La Pologne a officiellement pris la tête du Conseil de l’Union européenne (UE) pour le premier semestre 2025. Si la Pac post-2027, l’accord UE-Mercosur et l’Ukraine figurent parmi les sujets les plus importants, d’autres dossiers sont à l’agenda : le transport des animaux, les nouvelles techniques de sélection génomique (NGT), les semences, la directive Sols, ou encore la qualité de l’eau.
Depuis le 1er janvier 2025, la Pologne a officiellement pris la présidence tournante du Conseil de l’UE pour les six premiers mois de l’année, remplaçant ainsi la Hongrie. En amont de cette date, le 30 décembre, le sous-secrétaire d’État au ministère de l’Agriculture, Adam Nowak, a dévoilé les sujets agricoles identifiés comme « les plus importants pour la présidence polonaise ». Au premier rang figure la Pac post-2027. Dans cette optique, la Pologne souhaite mettre en avant le rôle du dialogue avec les agriculteurs dans l’élaboration de la prochaine Pac dont la proposition officielle de la Commission européenne devrait être présentée après la présidence polonaise. La vision pour l’agriculture et l’alimentation, que le nouveau commissaire à l’Agriculture, Christophe Hansen, doit présenter le 19 février, devrait faire office de galop d’essai. À cette occasion, la Pologne souhaite notamment organiser un débat politique.
Le commerce international sur la sellette
Autres sujets sensibles celui de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur et les relations commerciales avec l’Ukraine. Sur l’accord UE- Mercosur, l’opposition du gouvernement polonais est d’ores et déjà connue mais Varsovie promet d’aller au-delà. « Nous travaillons actuellement à la constitution d’une minorité avec d’autres pays de l’UE pour bloquer la mise en œuvre de cet accord », a d’ailleurs déclaré le sous-secrétaire d’État. Le texte est actuellement en phase de vérification juridique et devra être traduit dans toutes les langues de l’UE avant d’être présenté au Conseil pour autorisation de signature. Mais la balle est dans le camp de la Commission européenne qui garde la main sur le délai de présentation et la base juridique. Elle pourrait ainsi attendre la présidence danoise de la fin d’année 2025, Copenhague étant réputé plus favorable au libre-échange. Concernant l’Ukraine, Adam Novak se félicite d’avoir introduit en 2024 des droits de douane et des contingents pour les produits particulièrement sensibles et d’avoir maintenu l’embargo sur certains autres produits. Le sujet des importations ukrainiennes devrait par ailleurs revenir dans les discussions ministérielles alors que les mesures commerciales autonomes se terminent en juin et qu’une solution permanente dans le cadre de l’accord libre-échange complet et approfondi est en discussion.
Des dossiers en suspens
Au-delà de ces sujets, plusieurs dossiers législatifs restent en suspens avec des degrés d’avancement variables. En premier lieu : les propositions législatives présentées le 10 décembre par Bruxelles sur le renforcement de la position des agriculteurs dans la chaîne alimentaire. Ces deux propositions, très attendues, devraient être rapidement adoptées. Les autres dossiers en cours de négociation, hérités de la précédente mandature, concernent principalement les domaines de l’environnement et de la sécurité sanitaire : transport des animaux, nouvelles techniques de sélection génomiques (NGT), semences, sols, qualité de l’eau. Sur le transport des animaux et plus encore les NGT, aucune avancée majeure n’est attendue. Les discussions techniques entre les États membres sur la proposition concernant le transport des animaux ont avancé au niveau technique au second semestre 2024 sans pour autant aboutir, compte tenu de la complexité du texte. Au mieux, un compromis entre les Vingt-sept pourrait être trouvé d’ici juin afin que des négociations inter-institutionnelles puissent s’ouvrir au second semestre. Sur les NGT, la Pologne faisant partie des États membres les plus réticents aux propositions de Bruxelles de libéraliser leur utilisation, il est peu probable que les États membres conviennent d’une position commune. Ces dossiers, pour décoller, devront attendre la présidence danoise du Conseil, à partir du 1er juillet. Les autres textes en cours devraient, eux (sauf blocage inattendu), enregistrer des progrès plus significatifs. Les pourparlers entre les États membres et le Parlement européen concernant la directive relative aux sols ont échoué fin 2024 (à cause de divergence sur les questions agricoles) mais une issue devrait rapidement être trouvée par la Pologne. Concernant les règlements sur la production et la commercialisation des matériels de reproduction des végétaux et forestiers, la présidence polonaise espère rapidement parvenir à une position commune des Vingt-sept afin de pouvoir entrer en discussions avec le Parlement européen. Principal point d’achoppement à ce stade : l’harmonisation des contrôles officiels jugée trop bureaucratique. Enfin, la Pologne va devoir finaliser les négociations avec Strasbourg sur la mise à jour de la directive-cadre sur l’eau (notamment la liste des substances dites préoccupantes). Et Varsovie attend également la communication sur la résilience de l’eau que doit présenter la commissaire à l’Environnement Jessika Roswall.