compensation de la perte de chiffre d’affaires à hauteur de 20 % du chiffre d’affaires moyen dans un plafond de 20 000 €. De plus, un prêt « catastrophe naturelle » et un fonds d’épargne dédié à la refondation de Mayotte doivent être mobilisés. Sur le volet spécifiquement dédié à l’agriculture et à la pêche, François Bayrou, qui n’avait pas convié la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, pour ce déplacement, a indiqué que l’État allait fournir des bâches pour la protection des installations agricoles ; pourvoir à l’approvisionnement en nourriture pour les vaches laitières ; simplifier l’entrée des semences (en préservant le territoire de l’entrée d’organismes pathogènes) et mobiliser les fonds européens pour la reconstruction des installations agricoles. Enfin, le fonds MSA versera au plus tard le 15 janvier 1 000 euros pour les 1 350 exploitations affiliés », a indiqué Matignon dans un communiqué. En tout état de cause, la reconstruction de l’île et de son économie prendra du temps.
Christophe Soulard