Installation

« Trouver un équilibre »

Alors qu’elle s’apprête à recevoir le prix agricole d’Initiative O’Féminin, Valérie Gonon, éleveuse laitière installée au Mottier, revient sur son parcours d’installation qui a débuté en 2020.
 
Reconversion professionnelle
 
Auparavant juriste en droit des affaires à Lyon pendant huit ans, Valérie Gonon a souhaité opérer un retour aux sources en s’installant à la ferme familiale du Mottier de 60 hectares et 50 vaches, reprise par son oncle il y a une quarantaine d’années.
Pour cela, son parcours de reconversion a été de longue haleine. Elle explique avoir monté un dossier pour obtenir la Dotation jeune agriculteur (DJA) avec l’aide de la Chambre d’agriculture de l’Isère, tout en effectuant successivement un stage 21 heures, un parcours de démission-reconversion et un stage « Passer de l’idée au projet ». « J’ai aussi passé un BPREA en parallèle, à 100 % en distanciel et c’est finalement en avril 2022 que j’ai pu m’installer alors que j’avais commencé les démarches en 2020 », précise-t-elle.
 
Création de poste
 
Pour s’installer, une réflexion devait nécessairement s’opérer : « Nous devions étudier le besoin de créer d’autres ateliers, différentes activités, remarque Valérie Gonon, qui n’imaginait pas la vente totale du lait continuer. Je voulais valoriser notre production, mais aussi conserver notre cheptel bovin et ne pas changer d’élevage, car j’ai une appétence pour les vaches ».
Leur troupeau a en effet été « maintenu pendant vingt générations pour les holsteins noires et red, et depuis une quinzaine d’années pour les jersiaises », explique-t-elle. Ne souhaitant pas « faire uniquement du lait pur », un projet de transformation de la production a été amorcé et envisagé avant même d’entamer le projet de création de l’Earl des Trois hameaux.
« Lorsque j’ai démissionné et que tous les signaux étaient au vert, la société a pu être créée et nous avons démarré les travaux pour ouvrir une salle de transformation à l’automne 2022, ajoute Valérie Gonon. Et dans le même temps, j’ai suivi une formation de transformation fromagère à Aurillac, donc pour travailler les textures beurre, crème, yaourt… »
 
Évolution d’une ferme
 
Les travaux d’agrandissement ont pris fin en juin 2023 et la vente à la ferme a pu être lancée dans la foulée. « La stabulation avait environ 30 ans, explique Valérie Gonon. Nous avons entrepris l’extension de la ferme et l’achat du matériel en premier, puis la gestion des effluents. » Cette dernière tâche n’était en effet pas à négliger, l’exploitation étant située dans une zone de captage prioritaire. Une étude du type de stockage adéquat des effluents a ainsi été menée : « Nous traitons les eaux blanches et le petit lait et nous avons aussi installé une microstation », précise l’éleveuse. En parallèle, la fumière a également été couverte afin de stopper les eaux pluviales.
Si pour Valérie Gonon, il s’agit d’investissements importants et onéreux, ils ont tout de même l’avantage de réduire l’impact des activités de la ferme sur l’environnement, de permettre une meilleure organisation et de laisser de l’espace aux bovins. D’autant plus que la couverture de la fumière rend un fumier plus concentré, donc plus riche.
 
Nouvelles pratiques
 
En sus d’une activité supplémentaire et d’un agrandissement de bâtiment, un changement de conduite d’élevage a été opéré.
« Nous avons changé la ration alimentaire en amont de la construction de la fromagerie », précise l’agricultrice. Concrètement, les exploitants ont arrêté l’ensilage de maïs et d’herbe et ne donnent désormais plus que du fourrage sec, complété par du maïs grain humide, du pois fourrager et du triticale. « Le tout est de trouver un équilibre. »

Morgane Poulet