Coopération agricole
Un plan contre le décrochage

Dans sa conférence de presse de rentrée le 4 septembre à Paris, le président de La Coopération agricole (LCA), Dominique Chargé, a présenté son plan pour « une stratégie alimentaire conquérante » en réponse au contexte général d’instabilité et le risque de décrochage de l’agriculture française. 

Un plan contre le décrochage
Face à la morosité économique, le président de LCA, Dominique Chargé a annoncé que LCA propose une « stratégie alimentaire conquérante » avec trois objectifs bien ciblés : redresser la compétitivité, accélérer l’accompagnement des transitions, et adapter la production aux nouveaux modes de consommation. ©La Coopération Agricole

Les chiffres de l’Insee et du service statistique du ministère de l’Agriculture attestent, mois après mois, le défaut de compétitivité de l’agriculture : baisse de production, chute du nombre d’exploitations, pertes de marchés en Europe et auprès des pays-tiers… À la morosité économique vient se greffer « une perte de confiance dans les politiques », pour redresser la barre, a indiqué Dominique Chargé, président de La Coopéation agricole (LCA). « Le risque de décrochage est réel (…) On risque de passer du statut de pays exportateur à celui de pays importateur », a-t-il ajouté, un peu désarmé quant aux moyens à mettre en œuvre « face à la superposition des crises ».         

Fonds d’aide aux IAA 

C’est pourquoi, dans ce contexte, LCA propose une « stratégie alimentaire conquérante » avec trois objectifs bien ciblés : redresser la compétitivité, accélérer l’accompagnement des transitions, et adapter la production aux nouveaux modes de consommation. Sur le premier chantier, LCA entend alléger la fiscalité qui pèse sur les exploitations et les entreprises. « Le niveau d’impôts en France est six fois supérieur à celui de l’Allemagne et deux fois supérieur à la moyenne européenne. Le coût global du travail est de 43,3 €/heure/unité de main d’œuvre en France contre 36,6 € », a illustré son président. Ce dernier souhaite « réorganiser notre parc industriel » à travers le fonds public-privé d’aide aux industries alimentaires promis lors du Salon de l’agriculture 2023. « Mais nous n’en avons pas vu la couleur », a-t-il dit en substance. Il demande au futur gouvernement de le « reprendre et de l’activer ». Les futurs locataires de la rue de Varenne* devront aussi « faciliter l’implantation, la modernisation et la consolidation des ateliers de production », a estimé Dominique Chargé, inquiet des délais de traitement des dossiers (ex : permis de construire, enquêtes ICPE…) en France (deux ans) en comparaison de ceux en Allemagne (6 mois).

Modes de consommation 

Deuxième objectif : accélérer l’accompagnement des transitions. La fédération de coopératives entend sur ce volet, « sécuriser l’accès aux ressources » que sont l’eau, les énergies et les moyens de production (phytosanitaires notamment) et mettre en place un « fonds de transition agroécologique », pour rémunérer les paiements pour services environnementaux. Avec la volonté « d’aller plus loin », a-t-il dit. Surtout, Dominique Chargé a fortement réaffirmé sa volonté de revenir sur « la séparation vente/conseil » qui est aujourd’hui « inadaptée aux réalités du terrain ». Quant au troisième objectif, LCA propose d’adapter la production aux nouveaux modes de consommation qui sont devenus beaucoup plus nomades, plus standards et d’entrée de gamme. Le chiffre d’affaires de la restauration hors domicile a augmenté de + 3 % en mai 2024 par rapport à mai 2023. Les ventes de produits de snacking ont explosé de + 18 % sur un an en France. Entre 2019 et 2023, « le chiffre d’affaires de la restauration rapide a crû de 30 % contre 4 % pour la restauration à table » a rappelé le président de LCA. Parce que le consommateur continue à acheter moins et moins cher malgré un ralentissement de l’inflation, Dominique Chargé propose de « reconquérir les productions d’entrée et de cœur de gamme » et de mettre en place une exception agricole dans la commande publique. « Il est urgent d’agir », a-t-il harangué. 

Christophe Soulard 

(*) L’Hôtel de Matignon est à 50 mètres du ministère de l’Agriculture