Agriculture biologique
L’Agence bio en sursis ?

Dans le cadre de l’examen du projet de loi de Finances, le Sénat a voté le 17  janvier dernier, un amendement défendu par le sénateur Laurent Duplomb (LR, Haute-Loire) qui prévoit la suppression de l’Agence Bio.

L’Agence bio en sursis ?
Les sénateurs ont adopté la suppression de l'Agence bio qui a notamment en charge la promotion de l'agriculture biologique. ©Réussir – P. Cronenberger – photo d’illustration

À l’occasion de l’examen des dépenses agricoles du projet de finances (PLF) pour 2025, les 17 et 18 janvier, les sénateurs ont adopté, avec avis de sagesse du gouvernement, un amendement du sénateur Les Républicains, Laurent Duplomb, visant à supprimer l’Agence bio et transférer ses missions au sein de FranceAgriMer ou au ministère de l’Agriculture. Il espère ainsi dégager 3 millions d’euros (les dépenses de l’agence étaient de 4 millions d’euros en 2022), sans préciser comment. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a qualifié la proposition du sénateur de « tout à fait pertinente », lui indiquant toutefois son souhait d’en discuter au préalable avec les intéressés. « Si je peux approuver le principe de l’internalisation, il faut tout de même que l’on travaille avec les acteurs pour la rendre opérationnelle. Il y a besoin de préparer l’atterrissage, c’est une question de meilleure acceptation ». La ministre a ainsi souhaité les « convaincre que leurs missions continueront d’être exercées dans de bonnes conditions ». À l’occasion de son discours de politique générale, le 14 janvier, le nouveau Premier ministre, François Bayrou, s’était, quant à lui, interrogé sur la place des « plus de 1 000 agences, organes et opérateurs », qui agissent selon lui « sans contrôle démocratique » et « constituent un labyrinthe ».

Réactions en chaîne

Interrogé par Ouest France, le président de l’Agence bio Jean Verdier a fait part de sa surprise : « Nous sommes surpris et abasourdis. Surtout quand on voit l’efficience de notre structure avec seulement une vingtaine de personnes. » La fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), de son côté, dénonce « l’inconsistance du gouvernement » dans un communiqué le 20 janvier. « On ne peut croire que cet avis de sagesse du gouvernement vendredi soir au Sénat soit issu d’un arbitrage interministériel », lâche la Fnab. « Venir nous expliquer en pleine crise de la bio qu’il faut supprimer l’acteur chargé de promouvoir nos produits, c’est pour le moins osé. Depuis trois ans, nous avions l’impression d’être rentrés dans un processus collaboratif de recherche de solutions qui vient d’être mis à terre », s’émeut son président, Philippe Camburet, cité dans le communiqué. Du côté du syndicalisme majoritaire aussi la stupeur est de mise. Dans un communiqué commun publié le 21 janvier, Jeunes agriculteurs (JA) et la FNSEA déplorent « que l’amendement adopté n’ait fait l’objet d’aucune consultation préalable des organisations professionnelles agricoles. C’est regrettable en termes de méthode alors qu’une réflexion plus transversale sur le rôle de l’ensemble des Agences serait certainement utile. Nous le déplorons également sur le fond, alors que l’agriculture biologique traverse une période de grandes difficultés économiques et structurelles ».  JA et la FNSEA clament que les agriculteurs engagés dans l’agriculture biologique « ont besoin de soutien, pas d’un affaiblissement » avant de rappeler que la souveraineté alimentaire en bio est déjà menacée (30 % de la consommation française de produits labellisés agriculture biologique sont exportés).

Agrafil et sur communiqué

L'info en +

Budget : l’examen reprend

À l'occasion de la reprise de l'examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2025, les 17 et 18 janvier, les sénateurs ont adopté les crédits de la mission Agriculture et forêt et du Casdar (recherche), rejetant au passage un amendement du gouvernement prévoyant une baisse supplémentaire des crédits de 284 millions d'euros. Déposé en dernière minute, cet amendement visait, à l'instar de ce qui a été proposé pour d'autres ministères, à atteindre « une cible de déficit public de 5,4 % du PIB en 2025 », a expliqué la ministre de l'Agriculture en séance. Après avoir augmenté d'un tiers sur l'année 2024, à 4,7 milliards d'euros (Md€), en loi de finances initiale, le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement Barnier - dont l'examen reprend actuellement au Sénat - intégrait déjà une baisse des crédits de la mission Agriculture et forêt, à 4,43 Md€ (6 %). En séance, la ministre a assuré le maintien des promesses faites sous le gouvernement Barnier: « maintien d'environ 100 millions d’euros pour le fonds Écophyto, avec une sanctuarisation des fonds alloués à recherche alternatives (Parsada), maintien des fonds alloués aux plans fruits et légumes, et protéines. » Deux amendements de sénateurs ont reçu avis de sagesse du gouvernement en séance: la baisse des crédits alloués à l'Agence bio (voir ci-dessus) et une hausse de 7 millions d'euros pour l'aide à l'installation et aux transmissions.