Chasse
En Isère, les dégâts de gibier restent importants
Confrontés au problème de dégâts de gibier dans les territoires, les représentants des agriculteurs et des chasseurs continuent de dialoguer. Même s’ils ne partagent pas toujours le même point de vue.
Les dégâts causés par les cervidés dans les cultures et les forêts sont tels qu’ils nécessitent un suivi important de la part des différents acteurs concernés. Sans les travaux d’échanges et l’action conjointe menés par les agriculteurs, les forestiers et les chasseurs, encadrés par les services de l’Etat, le développement des chevreuils et des cerfs serait encore plus important dans le département.
Si le dossier est bien départemental, avec des points rouges dans certains secteurs, les problèmes les plus importants sont particulièrement concentrés dans le Trièves.
Pour autant, grâce à de nombreuses rencontres, toutes les parties conviennent que « les choses avancent » et que « le nombre de prélèvements a augmenté ». Mais pour Hubert Avril, chargé du dossier chasse à la FDSEA et à la Chambre d’agriculture de l’Isère, « il faut prendre des décisions cette année. La réunion qui a eu lieu le 31 mai dernier nous a certes, permis d’augmenter nos connaissances sur le sujet, mais maintenant il faut aller plus loin et se mettre d’accord sur les outils à mobiliser et le calendrier de mise en œuvre », souligne-il, à l’issue de cette rencontre, quelque peu « amer ».
Le maximum
Vice-président de la FDCI (1) et responsable du pôle dégâts, Jean-François José estime de son côté que « les chasseurs font le maximum, qu’il faut attendre que les hausses de prélèvements portent leurs fruits. Nous devons stabiliser les populations, et ensuite les faire baisser. Mais cela prend du temps, et il ne faut pas croire que cela soit facile à faire. Donner des bracelets, c’est bien, mais cela représente un coût financier important pour les ACCA (2) et cela nécessite beaucoup de temps d’organisation. En plus, nous devons faire avec le loup qui fait déplacer les hardes d’un secteur à un autre. C’est très compliqué. Nous faisons des comptages qui nous indiquent qu’il y a d’importantes populations dans certains secteurs. Nous nous organisons pour intervenir. Et le loup passe et les déplace. C’est pour cela que certaines ACCA n’atteignent pas leur quota », explique Jean-François José.
Le responsable indique également qu’il n’est pas facile non plus d’évaluer les dégâts causés. C’est pourquoi, au printemps, ils ont installé cinq parcs de défens dans le Sud-Isère, de façon à ce que les experts puissent comparer les prairies qui ont subi les attaques des cervidés et celles qui étaient protégées par les parcs.
Protections fixes
Dans la vallée du Rhône, ce ne sont pas les cerfs qui causent des problèmes, mais les chevreuils et les sangliers. « Cette présence accrue et ces dégâts sont plus récents que dans d’autres secteurs. Aussi, les ACCA locales doivent s’organiser pour y faire face. En plus de l’augmentation du nombre de prélèvements de chevreuils que nous leur avons octroyée, de la mise en place de tirs de nuit et de tirs d’affût, nous préconisons que des protections fixes payées par la FDCI, soient installées par les exploitants et les ACCA », indique Jean-François José.
Boîte à outils
Revenant sur les dispositions concernant l’agrainage et précisées dans le décret relatif à la réduction et à l'indemnisation des dégâts de grand gibier pris en 2023, les représentants des agriculteurs et des chasseurs doivent aussi se mettre d’accord.
Pour les agriculteurs, « le plafond de 50 kilos pour 100 hectares boisés par semaine est excessif et déraisonnable et la nouvelle période de suspension de l’agrainage qui court maintenant du 15 février au 31 mars est insuffisante ».
De leur côté, les responsables des chasseurs estiment que l’agrainage fait partie de la boîte à outils permettant de limiter les dégâts de gibier et que s’ils ne l’utilisent pas comme cela leur est demandé, cela le leur sera reproché. « Ce décret, ce n’est pas nous qui avons voulu le changer, mais nous l’avons accepté pour diminuer les problèmes. Il implique que nous mettions à jour les repérages d’emplacement d’agrainoirs et que nous revoyons leurs programmations. L’OFB (3) peut ainsi mieux contrôler la gestion de ces pratiques. S’agissant des volumes, il y a 320 ACCA qui agrainent sur les 415 que nous comptons. Toutes ne sont pas au plafond, car l’achat de maïs leur coûte et sa mise en place prend du temps ; les agrainoirs n’étant pas installés à côté des routes », souligne le vice-président de la FDCI.
(1) Fédération départementale de chasse de l’Isère
(2) Association communale de chasse agréée
(3) Office français de biodiversité
Isabelle Brenguier
Les nouvelles modalités d’agrainage
« Le schéma départemental de gestion cynégétique fixe les conditions de recours aux opérations d'agrainage dissuasives :
- La personne qui souhaite mettre en œuvre des opérations d’agrainage communique leur localisation et les modalités de suivi et, le cas échéant, les modifications qu'elle y apporte ultérieurement, à la fédération départementale des chasseurs, qui peut s'y opposer ;
- L'agrainage est linéaire et dispersé, sauf exception prévue par le schéma départemental de gestion cynégétique ;
- La quantité maximale à distribuer ne peut pas dépasser 50 kilos pour 100 hectares boisés par semaine ;
- L'agrainage a lieu au plus deux jours fixes par semaine ;
- L'agrainage est suspendu du 15 février au 31 mars, sauf exception prévue par le schéma départemental de gestion cynégétique prise conformément à la proposition de la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage. »
Extrait du décret n° 2023-1363 du 28 décembre 2023