La Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA) a rendu publique, le 4 mars, une étude qui pointe une baisse globale du nombre des installations en France. Cependant, les installations réalisées restent solides dans le temps.

Les installations en France font un peu le yoyo : après une perte de vitesse en 2018 (- 2,8 %), 2019 (- 3,7 %) et 2020 (- 6,7 %), elles étaient reparties à la hausse en 2021 (+ 11,2 %) et en 2022 (+ 1,6 %). Mais en 2023, la tendance s’est de nouveau inversée indique Info Stat, le service statistique de la MSA. Dans son étude publiée le 4 mars, elle indique que 13 621 chefs d’exploitations se sont installés en 2023, c’est 511 de moins qu’en 2022, soit un recul de 3,6 %. Parmi ces 13 621 nouveaux agriculteurs, 9 249 de moins de 40 ans ont été éligibles aux dispositifs d’aides à l’installation, soit une baisse de 6,8 % sur un an. Les 4 372 autres constituent des installations tardives (+ de 40 ans). « Elles sont en nette augmentation et représentent désormais 28,7 % du total des installations », précise la MSA. Quant aux transferts entre époux (notamment pour les Gaec), ils sont en nette régression (- 18 %) et ne représentent plus que 3,4 % des nouveaux installés.
Un quart à plus de 55 ha
La MSA, qui a analysé les installations par territoire, constate que les régions Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes restent très dynamiques. La première a installé 2 398 nouveaux exploitants, la deuxième 2 076 et la troisième 1 831. Cependant la Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes voient leur nombre reculer (- 4,7 % et - 8,2 % respectivement), quand l’Occitanie voit sa première place confortée (+ 2,7 % d’installations par rapport à 2022). Par départements, les meilleurs élèves sont le Gers (+ 46,8 %), la Haute-Garonne (+ 21, 3%) et la Charente-Maritime (+ 18 %) et les moins bons, les Pyrénées-Orientales (- 30,9 %), les Deux-Sèvres (- 27,1 %) et le Gard (- 21,3 %). L’étude de la MSA rapporte également que la majorité des installations s’effectue maintenant sous forme sociétaire (56,3 %), devant le Gaec (24,5 %) et l’EARL (14,7 %), ainsi que sur de plus grandes surfaces (36,6 ha en moyenne). « En 2023, la moitié des jeunes installés agricoles exploite en moyenne une superficie (par installé) inférieure ou égale à 20 hectares et un quart exploite plus de 55 hectares », précisent les statisticiens.
Maintien dans l’activité
Autres enseignements de ces chiffres très complets et instructifs : le nombre de femmes qui s’installent augmente sensiblement (40,2 % en 2023 contre 39,6 % en 2022) et le taux de pluriactivité ne cesse de prendre de l’ampleur. De 30,6 % en 2010, il est passé à 43,2 % en 2023. Environ quatre installés sur 10 de moins de 40 ans exercent une activité en parallèle de leur métier d’agriculteur (salarié agricole ou non agricole ou non salarié non agricole). Parmi les plus de 40 ans, ce chiffre grimpe à 51,5 % : 55,7 % chez les hommes et 48,4 % chez les femmes. La MSA observe également « un taux élevé de maintien dans l’activité agricole dans les six ans suivant l’installation », ce qui montre la solidité des projets. En effet, « parmi les chefs d’exploitation installés en 2017, 76,9 % exercent encore en qualité de chef d’exploitation en 2023 ; ce taux est stable sur la période 2021 à 2023 », souligne l’étude. Toutes catégories confondues (- de 40 ans et + de 40 ans), c’est en polyculture élevage (84,2 %) que le taux de maintien est le plus élevé, devant les élevages spécialisés en bovins lait (83,5 %), en bovins viande (82,8 %) et en cultures céréalières (81,7 %).
Christophe Soulard