Élu à la chambre d’agriculture en charge de l’étude sur le lait dans le département et lui-même éleveur laitier, Aurélien Clavel insiste sur le fait que l’étude doit mettre en lumière les secteurs dans lesquels la chambre peut agir.
La vision qui ressort de l’étude n’est pas très optimiste. Qu’en pensez-vous ?
Les projections ne sont en effet pas très optimistes, mais elles sont à comprendre dans le sens où elles pourraient avoir lieu uniquement si les différentes baisses à venir se déroulent de la même manière que ces dernières années. Si nous ne changeons rien, si nous ne faisons rien, cela pourrait se passer comme dans l’étude.
Les perspectives ne sont pas très bonnes, donc l’objectif de cette journée était de voir sur quels leviers nous pouvons agir, à notre niveau, en Isère, de tirer des conclusions et d’orienter les actions à mettre en place pour agir concrètement. Nous ne savons pas du tout combien il y aura d’exploitations laitières dans vingt ans, c’est pourquoi notre étude est faite pour montrer les fragilités actuelles de la production laitière dans les territoires.
Quels sont ces leviers ?
On ne remplacera par exemple pas le travail des organisations de producteurs au sujet de la négociation des prix, mais nous pouvons accompagner les agriculteurs au mieux afin que leur exploitation soit la plus résiliente possible face au changement climatique. La chambre d’agriculture, comme les organisations professionnelles agricoles, pourront les aider à structurer les organisations de producteurs pour qu’ils aillent négocier ces prix.
Nous pouvons également chercher des financements pour moderniser les bâtiments et pour les adapter aux besoins. Et, bien sûr, nous pouvons trouver des solutions pour la main-d’œuvre, qui est aujourd’hui un problème car les exploitations en manquent.
A l’avenir, y aura-t-il encore du lait produit et transformé en Isère ?
Oui, il y aura encore du lait en Isère ! Et nous allons tout faire pour. Même les perspectives les plus pessimistes disent qu’il y en aura. Il faut tout de même rester vigilants quant aux quantités, il faudra que nous soyons sûrs qu’il y ait suffisamment de volumes pour conserver une dynamique de territoire.
En l’état actuel des choses, les nombreuses installations qui ont eu lieu en 2023 en bovins lait sont encourageantes et montrent que la filière n’est pas près de s’éteindre.
Existe-t-il une troisième voie viable autre que la transformation à la ferme et les grands organismes collecteurs ?
Oui, il existe des coopératives d’artisans qui travaillent avec d’autres producteurs. Il y a également des organismes qui travaillent en circuits de proximité, comme Plein lait yeux, et qui approvisionnent les Grandes et moyennes surfaces locales. Finalement, il y a déjà de tout en Isère et ce seront peut-être les plus gros collecteurs qui seront les plus fragilisés, car il faudra qu’ils trouvent des volumes suffisants pour faire tourner leurs usines.
Je suis optimiste vis-à-vis de l’avenir du lait dans le département, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas regarder les difficultés en face. Il faut être optimiste sur le fait que nous pouvons y arriver, qu’il y a des choses à faire, et il faut être réaliste et voir les problèmes actuels pour les résoudre et faire en sorte que le pire n’arrive pas.