Politique
L'inauguration de la 803ème édition de la Foire de Beaucroissant s'est tenue dans un format inhabituel

Isabelle Brenguier
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Après un hiver marqué par la crise agricole et un été caractérisé par le développement de la FCO, le monde agricole isérois est en souffrance. Les responsables et les politiques s’en sont saisis lors de l’inauguration de la 803ème édition de la Foire de Beaucroissant.

L'inauguration de la 803ème édition de la Foire de Beaucroissant s'est tenue dans un format inhabituel
Le protocole de la 803ème édition de la Foire de Beaucroissant a été inhabituel. Au lieu de tenir leurs discours dans la salle des fêtes, les élus les ont énoncés sur le ring du concours charolais.

Comme d’habitude, l’inauguration de la Foire de Beaucroissant avait été minutieusement préparée. Mais vendredi 13 septembre, alors que le cortège officiel avait commencé sa déambulation et faisait une première halte dans le ring où se déroule le concours charolais pour échanger avec son président Raphaël Loveno, les élus ont bouleversé le protocole. Préférant le ring à la salle des fêtes, ils se sont installés.
Sous la direction d’Antoine Reboul, le maire de Beaucroissant, ils ont tour à tour évoqué la Foire, son rôle de vitrine pour l’agriculture, l’importance de son rayonnement dans le territoire et l’implication de tous ceux qui contribuent à faire vivre ce grand évènement populaire et professionnel.
Pour sa première participation, Louis Laugier, préfet de l’Isère, a salué le travail de préparation accompli par l’équipe municipale et la nouvelle dimension sécuritaire prise lors de cette édition (1). « Cela peut paraître secondaire, mais cela ne l’est pas. Vous permettez d’organiser la foire dans les meilleures conditions », a-t-il lancé.

Passer le cap

C’est une tradition : la journée professionnelle de la Foire de Beaucroissant sonne la rentrée agricole. Jean-Claude Darlet, le président de la Chambre d’agriculture de l’Isère a profité de ce temps d’échange pour rappeler à quel point l’agriculture se porte mal, et encore plus depuis que la FCO (2) affecte les élevages.
« Dans toute la région, et notamment en Isère, touchant les troupeaux ovins, bovins et caprins, elle fait des ravages. Les pertes sont considérables, plusieurs centaines d’exploitations sont concernées. Il faut impérativement aider les éleveurs à passer le cap grâce à un accompagnement d’urgence et une attention particulière des OPA (3) et des vétérinaires. Ensuite, nous aurons besoin des collectivités pour reconstituer les troupeaux. Cela va demander des fonds d’investissement importants. Tout le monde va devoir nous aider », a-t-il déclaré.
Il a terminé son allocution en revenant sur les difficultés rencontrées par les secteurs des grandes cultures et de la noix. A quelques jours du début de la récolte qui s’annonce « bien meilleure cette année », il a exhorté l’assemblée à manger des noix et des produits isérois sans modération.

Pas de « no man’s land »

Bien qu’il soit tout juste élu à la tête de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabrice Pannekoucke n’a pas découvert la foire de Beaucroissant cette année. En charge du portefeuille de l’agriculture à la Région, il était déjà présent dans ses allées l’an passé et se souvient bien du désarroi exprimé par la profession.
Aussi a-t-il insisté sur la nécessité qu’un ministre de l’Agriculture soit rapidement nommé et reprenne les travaux en attente. Il a aussi rappelé le soutien mis en œuvre par la collectivité envers ses agriculteurs grâce au Feader (4), aux plans de filières, à la DJA (5). « Face aux besoins, nous avons adapté notre budget en le rallongeant de 20 millions d’euros. Doté de 130 millions d’euros annuels, il est le plus gros budget agricole de France », a souligné le politique.
Saluant l’intérêt de la présence des agriculteurs dans les foires et les manifestations qui reçoivent du public pour faire connaître et reconnaître leur activité, Jean-Pierre Barbier, le président du Département de l’Isère, a aussi évoqué le soutien qu’apporte la collectivité qu’il dirige au monde agricole. « Si nous pouvons mener une politique agricole forte de dix millions d’euros de budget annuel comme nous le faisons, c’est bien parce que nous sommes en accord avec la Région », a-t-il martelé. Voulant insister sur l’élevage, le président Barbier a indiqué qu’« il serait plus bénéfique d’arrêter les importations de viande produites à l’autre bout du monde, plutôt que d’arrêter de consommer de la viande ».
Le mot de la fin fut pour le Préfet de l’Isère, Louis Laugier, qui reconnaissant les grandes difficultés rencontrées par la profession, a indiqué aux agriculteurs que les services de l’Etat restaient à leurs côtés. « Depuis la crise, les réunions avec la Chambre d’agriculture de l’Isère, la MSA, les syndicats, n’ont pas cessé. Certes, le travail a été légèrement interrompu par la dissolution de l’Assemblée nationale, mais il va reprendre. Et sur la FCO, ne nous racontons pas d’histoires, même avec un ministre démissionnaire, les canaux fonctionnent. Il n’y a pas de « no man’s land » au sein des services de l’Etat », a-t-il explicité.

Isabelle Brenguier

(1)   en matière d’accès pompiers dans les allées, d’alimentation en électricité plutôt qu’au gaz pour les cuisines, d’installation de chapiteaux aux normes

(2)   Fièvre catarrhale ovine

(3)   Organismes professionnels agricoles

(4)   Fonds européen agricole pour le développement rural

(5)   Dotation jeunes agriculteurs

Jean-Pierre Barbier, le président du Département de l'Isère, et Louis Laugier, le préfet de l'Isère, parcourent les allées de la Foire de Beaucroissant guidés par le maire de la commune, Antoine Reboul.

Sur le stand du Département de l’Isère, des jeunes bouchers dirigés par Pascal Clavel, président du syndicat des Bouchers de l'Isère, réalisent une démonstration de découpe d’agneaux d’alpage.

Une centaine d'élèves du CFPPA et du lycée agricole de La Côte-Saint-André, ainsi que des MFR de Mozas et de Chatte, ont participé à un concours de pointage à l'occasion de la 803ème édition de la Foire de Beaucroissant. En parallèle d'un professionnel du pointage, ils se sont employés à noter un mâle et une femelle sur différents critères tels que les aplombs, la rectitude du dos, la longueur du bassin...

Comme à son habitude, le restaurant charolais installé pendant les trois jours de la Foire de Beaucroissant a fait salle comble.