Grandes cultures
Analyse du méteil nord-isérois
Le 17 avril, la Chambre d’agriculture de l’Isère a organisé un rallye méteil dans le Nord-Isère.
Le 17 avril, la Chambre de l’agriculture de l’Isère a organisé dans le Nord-Isère un rallye méteil afin de voir les différents stades de récolte, mais aussi de comprendre pourquoi certaines espèces pourraient moins bien se développer que d’autres.
Ces visites ont eu lieu dans le cadre des actions menées par le groupe 30 000 et celui du captage de la zone. Dans les parcelles situées dans la zone de captage, Bièvre Isère Communauté et Bièvre Est financent les opérations et dans les autres parcelles, le groupe 30 000 et le GIEE prennent la relève.
Une pratique réfléchie
Éleveur de bovins à Sainte-Blandine, Clément Guillaud a accueilli une partie du rallye méteil. Il explique que son actuelle parcelle de méteil était auparavant en orge. « Cette année, je compte plutôt faire du méteil enrubannage et la prochaine fois, ce sera pour l’ensilage, qui devra alors être précoce afin que je puisse semer du maïs derrière », précise-t-il. Lors de ses prochaines rotations de cultures, il compte semer du maïs grain, puis du blé et « probablement de l’orge et du colza, puis du blé et du méteil ».
Jean-Pierre Manteau recommande également de bien réfléchir à faire des méteils diversifiés. « Le seigle possède un effet tuteur pour les plants grimpants, mais étant donné qu’il est souple, il peut être intéressant de faire pousser du triticale en renfort, ce dernier ayant une tige plus résistante. » Il cite notamment la vesce velue qui s’y accroche et monte grâce à ce support.
Pour son mélange, Clément Guillaud indique avoir déboursé environ 85 euros l’hectare.
Un climat différent
Par rapport à l’an dernier, la météo a quelque peu bouleversé les prévisions de récolte. Jean-Pierre Manteau, conseiller à la Chambre d’agriculture de la Drôme, explique que le seigle est précoce. « Avec les chaleurs que nous avons connues jusqu’à présent, les épis sortent en avance et seront donc plus précoces que l’an dernier. Il faudra compter sur une quinzaine de jours d’avance. »
En ce qui concerne le seigle forestier et la vesce velue chez Clément Guillaud, « les résultats sont moins bons qu’en 2022, on constate que l’on manque de graminées », note le conseiller. Et même si la neige du milieu du mois d’avril a couché les plants, le ray-grass s’est tout de même bien développé.
Dans le secteur de Biol, le conseiller indique que les agriculteurs commencent à se demander s’il pourrait être intéressant de mélanger des variétés flamandes et méditerranéennes. En effet, « les mélanges peuvent être intéressants car une partie des parcelles pourrait valoriser des mélanges qui apparaissaient autrefois comme atypiques du point de vue du climat. Aujourd’hui, pour s’y adapter, cela pourrait être une idée, et de plus en plus de semenciers tentent cela ».
Richesse protéique
Utiliser la vesce velue a son intérêt, car elle possède une MAT(quantité de protéines entrant dans la bouche de l'animal) importante. Qui plus est, elle fixe l’azote de l’air dans le sol. « Et il faut savoir qu’il y a plus de porosité dans les dix premiers centimètres », précise Jean-Pierre Manteau. Il ajoute que la vesce velue a aujourd’hui trouvé sa place dans les méteils en plaine : « Il y a une quinzaine d’années, on en trouvait seulement en montagne car c’est une plante qui résiste bien au froid, mais maintenant que l’on cherche de la valeur protéique, elle a toute sa place ». En revanche, les grains de vesce velue sont strictement interdits dans le méteil car ils sont hautement toxiques, en particulier pour les brebis. Il conseille aussi d’éviter de récolter cette espèce à la fin du mois de mai en raison de son fort développement qui la rend plus difficile à récolter.