Le 3 septembre, la Cour des comptes a rendu public un rapport sur la filière volailles en France. Elle appelle à définir un plan d’avenir pour les volailles de chair, peu aidées par l’État et par la politique agricole commune (Pac).
Dans son rapport sur les « Soutiens publics à la filière volaille de chair » publié le 3 septembre, la Cour des comptes réclame une « clarification de la position de l’État, des Régions et des professionnels » sur leur stratégie pour l’avenir du secteur. Cette réflexion devra porter sur quatre enjeux, selon les magistrats : couverture du marché national ; « adaptation de la production » aux « marchés les plus dynamiques » ; « adaptation des modes de production » aux attentes sociétales (environnement et bien-être animal) ; risques sanitaires. Les Sages de la rue Cambon pointent le « caractère foisonnant » des démarches lancées ces dernières. Pour la Cour, les choix stratégiques de ces dernières années ont créé un « décalage » entre production et consommation, et « éloigné la filière des secteurs les plus porteurs » (RHD et produits transformés). En particulier, le plan de filière de 2018, trop tourné vers la montée en gamme, « n’a pas atteint ses objectifs compte tenu d’un marché désormais peu dynamique sur ce segment ». Une orientation qui a « conduit à un renforcement des importations », selon le rapport. Rappelant qu’un poulet sur deux consommé en France est importé, la Cour des comptes s’interroge sur « la capacité de la filière à répondre aux objectifs de l’État en matière de souveraineté alimentaire ». « Fondé sur la demande, le pacte Ambition Anvol 2025 adopté par l’interprofession en 2020 répond davantage à cet enjeu » de souveraineté.
Malgré un « déficit de compétitivité prix intrinsèque » (taille plus petite que leurs compétiteurs), les élevages français ont historiquement bénéficié d’un soutien « marginal » de la Pac. En raison d’une « faible SAU » (entre 35 et 45 ha pour les exploitations spécialisées), les exploitations de l’Otex avicole touchent presque deux fois d’aides moins que la moyenne des fermes françaises : entre 12 000 et 16 500 € (contre 30 000 €), selon les chiffres du Rica pour 2010-2021. Au-delà de la Pac, la filière volaille de chair apparaît « peu soutenue par l’État ». En outre, à la fin de son rapport, la Cour des comptes formule une autre recommandation phare : elle exhorte l’État à « porter auprès des autorités européennes » une obligation d’étiquetage de l’origine des viandes dans les produits transformés, ainsi que « la pérennisation de l’étiquetage de l’origine des viandes de volailles » en RHD.
Y. G.