En 2022, Thomas Rozier, agriculteur à Anjou, a remporté le trophée de la Stratégie innovante lors du Prix de l’excellence agricole et rurale décerné par Terre Dauphinoise.
En 2022, Thomas Rozier s’installe avec son père à Anjou, dans la Ferme bio Saint-Sauveur. Cette dernière est en agriculture biologique depuis 2008 et comprend 8 hectares de légumes et de fruits ainsi que 50 hectares de grandes cultures.
« Il vaut mieux investir en s’installant plutôt qu’attendre des années », confie Thomas Rozier. Et c’est dans cette optique que son père et lui décident d’installer des « tubutubes » dans trois serres, en 2022.
Réguler la température
Le principe est simple. Des poches d’eau sont utilisées pour constituer des serres bioclimatiques. L’objectif est de faire passer l’eau au plus près des cultures. La masse de liquide ainsi créée permet aux températures au sol de moins varier.
Trois serres de 1000 m2 chacune en sont équipées, ce qui correspond à 20 tonnes d’eau drainée par serre pour faire fonctionner le dispositif. Deux longueurs de tube sont installées sur 50 mètres pour chaque serre de 100 mètres. Le soleil, lorsqu’il passe sur les tubutubes, permet à l’eau de chauffer et la chaleur ainsi obtenue est restituée la nuit, ou lorsqu’il n’y a plus de soleil sur le sol.
En 2022, les premières cultures sur lesquelles le dispositif a été mis en place ont été les tomates et les courgettes. « Nous n’avons pas été satisfaits du résultat sur les courgettes car nous nous sommes aperçus qu’il y avait 2 % de pente dans la serre et qu’étant donné que l’eau ne s’écoulait pas de manière uniforme partout, la pousse n’était pas uniforme », explique Thomas Rozier.
C’est pourquoi cette année, ce sont des plantations de tomates, de fraises et de haricots verts qui sont équipées de tubutubes.
Résultats encourageants
Le dispositif semble très bien fonctionner sur les fraises, même s’il ne s’agit que de la première année de test pour cette culture et que les maraîchers ne disposent pas encore d’assez de recul. Néanmoins, un premier problème a déjà été constaté : « notre variété de fraises fait de grands plants, qui s’étalent sur les tubutubes et qui tombent donc dans l’inter-rang, ce qui rend la récolte plus difficile car il y a moins de place pour passer », constate Thomas Rozier.
En ce qui concerne les haricots verts et les tomates, le système semble très bien fonctionner. Les aubergines pourraient également en être équipées en 2024.
Ce dispositif apparaît alors pour l’agriculteur comme un bon investissement, mais qui demande « beaucoup de main d’œuvre » lorsqu’il fait chaud ou froid, car il faut ouvrir et fermer les serres pour le bon fonctionnement des tubutubes. Il est aussi un peu difficile d’enrouler et de dérouler les tubes et des astuces ont dû être trouvées pour éviter les fuites d’eau.
Valoriser la production locale
Grâce à ce système, la Ferme bio Saint-Sauveur peut planter trois semaines plus tôt pour récolter trois semaines plus tôt également et étaler la production sur un temps plus long. « Notre objectif n’est pas de produire plus mais de produire plus longtemps », précise Thomas Rozier.
Leurs clients s’en trouvent réjouis, car cela leur permet d’avoir accès à une production locale sur une période plus longue. Cette initiative sert également la restauration collective, notamment dans l’agglomération grenobloise. La Ferme bio Saint-Sauveur travaille avec Mangez Bio Isère, qui s’occupe de redistribuer les produits dans les cantines scolaires et dans celles des entreprises. « Avant, nous ne pouvions fournir des produits qu’en été, mais maintenant nous alimentons le réseau un peu plus longtemps », explique le maraîcher.
D’autant plus que la vente directe et la participation aux marchés se développe pour l’exploitation. « Je me suis installé l’an dernier mais j’ai déjà des idées de projet, comme l’agrandissement d’un de nos bâtiments pour la vente directe », ajoute-t-il.
Un projet de multi-chapelle est également en cours d’élaboration. Ce système permettrait aux serres d’avoir un volume d’air plus important, ce qui permettrait de planter les cultures plus tôt.
La Ferme bio Saint-Sauveur a remporté le trophée de la Stratégie innovante pour ses tubutubes de la part du Crédit agricole Sud-Rhône-Alpes, lors de la remise des Prix de l’excellence agricole et rurale.
