Labour
Soleil de plomb et socs d'acier pour la Finale de labour de Saint-Hilaire-de-la-côte

C’est sous un soleil de plomb que s’est tenue la dernière finale départementale de labour. La volonté des jeunes laboureurs était là et Blandine Saladin désignée pour participer à l’épreuve régionale.

Soleil de plomb et socs d'acier pour la Finale de labour de Saint-Hilaire-de-la-côte

Chaud, chaud, chaud. La journée du 11 août, celle de la finale départementale de labour, organisée par Jeunes agriculteurs de l’Isère (JA 38) à Saint-Hilaire-de-la-Côte fut chaude. Jusqu’à exténuer les participants et à dissuader les spectateurs habituels, normalement très présents pour ce genre de rencontres, de venir. Malgré la chaleur accablante, la volonté de participer et de faire de son mieux animait chacun des candidats. Paradoxe de l’année 2024, après des pluies incessantes pendant plusieurs mois, le sec et le chaud sont revenus assez brutalement. La parcelle mise à disposition des organisateurs en a montré les stigmates, rendant l’épreuve plus ardue. Composé de graviers, le sol filtrant était sec. Très sec. Mais il fut aussi humide au cours des mois précédents. La céréale qui y avait été implantée, l’a sûrement été dans des conditions compliquées analysaient les candidats. Du coup, les passages de roues des engins du cultivateur de la parcelle avaient laissé des marques, rendant surtout le sol plus dur à ces endroits.

De la difficulté

Alors le terrain sec, et par endroits, compact a causé une contrainte supplémentaire aux candidats. Mais nous étions dans une finale départementale : il faut de la difficulté. Alors venus en équipe avec souvent leur père, ou un membre de leur famille, les jeunes en lices bénéficiaient de leur aide : pour aider les charrues à mieux attaquer le sol, leur partenaire se juchait souvent sur le matériel, histoire d’ajouter un peu de poids. L’enfoncer est une chose, garder les socs sous terre en est une autre. La dureté du terrain pouvait les faire remonter et presque à coup sûr aux passages de roues. Attentif, le jury a noté ces difficultés et a évalué les réponses que chacun a pu apporter pour faire face à la situation. Une « vieille » habitude pour Pauline Crépeau, ancienne responsable du service agriculture et développement rural (SADR) de la DDT, pour laquelle c’était la deuxième participation. Elle en profitait pour former sa remplaçante à la DDT (1), Ségolène Naville. Bravant les rayons ardents du soleil avec leur chapeau de paille, les deux jeunes femmes ont beaucoup échangé avec les autres membres du jury professionnel. Il faut dire que le terrain sec ne rendait pas la chose facile car il fallait apprécier au plus juste les efforts des concurrents pour réaliser les sillons droits ou en biais, exigés par le règlement de l’épreuve.

Lest nécessaire

La finale de labour représente aussi un moment de convivialité avec des collègues paysans. Florian Chapot de Villeneuve-de-Marc est venu soutenir Noé Aurfranc dans son épreuve. « Il a besoin de lest pour sa charrue » commente le jeune homme. Installé depuis un an et demi dans l’exploitation familiale, il préfère choisir la prudence. « J’y vais progressivement parce que cela permet de ne pas m’endetter d’un coup », analyse-t-il avec maturité. Il produit des pommes de terre sur un demi-hectare, des céréales et des piquets de châtaignier. « J’annonce la vente de mes pommes de terre sur Facebook. Tout part en direct comme ça. Et mes courges et oignons, c’est par le bouche-à-oreille. Les clients se le disent, je n’ai même pas besoin de publicité. » Le jeune producteur sent bien l’évolution de la demande depuis le Covid. « Nous sommes dans un territoire rural, où les habitants sont contents d’avoir un tissu d’agriculteurs autour d’eux. Ils veulent réellement faire vivre et garder ce maillage. Alors, la vente directe marche bien. »

Bientôt les élections

Toute épreuve a une fin. La finale départementale s’est terminée par la remise des médailles et par des discours. Jean-Max Lebaillif, coprésident de JA 38 avec Axel Masset, a annoncé la candidature d’Aurélien Clavel en tant que tête de liste FDSEA-JA pour les prochaines élections à la chambre d’agriculture.

Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère, a confirmé cette désignation, « mais nous ne serons pas seuls. La Coordination rurale et la Confédération paysanne auront aussi leur liste. Depuis 1983, l’Etat a modifié le scrutin pour ouvrir les possibilités aux autres syndicats. Nous n’avons pas peur de cette concurrence. Nos élus participent à 95 % des réunions dans lesquelles la profession doit être présente. Nos concurrents sont loin de ce taux de participation. Mais il faut aussi se dire que le plus grand syndicat dans le département, c’est celui des non-syndiqués. »

Voynet ? Non merci

Revenant sur les mois passés, Jérôme Crozat a rappelé que le mouvement de contestation très fort du début de l’année avait pour but, entre autres, de lutter contre la complexité administrative et les contrôles afférents. Aujourd’hui le principal obstacle est celui de la dissolution de l’Assemblée Nationale qui a stoppé tous les dossiers. « Dans le prochain gouvernement, nous ne voulons pas de Dominique Voynet comme il peut être évoqué en tant que ministre de l’Agriculture. Elle a combattu le nucléaire quand elle était ministre de l’environnement. C’est pour cela que nous payons aujourd’hui une électricité hors de prix », appuie le leader syndical. François Gorieu, le nouveau directeur départemental des Territoires (DDT), a entendu les différents messages des présidents de syndicats et a confirmé l’attention particulière que ses agents entretiennent vis-à-vis de la population agricole.

Jean-Marc Emprin

(1) Direction départementale des territoires

Les scores des candidats