INDUSTRIE LAITIÈRE
La Fnil veut retrouver de la compétitivité

François-Xavier Huard, président-directeur général de la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil) a indiqué, le 11 février devant la presse, sa volonté de renforcer la compétitivité de la filière laitière.

La Fnil veut retrouver de la compétitivité
François-Xavier Huard, président-directeur général de la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil). ©Fnil

C’est une mise en garde franche et nette qu’a adressée le président-directeur général de la Fnil lors d’une conférence de presse le 11 février. Brossant un large tour d’horizon de l’actualité géopolitique et économique, François-Xavier Huard s’est tour à tour inquiété du comportement de la grande distribution lors de négociations commerciales qui prendront fin pendant le Salon international de l’agriculture, des hausses de charges qui pèsent sur les entreprises, sur l’instabilité politique française et internationale… Autant d’obstacles qui, selon lui, obèrent la performance des industries laitières privées sur les marchés français, européens et internationaux.

Suspicion d’entente

Sur le volet des négociations commerciales, François-Xavier Huard, s’en est pris aux grandes enseignes qui, sous prétexte d’une inflation moindre, attendent, au nom de la préservation du pouvoir d’achat des Français, que les industriels baissent leur prix. « Or nos coûts de production ont augmenté », a insisté le PDG de la Fnil, expliquant que le prix du lait avait crû de 36 % en 4 ans dont 6 % entre 2023 et 2024, que le coût salarial avait augmenté de 15 % en trois ans. Qualifiant ces négociations de « période tendue », il a ouvertement accusé les grandes enseignes de contourner les lois Egalim, notamment des centrales d’achat européennes de vouloir revenir sur la sanctuarisation de la matière première agricole (MPA) et de s’entendre sur la baisse de prix.

Marges de manœuvre

C’est pourquoi il plaide pour retrouver de la compétitivité, « afin de conserver et développer nos parts de marché à l’international ». Pour y parvenir, il faut, selon lui, revenir aux fondamentaux, c’est-à-dire réinvestir dans les produits d’entrée et de moyenne gamme qui ont été délaissés ces dernières années. Avec la montée des protectionnismes chinois et américains, il a dit craindre pour l’avenir. Sur les 23 milliards de litres de lait produits chaque année en France, 40 % sont exportés. Le marché chinois, actuellement en surproduction, représente 600 millions d’euros (M€) et celui des États-Unis 300 M€. Si ces marchés viennent à se refermer, les conséquences pourraient être importantes pour les industriels et par ricochet pour les éleveurs. La Fnil entend conserver la compétitivité en desserrant notamment la réglementation et la fiscalité qui sont trop pesantes. Ce qui permettrait de « rivaliser avec nos compétiteurs étrangers », a-t-il dit. Cette perspective est d’autant plus souhaitable qu’actuellement la France consacre 4 % de son PIB aux impôts de production (2 % pour la moyenne européenne) contre 0,8 % en Allemagne. Il existe donc des marges de manœuvre. Sinon, à plus ou moins long terme, nous pourrions descendre sous les 20 milliards de litres, et en conséquence hypothéquer l’installation de jeunes éleveurs.

Christophe Soulard