Syndicalisme
Les agriculteurs isérois demandent des comptes aux députés de l'Isère
Suite au vote de la motion de censure par 8 députés isérois sur 10, les agriculteurs de la FDSEA et des JA38 demandent des comptes aux parlementaires et s’interrogent sur l’avenir de l’agriculture française.
À l’issue des échanges ayant eu lieu ce vendredi 13 décembre à Moirans, entre les représentants des syndicats agricoles FDSEA et JA38 et les députés de l’Isère, une conférence de presse a été organisée.
Les responsables agricoles ont indiqué que les échanges avaient été riches, même si les différents participants affichent clairement des désaccords.
Revenant sur le vote de la motion de censure, particulièrement préjudiciable aux agriculteurs, ils ont précisé qu'elle avait signé le report des mesures prises en début d’année, et qu'elle avait également permis à Ursula von der Leyen de faire un nouveau pas dans le processus de finalisation de l’accord avec les pays du Mercosur.
C’est la raison pour laquelle les agriculteurs ont adressé un carton rouge aux deux partis ayant voté la motion de censure, de même qu’à l’ex-Premier ministre Michel Barnier.
Les responsables ont martelé leur volonté de vouloir échanger avec tous les partis, de même qu’ils travaillent pour tous les agriculteurs isérois. Leur crainte est de voir s’opposer le monde urbain et le monde rural.
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11 h 10 : Jérôme Crozat, vice-président de la FDSEA de l’Isère
" Il faudrait donner des cours citoyens, estime-t-il. Trop de monde est éloigné des préoccupations du monde agricole. La dissolution a aggravé la situation"
"La FNSEA est un peu diabolisée parce qu’on a le leadership, mais en attendant le boulot est fait.
On est satisfait de ce que nous avons fait pour la FCO car 2 millions vont bientôt arriver dans le Département. Quand on défend les choses, on avance. Nous avons avancé sur la régulation et les prix. Nous avons mené des actions sur les GMS et des contrôles dans les cantines scolaires."
Alexandre Escoffier, vice-président de la FDSEA :
" Le peu de lois qui devaient être votées ne l'a pas été. En attendant, le monde agricole ne va pas bien, on ne voit pas avancer les choses."
Lors de la conférence de presse donnée par les représentants de la FDSEA et des JA de l'Isère.
Photo : IB TD
11 h 00 : Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère :
" Beaucoup de choses sont désormais perdues pour le secteur agricole comme dans d’autres activités économiques d’ailleurs. On ne comprend pas un tel retard. À la FDSEA, on essaie de pousser le curseur. On demande une simplification qui ne coûte rien."
Il cite en exemple le projet du Lyon-Turin qui prélève 80 ha en zone agricole. "C’est la double peine car l’agriculture perd 160 ha avec les compensations."
Il ajoute : "Nous voulons une politique du bon sens. En décembre on a retourné les panneaux pour dénoncer les incohérences. On continue de se battre en argumentant. Nous avons un conseil d’administration où nous menons un vrai travail. Nous rassemblons 1 000 adhérents en Isère pour la FDSEA et 250 pour les JA". Il explique que d’autres syndicats ont défendu seulement six dossiers en préfecture concernant la Fièvre catarrhale ovine et insiste : "Nous, nous ne sommes pas là pour du clientélisme, on préfère travailler plus largement pour tout le monde. Quand on adhère chez nous, on ne coche pas une case de parti. On veut défendre toutes les parties et toutes les productions"
Concernant la Mercosur, il déclare : "Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a profité du fait que l’État soit fragilisé pour signer le traité. La France aurait pu avoir des partenaires, mais la présidente a profité du vide. C’est ça la politique et c’est ce que les députés n’ont compris".
10 h 58 : Axel Masset, coprésident des Jeunes agriculteurs Isère :
" La loi d’orientation agricole a été repoussée à deux reprises. On se sent oubliés. On passe à l’arrière-plan. Le budget des ménages dédié à l’alimentation baisse et c’est toujours l’agriculture qui passe en dernier. C’est normal que les gens ne payent pas cher pour leur alimentation."
Thierry Blanchet, vice-président de la FDSEA :
" La profession a bénéficié d’une reconnaissance pendant le Covid. Aujourd’hui, on nous fait faire de la volaille Label rouge, mais on fait manger du poulet ukrainien aux enfants dans les cantines. Quelles sont vos attentes", a-t-il demandé aux députés.
10 h 50 : Alexandre Escoffier, vice-président de la FDSEA :
Il a interrogé les députés en leur demandant : " Voulez-vous encore des agriculteurs dans 20 ans ? " Et d’ajouter : "La réponse a été un peu un grand blanc".
10 h 45 : Axel Masset, coprésident des Jeunes agriculteurs Isère :
"Beaucoup de députés se sont justifiés de leur vote, mais on constate qu’ils connaissent peu le sujet. Ils ont lancé des idées à la volée, mais se décrédibilisaient en voyant que leur parti ne soutenait pas ces idées".
10 h 30 — Les députés de l’Isère quittent la réunion après leurs échanges avec les agriculteurs
Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère :
" Sept députés sur 9 sont venus. Les échanges ont été riches. Nous ne sommes pas toujours d’accord sur les sujets, notamment avec le RN et LFI."
Le président rappelle les demandes du syndicat, concernant la partie simplification, où il faut éviter des surtranspositions. Il explique que le débat a été animé parce que tout le monde prétend aimer l’agriculture.
Les représentants des agriculteurs ont donné un carton rouge aux deux partis qui ont voté la motion de censure. De même qu’à l’ex-Premier ministre Michel Barnier. "On a perdu six mois", regrette-t-il. Jérôme Crozat estime que le pays peut être géré par des commissions tripartites. Il insiste : "Le syndicalisme n’est pas accroché à un parti, on est capable de discuter avec tout le monde".
10 h 20 — Cette rencontre se déroule dans un climat assez tendu où les syndicats restent très mobilisés
Manifestations : la FNSEA n’exclut pas de poursuivre le mouvement en fin d’année
Alors que la FNSEA excluait jusque-là des actions pendant les fêtes, son président Arnaud Rousseau a estimé « possible » la poursuite d’ici à la fin de l’année d’actions de protestation des agriculteurs, laissés sans réponse à leurs demandes sur fond de vacance gouvernementale.
« À ce stade, on avait dit qu’on ne souhaitait pas prendre les fêtes de fin d’année en otage […]. Mais force est de constater que là, on est dans l’expectative, on ne sait pas où on va et on ne peut pas attendre. Donc, il est tout à fait possible qu’on se remette en action rapidement », a déclaré M. Rousseau sur RTL. À la question « avant la fin de l’année ? », il a répondu : « Oui, bien sûr ».
Pour les agriculteurs, la censure et la chute du gouvernement de Michel Barnier ont suspendu une nouvelle fois, après le hiatus de la dissolution, la concrétisation de promesses qui leur avaient été faites lors des grandes manifestations de l’hiver dernier.
Interrogé sur les actions ayant visé plus de 30 permanences de députés ayant voté la censure, Arnaud Rousseau a estimé que « rien ne justifie la violence ». « Je ne cautionne rien qui atteigne aux biens et aux personnes. Je dis simplement qu’on ne peut pas pousser les gens à bout et s’étonner de réactions qui vont au-delà de ce qui serait raisonnable. »
10 h 10 : En attendant le début de la conférence de presse, voici quelques éléments de contexte concernant l’agriculture en France.
Comptes de l’agriculture : nouvelle baisse du « PIB agricole » attendue en 2024
L’Insee a publié le 12 décembre ses chiffres prévisionnels provisoires pour l’année 2024, marquée par la baisse des charges, le reflux des prix agricoles, de mauvaises récoltes en céréales et viticulture, ainsi que des problèmes sanitaires en élevage bovin.
L’Insee s’attend ainsi à une nouvelle baisse de 5,4 % en euros courants de l’équivalent agricole du PIB (valeur ajoutée brute au coût des facteurs), après une baisse de 4,5 % en 2023, et une hausse de 12,3 % en 2022.
Rapportée à l’actif, la baisse est identique. Le repli s’explique par un double mouvement de retombée des prix (-4,4 %) et des volumes (-3,4 %). Ce sont surtout les productions végétales qui fléchissent (-13 %), par une diminution conjointe des prix (-6,8 %) et des volumes (-6,8 %).
Les productions de vin (-20,5 % en valeur) et de céréales (-20,4 %) sont particulièrement touchées. En productions animales, le redressement des volumes est plus qu’effacé par la baisse des prix (-2,3 %) ; le contraste est encore plus fort en volailles, avec un vrai rebond des volumes (post-influenza) de 7,5 %, mais effacé par le reflux des prix (-8,5 %).
Côté charges, c’est la détente, avec une baisse des consommations intermédiaires de 8 %, grâce à la baisse des prix (-10,2 %), après une forte hausse l’an passé (+ 20,4 %). C’est particulièrement vrai pour le prix des engrais et amendements (-35,1 %), qui permet aux volumes de remonter (+ 7,4 %).
10 heures — Bienvenue dans ce direct depuis la Maison des agriculteurs de l’Isère.
Nous allons vous apporter toutes les réponses aux questions que vous vous posez sur le malaise en agriculture.