Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine (ex-Les Républicains), a annoncé que la réforme des retraites agricoles sera en place dès 2026. Le groupe avait déposé un amendement à la la loi financemnet de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025. Explications avec le député de Haute-Loire.
Lors de la préparation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025, vous êtes parvenus à acter avec la ministre de l’Agriculture la prise en compte des 25 meilleures années dans le calcul de la retraite des non-salariés agricoles. Ce n’est que justice pour les agriculteurs ?
Laurent Wauquiez : « C’est une avancée importante pour les agriculteurs qui vont prendre prochainement leur retraite. C’est aussi un message de reconnaissance qui montre que lorsqu’il y a de la volonté politique, des actes concrets sont possibles. Compte tenu du contexte budgétaire, il était prévu que la mise en œuvre de la réforme soit repoussée en 2028. En travail étroit avec Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et Mathieu Darnaud, président de la droite au Sénat, nous sommes parvenus, en lien avec le président de la FNSEA, à faire en sorte que cette réforme s’applique dès le 1er janvier 2026. C’est ce que porte depuis des années Julien Dive à l’Assemblée, Laurent Duplomb et Pascale Gruny au Sénat. En s’alignant sur le calcul de la retraite du régime général, les montants versés seront plus avantageux : de l’ordre de 10 %, ce qui portera une pension actuelle de 1 000 € à 1 100 €. Cette revalorisation est également un signe très encourageant pour les jeunes générations qui s’engagent dans la profession. C’est une mesure d’équité qui récompense ceux qui travaillent ou ont travaillé toute leur vie : c’est la moindre des choses. »
Pensez-vous qu’une telle mesure soit propice à redonner un peu de confiance aux agriculteurs envers une classe politique qu’ils ont eu tendance à défier ces derniers temps ?
L. W. : « Le problème majeur, c’est que nombre d’hommes politiques sont coupés des réalités du terrain agricole. Beaucoup méconnaissent le métier, ses contraintes, la complexité folle de la réglementation. Ils se permettent de donner des leçons d’environnement et d’écologie et déclament des jugements à l’emporte-pièce parfois blessants contre nos agriculteurs. Je pense au contraire que l’agriculture, dont ma famille politique est, depuis Jacques Chirac, très proche, doit être soutenue par notre pays. Nous avons la chance d’avoir une ministre de l’Agriculture qui connaît les problématiques du monde agricole et qui agit. »
En votre qualité de président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, vous avez sillonné pendant trois semaines la France entière à la rencontre des agriculteurs. Que retirez-vous de ce tour de France ?
L. W. : « Je suis très régulièrement sur les exploitations agricoles. Et contrairement à beaucoup de politiques, j’ai porté leurs inquiétudes avant la crise, pendant la crise et je continue de les défendre après la crise. À la tête d’Auvergne-Rhône-Alpes, j’ai été attaché à défendre nos agriculteurs. Et je ne demande qu’à être jugé sur les actes. Nous avons triplé le budget consacré à l’agriculture, nous avons obtenu la meilleure dotation jeunes agriculteurs de France et surtout nous avons simplifié et débureaucratisé. J’en retire une immense fierté et aussi une sourde colère quand je vois, face à l’énergie déployée par les agriculteurs, la folie administrative qui leur sape le moral. »
Quel est selon vous la première mesure à appliquer dans le secteur agricole pour relancer cette activité stratégique ?
L. W. : « La priorité est de mettre un terme aux normes folles qui écœurent et découragent nos agriculteurs. Je pense à l’indice satellitaire qui est totalement inopérant sur la détection des pertes liées à la grêle ou aux excès d’eau sur les prairies. […] Il faut arrêter de pénaliser les agriculteurs, de les stigmatiser et leur mettre des boulets aux pieds. Laissons nos agriculteurs vivre dignement de leur travail, nous avons l’agriculture la plus respectueuse au monde de l’environnement. Je milite avec mes collègues Laurent Duplomb et Julien Dive pour une remise à plat totale de certains organismes comme les Agences de l’eau et l’OFB. J’ajoute qu’il faut naturellement redonner du revenu aux agriculteurs en appliquant maintenant la loi Égalim à la restauration hors foyer ! Il faut enfin redonner du respect à nos agriculteurs ! Ils le méritent ! »
Propos recueillis par Christophe Soulard