Economie
Les territoires agricoles passés à la loupe

En décembre dernier, la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et des forêts (Draaf) a publié le panorama de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce dernier brosse le portrait d’un territoire agricole diversifié et démontre des résultats économiques et niveaux de vie agricoles hétérogènes selon les départements.

Les territoires agricoles passés à la loupe
Le prix moyen des terres et prés libres en 2023 par hectare en Auvergne-Rhône-Alpes (source FNSafer, Agreste – 2023). ©Draaf

Les exploitations de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont moins endettées que la moyenne nationale. C’est l’un des enseignements du panorama agricole régional dressé par la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et des forêts (Draaf). En moyenne, les exploitations de la région consacrent un tiers de leur excédent brut d’exploitation (EBE) au remboursement des emprunts à long et moyen termes. L’EBE moyen par équivalent temps plein (ETP) non salarié, entre 2020 et 2022, s’est élevé à 50 600 €, 26 % de moins que la moyenne nationale.

Côté aides

Autre conclusion de ce panorama : sans subventions, l’EBE des exploitations de la région serait le plus souvent négatif. En 2023, 35 500 exploitations aurhalpines ont ainsi été bénéficiaires des aides de la politique agricole commune (Pac), soit un total de 746 millions d’euros (M€) d’aides du premier pilier (11 % du total national et 3e rang régional) et 365 M€ d’aides du second pilier (20 % du total national et 1er rang régional). Cette différence s’explique notamment par une contrepartie de handicaps territoriaux ou d’engagements agroenvironnementaux largement mobilisés dans la région. Fortement spécialisés dans les productions éligibles aux aides, les départements de l’ouest, tels que le Cantal, l’Allier et le Puy-de-Dôme, rassemblent les plus fortes enveloppes, à l’inverse de l’Ardèche, du Rhône et des Savoie.

Des niveaux de vie contrastés

La seconde disparité régionale concerne le niveau de vie. En 2020, la moitié des personnes vivant au sein d’un ménage agricole avait un niveau de vie inférieur à 20 500 €, tandis que la valeur médiane nationale était de 22 800 €. Autre critère retenu : le taux de pauvreté monétaire de ces mêmes personnes s’élève à 20 %, contre 16 % en moyenne en France métropolitaine. Les situations sont néanmoins très variées, selon les filières de production. Le niveau de vie est ainsi, en moyenne, plus élevé en viticulture, grandes cultures, maraîchage-horticulture, qu’en élevage bovin, ovin, caprins et en polyculture-élevage. Les écarts de niveaux de vie sont, en revanche, plus marqués en maraîchage et en horticulture. La pauvreté monétaire est, quant à elle, la plus fréquente parmi les ménages agricoles spécialisés dans l’orientation ovines, caprines ou autres herbivores. Elle est, en revanche, moins courante en viticulture et en grandes cultures. Les niveaux de vie les plus bas se rencontrent dans la Haute-Loire, le Cantal, la Loire et l’Ardèche, tandis que les niveaux de vie les plus élevés sont enregistrés dans les départements des Savoie et de l’Ain.

Focus sur le foncier

Situation géographique, valeur agronomique, pression foncière… La topographie de la région Auvergne-Rhône-Alpes engendre également une grande diversité du prix des terres et prés libres. En 2023, ce dernier s’établissait en moyenne à 4 680 €/ha, contre 6 200 €/ha en France métropolitaine, soit une différence de -25 %. Selon Agreste, ce prix a décroché de la moyenne nationale à partir de 2010, tandis que la hausse des prix, calculée entre 2000 et 2023, a été de + 2,2 % en région. L’augmentation la plus importante a été observée dans les départements du Cantal et de l’Allier. Le territoire de la Haute-Savoie et la Limagne agricole, située dans le Puy-de-Dôme, présentent les prix les plus élevés. Suivent ensuite les territoires du Cantal, de l’Est lyonnais et les plaines de la Drôme bordant le Rhône, dont les prix moyens restent hauts. Dans son analyse, la Draaf mentionne également le prix des vignes, dont les écarts de valeurs sont considérables selon les zones de production et les appellations. En 2023, le prix moyen variait ainsi de 9 000 €/ha pour les vins sans indication géographique à 1,25 million d’€/ha pour les appellations côte-rotie et condrieu.

Léa Rochon, sur données Draaf