Syndicalisme
FNSEA et JA plaident pour un « Varenne des normes »

Le président des Jeunes agriculteurs, Pierrick Horel et celui de la FNSEA, Arnaud Rousseau, ont organisé le 15 janvier une conférence de presse pour présenter leurs vœux au médias. Ils ont tous les deux demandé au Premier ministre de mettre en place un « Varenne de la norme et des contrôles ». 

FNSEA et JA plaident pour un « Varenne des normes »
Les présidents de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs veulent que le Varenne des normes soit lancé avant le Salon international de l’agriculture ont-il rappelé le 15 janvier lors de leur cérémonie de voeux aux médias. ©FNSEA – photo d’illustration

Jeunes agriculteurs (JA) et la FNSEA sont très remontés contre les propos tenus le matin même par un inspecteur de l’environnement et représentant Force Ouvrière à l’Office français de la biodiversité (OFB). S’exprimant sur France Inter, il a en effet comparé les agriculteurs à des dealers qui demanderaient « aux policiers de ne plus venir dans les cités pour empêcher le deal ». Les deux responsables syndicaux agricoles ont condamné ces propos, les jugeant « honteux (…) C’est un affront aux agriculteurs » a réagi Pierrick Horel. « On atteint le niveau ultime de la provocation », a estimé pour sa part Arnaud Rousseau qui voit dans cette attaque verbale « tout ce que les agriculteurs peuvent vivre au quotidien : un climat de défiance ». Il y voit aussi l’expression d’un certain militantisme qu’il entend opposer à la neutralité statutaire des fonctionnaires. C’est pourquoi, avec JA, la FNSEA, réclament la suspension sine die de tout contrôle de l’Office français de la biodiversité (OFB). «  Nous le demandons pour éviter de faire monter une température déjà élevée », a-t-il expliqué. Cette énième polémique dont le monde agricole se serait bien passé tombe au lendemain de la déclaration de politique générale du Premier ministre, François Bayrou, qui s’est engagé à ce que, « pour les entreprises agricoles, comme pour les entreprises et les familles, nous remettions en question les pyramides de normes, en redonnant l'initiative à l'usager, S'il faut des remises en cause, nous les conduirons dans un temps bref ». « Chiche ! », lui ont répondu Arnaud Rousseau et Pierrick Horel qui veulent la mise en place de ce Varenne et des premières réunions avant le Salon international de l’agriculture, qui se tiendra du 22 février au 2 mars prochains.

« Plus d’incertitudes que de certitudes »

L’autre sujet de ces vœux s’est focalisé sur les élections aux chambres d’agriculture et les sujets internationaux qui rythmeront l’année 2025. Sur le premier point, Pierrick Horel espère « reprendre les chambres perdues », mais il a indiqué « être clairvoyant », jugeant qu’il ne faut pas sous-estimer l’adversaire. « Nous sommes mobilisés au plus près du terrain », a-t-il dit. Comme pour la FNSEA, ces élections sont importantes « pour les défis futurs que représentent la simplification, le développement, le renouvellement des générations, l’adaptation au changement climatique ». De son côté Arnaud Rousseau aimerait « dépasser les 50 % de taux de participation », même s’il convient que « le contexte n’est pas facile ». Au-delà de ce scrutin, les deux syndicats agricoles lorgnent sur d’autres échéances, en particulier européennes. Dans ce domaine, il y a « beaucoup plus d’incertitudes que de certitudes », a tranché Arnaud Rousseau qui subodore que l’accord de libre-échange avec le Mercosur sera « découpé » pour être plus facilement adopté. Tout dépendra en fait du Parlement européen, des chefs d’État et de gouvernement et du Parlement français qui devra ensuite le ratifier… Le président de la FNSEA souhaite aussi que le budget de l’agriculture (30 % du budget global aujourd’hui) soit le reflet des ambitions européennes, d’autant plus que l’agriculture « constitue la colonne vertébrale de l’Union européenne (…) Nous avons besoin d’une Europe ambitieuse, mais pas naïve », a-t-il affirmé, évoquant en particulier le sujet ukrainien. En cas d’adhésion de Kiev, « qui paiera le différentiel de compétitivité [Estimé à environ 100 milliards d’euros, NDLR] ? Sûrement pas les agriculteurs », a-t-il soutenu. Parce qu’ils n’en ont pas les moyens et parce qu’ils ne veulent plus être la variable d’ajustement. 

Christophe Soulard