Élections
JA et la FNSEA ont lancé la campagne Chambres

C’est à Montignac-Lascaux (Dordogne) que la FNSEA et Jeunes agriculteurs ont rassemblé leurs troupes le 4 décembre pour lancer leur campagne aux élections Chambres qui sont prévues du 7 au 31 janvier 2025.

JA et la FNSEA ont lancé la campagne Chambres

La date du meeting avait été fixée de longue date. Hasard du calendrier, elle a coïncidé avec le vote de la motion de censure du gouvernement Barnier. Même si cet épisode de la vie politique française était dans les esprits et sur toutes les lèvres, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau et son homologue des Jeunes agriculteurs (JA), Pierrick Horel étaient venus pour lancer officiellement la campagne des élections chambres d’agriculture. Depuis plus de quarante ans maintenant, les deux syndicats ont uni leur destin pour confirmer leur supériorité numérique tant en nombre de voix qu’en nombre de chambres d’agriculture en métropole et en outre-mer.

Maintenir le cap

En 2019, les résultats n’avaient amené aucune surprise sur le plan national. Dans un contexte de participation faible (46,52 %), le duo FNSEA-JA avait confirmé sa majorité absolue au sein des organisations consulaires, avec 55,31 % des voix. La Coordination rurale (21,54 %) avait conforté sa deuxième place et la Confédération paysanne (20,04 %) sa troisième position, devant un Modef qui n’est pas parvenu à passer la barre des 2 % sur le collège exploitants (1,89 %). Le scrutin qui vient va-t-il confirmer ou infirmer ces tendances ? Nul doute que les deux syndicats auront à cœur de reconquérir les bastions perdus en 2019, notamment la Vienne et la Haute-Vienne tombées dans l’escarcelle de la Coordination rurale. Ils souhaiteront aussi ravir la chambre du Lot-et-Garonne perdue en 1995 toujours au profit du syndicat précité. La FNSEA et JA chercheront aussi à maintenir les chambres remportées très majoritairement en 2019. C’est tout l’enjeu de ce grand meeting du 4 décembre qui a galvanisé les troupes. 

Projet syndical

Aussi bien la FNSEA que JA savent que les situations sont tendues dans les exploitations. Plus encore depuis la chute du gouvernement qui repousse encore une fois les promesses de l’exécutif. « C’est la deuxième fois en moins de six mois que le travail part à la rivière », s’est inquiété Arnaud Rousseau conscient que la dissolution du mois de juin et la motion de censure pénalisent l’application des réformes attendues par toute une profession. Les chantiers sont encore nombreux à rester à quai : la réforme des retraites agricoles promise pour le 1er janvier 2024, la reconduite du dispositif travailleur occasionnel-demandeur d’emploi (TO-DE) qui permet d’exonérer les cotisations des saisonniers agricoles, l’instauration d’un nouvel avantage fiscal et social pour lutter contre la décapitalisation du cheptel bovin français, la déduction pour épargne de précaution etc… La loi d’orientation agricole est en souffrance depuis plus de deux ans. « Ce n’est pas acceptable », a fustigé Arnaud Rousseau qui, avec Pierrick Horel, a passé le projet syndical en revue avec les thèmes suivants : Europe, installations/transmissions, revenu, compétitivité, résilience, transitions agroécologique, dynamique des territoires ruraux… 

« Plus de contrôles ! » 

C’est aussi ce « ras-le-bol des règles agricoles qui tuent l’agriculture » que les JA ont exprimé avec Guillaume Testut, président de JA Dordogne. « Pas besoin de nous apprendre le métier, on a juste besoin de le faire », a-t-il déclaré. Il a demandé à ses responsables départementaux d’aller voir leurs députés « quelles que soient leurs tendances politiques, pour savoir comment ils entendent faire sortir les textes dont nous avons besoin. Il nous faut un budget, une loi sur la simplification », a-t-il martelé avant d’ajouter « Ce soir on a la gueule de bois, on n’a pas vu un tel bordel institutionnel depuis 1962. on n’a plus d’État. À partir de ce soir, nous ne voulons plus de contrôles dans nos exploitations. ». Une déclaration qui a suscité des ovations et de longs applaudissements dans une salle chauffée à blanc. Pour mettre un peu plus la pression sur les politiques, les agriculteurs poursuivent leurs actions syndicales et reprennent le chemin des préfectures et de permanences parlementaires.

Christophe Soulard

Retrouvez l'interview des deux présidents

L'interview d'Arnaud Rousseau : "Je suis combatif"

L'interview de Pierrick Horel : "En étant fédérés, on traverse les crises"