Le jeudi 2 mai, la FRSEA et JA Auvergne-Rhône-Alpes ont rencontré la préfète Fabienne Buccio. L’occasion d’échanger sur leurs inquiétudes, à la suite des annonces du président Emmanuel Macron faites le matin même.
« Nous avons eu des retours inquiétants par rapport aux propos prononcés par le président de la République, des petites phrases qui sèment le doute ». Ces mots prononcés par Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes en disent long sur l’inquiétude du réseau syndical. Le jeudi 2 mai, le représentant syndical était accompagné par plusieurs responsables départementaux et par une délégation de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes (JA) afin de rencontrer la préfète Fabienne Buccio à Lyon. En amont de cette entrevue, l’ensemble des représentants ont souhaité réagir aux annonces faites par le président Emmanuel Macron, qui s’était entretenu avec le réseau FNSEA au cours de la matinée.
Des incertitudes autour d’Égalim 4
Et les causes du mécontentement sont nombreuses. « Si demain nous ne donnons pas une vision d’avenir à des jeunes qui vont s’installer, nous allons perdre le pari du renouvellement des générations », a affirmé le président de JA Aura, Jocelyn Dubost. « Il faut que le gouvernement actuel donne un cap, afin que les jeunes puissent vivre décemment de leur métier, investir dans des fermes et que nous soyons nombreux sur les territoires. » Parmi les mesures concrètes, le réseau FRSEA-JA réclame également que les mesures concernant l’élevage, annoncées en 2023, soient mises en œuvre. « Elles avaient été promises pour 2024 et on nous dit dorénavant que les choses auront lieu seulement dans le projet de loi de finances de 2025 », s’est vivement agacé David Chauve, secrétaire général de la FRSEA Aura et éleveur dans le Puy-de-Dôme. « Il y a des mesures d’urgence, mais aussi des mesures structurantes dont la profession a réellement besoin […] sur ces mesures structurantes, le compte n’y est pas ! » Dans le viseur du porte-parole : le doute semé par le gouvernement quant à sa volonté de légiférer autour d’une loi Égalim 4 en prenant en compte les coûts de production interprofessionnelle. « Certes, nous avons du travail sur les exploitations, mais notre capacité à rebondir après une mobilisation historique, et à ne pas rester sur quelque chose de décevant, est impérative », a-t-il conclu.
« Pas de surtransposition française »
Dans un contexte de campagne pour les élections européennes, David Chauve s’est voulu très clair : « Tout mettre tout sur le dos de l’Europe n’est pas vrai, puisqu’aujourd’hui nous sommes plus pénalisés par un manque de courage politique français que par des décisions européennes. » Ses propos résonnent notamment avec la souplesse accordée par la Commission européenne sur les questions des prairies sensibles et des jachères. « Mais la mise en œuvre en France n’est pas si limpide que ça, assure le responsable. Nous sommes en train d’enfermer notre région dans un risque important si demain nous restons sur la position française vis-à-vis de ce qu’a pu accorder la Commission européenne. » À l’échelon départemental, plusieurs agriculteurs ont répondu à l’appel des FDSEA et ont organisé des manifestations, à l’image des tracteurs qui ont traversé la ville de Bourg-en-Bresse (Ain) le vendredi 3 mai. Quant à la FRSEA Aura, cette dernière n’exclut pas l’organisation de mobilisations agricoles lors des Jeux olympiques qui se dérouleront en France cet été.